Magazine Politique
Les sondages indiquent que Ségolène Royal se replace progressivement dans le top des candidats PS. Il lui reste à gérer l'impact de la crise qui affectera le profil du leadership souhaité.
Les responsables politiques ont beau jeu de placer les marchés financiers dans la position du "méchant qui cumule tous les défauts".
C'est parfois vrai mais pas toujours.
La semaine dernière, la méfiance des marchés traduisait le sentiment que la Grèce ne rembourserait pas car le plan d'austérité était trop irréel. Par conséquent, la contagion était incontournable puisque des prêteurs allaient voir leur dette s'accroitre d'impayés probables.
La hausse brutale des marchés d'hier traduit-elle que la "question est réglée" ? Non, elle traduit d'abord la reconnaissance d'une "annonce positive" qu'a été le plan de sauvetage.
Mais encore faut-il passer de l'annonce aux actes. Si le passage aux actes n'intervient pas, les marchés chuteront et encore plus fortement.
Cette méfiance des marchés est liée à deux facteurs clefs :
1) La rencontre entre le poids de la dette publique et la chute de recettes publiques liée à la crise économique rend explosif le dossier de la dette publique. La chute de recettes publiques fait exploser le poids des seuls intérêts dans la gestion des dépenses publiques.
2) Comment les Etats pourraient-ils gérer sérieusement la dette publique en période de crise alors même qu'ils n'ont pas été capables de se désendetter en période de croissance ?
Prenons l'exemple de l'Etat Français. De 1985 à 2005, ses effectifs ont augmenté de plus de 15 % alors que ses fonctions diminuaient en raison de la décentralisation.
Le rapport Pébereau a identifié des mesures pratiques qui n'ont jamais été mises en oeuvre à l'exemple de l'affectation des recettes d'actifs au désendettement ou du réexamen complet immédiat des dépenses de l'Etat et des régimes sociaux.
La dette publique porte sur des dépenses courantes. Elle ne traduit pas un vaste effort d'investissement mais le refus de modernisation du secteur public.
Nous assistons actuellement à une pause sur le plan international.
Sur le plan Français, il faut attendre le détail des mesures concrètes. Mais surtout, cet enjeu n'est pas le seul défi de l'Etat qui doit certes donner l'exemple, il est aussi celui de chaque collectivité locale. Il n'est pas sûr que cet enjeu collectif soit perçu à sa juste mesure.
Si tel devait rester le cas, la prochaine "vague de méfiance" des marchés s'annoncerait implacable car la "bulle des dettes publiques" a bien éclaté.
La notion de "bulle" recouvre la période où la communauté financière a identifié que les "fondamentaux" sont tellement violés que la crise est incontournable à terme et en conséquence les marchés anticipent cette "crise incontournable".
Cette réalité passe de la salle des marchés à l'esprit de l'opinion.
L'opinion cherchera-t-elle "l'Expert" (profil DSK) ou le "Juste" (profil Ségolène Royal) ? Il est trop tôt pour le prévoir.
Ce qui est sûr, c'est que la présidentielle 2012 vient de prendre une toute nouvelle dimension.