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Les grappes d’entreprises : la seconde division des pôles de compétitivité ?

Publié le 11 mai 2010 par Jblully

Les grappes d’entreprises : la seconde division des pôles de compétitivité ?Le Ministère de l’aménagement de territoire vient de donner la liste des 42 grappes d’entreprises qui vont bénéficier de soutiens spécifiques de la part de l’Etat. Ces grappes d’entreprises font suite à la politique des SPL (systèmes productifs locaux) et s’inscrivent plus largement dans une politique européenne qui veut promouvoir des clusters territoriaux. Elles  devraient à terme être une centaine et bénéficieront d’un budget de 20 millions d’euros pour la période 2010-2011. L’objectif est notamment de renforcer les dynamiques engagées par les collectivités territoriales en faveur de ce type de clusters en assurant une intervention nationale cohérente. Selon la définition de la DIACT, les grappes d’entreprises sont constituées de TPE/PME d’un même secteur d’activité et sont ancrées dans un territoire. Comment ces grappes d’entreprises, nouvelles déclinaisons des clusters, s’inscrivent-elles dans la politique de soutien à l’innovation ?

  • Favoriser la R&D dans les PME ?

Une récente note de veille du CAS montre que les petites entreprises de moins de 50 salariés ont un niveau de R&D plus élevé que leurs homologues américaines mais que leur capacité à transformer ces investissements en innovation est faible, ce qui se traduit par une productivité inférieure de 50%. Il faudrait donc accompagner ces entreprises qui font de la R&D mais qui éprouvent des difficultés à commercialiser les résultats de leur recherche. Les Etats généraux de l’industrie qui se sont tenus en février 2010 ont d’ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’accompagner les PME innovantes et le financement des phases de développement et de mise sur le marché.

On pourra donc s’étonner que ceci ne soit pas un des objectifs des grappes d’entreprises, en effet on peut lire dans la note d’appel à projet « Soutien à la dynamique des grappes d’entreprises » de la DIACT : « une attention particulière sera portée aux grappes d’entreprises présentes dans les secteurs d’activités caractérisés par une faible activité de R&D non prise en compte par le pôles de compétitivité ou qui ne disposent pas de la masse critique pour un pôle de compétitivité ». La raison seraient donc que les grappes sont complémentaires des pôles de compétitivité : ainsi à charge pour les pôles de s’occuper des PME qui font de la R&D à charge pour les grappes de s’occuper des PME de secteurs peu intensifs en R&D.

Dès lors la question de la pertinence des grappes d’entreprises pour soutenir ce type de PME se pose.

  • Soutenir les TPE/PME moins intensives en R&D ?

En effet, dans les domaines moins technologiques, il n’est pas nécessairement pertinent de regrouper les entreprises d’un même secteur d’activités. Les externalités positives que l’ont trouvent à l’origine des clusters sont plus liés à des secteurs intensifs en R&D. Les regroupements peuvent même créer un certain nombre d’externalités négatives : exacerbation de la concurrence entre entreprises du même secteur, saturation du marché local, difficulté à trouver de la main d’œuvre qualifiée en raison d’une saturation de l’offre, espionnage industriel, etc. . Par ailleurs les innovations dans les secteurs les moins technologiques et les moins intensifs en R&D interviennent plus par recomposition ou croisement de produits et services. Auquel cas il est préférable de favoriser la proximité d’entreprises de secteurs différents et de les mettre en capacité de se rencontrer et de travailler ensemble. Hors il est ici question de favoriser les grappes d’entreprises d’un même secteur.

Ainsi, il semble que la grappe d’entreprises se présente comme la deuxième division des pôles de compétitivité. Cela pourrait, de fait, constituer une porte de sortie pour les pôles de compétitivité qui sont menacés d’être dé-labellisés (voir les Echos du 11 mai, L’Etat s’apprête à retoucher la carte des pôles de compétitivité). On pourra s’interroger sur la réelle efficacité en terme de développement des PME de ce dispositif, calqué sur les pôles de compétitivité mais s’adressant à un public n’ayant pas les mêmes besoins ?

Peut-être faudrait-il imaginer des politiques qui ne se basent pas uniquement sur le concept des clusters et réfléchir à d’autres dynamiques (logiques bottom up par exemple) pour l’émergence de l’innovation notamment dans les plus petites entreprises.


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