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24e livraison

Publié le 03 décembre 2007 par Coquenart
- Si la découverte de ce curieux papier m’est connue, je ne puis toutefois vous expliquer moi-même très en détail les circonstances du crime, pour la bonne raison que Du Verger ne mentionne que très peu de choses. Il faudra vous renseigner directement auprès du juge royal en charge de l’affaire et du lieutenant criminel lui-même. Je souhaite par ailleurs être informé des progrès de l’enquête : la poste royale sera à votre disposition.
- Je vous remercie. Je n’y manquerai pas.
Penché en avant, Rosny regardait mon maître avec confiance.
- Le roi connaît vos talents, Coquenart. C’est une affaire faite pour vous ! Vous devrez vous faufiler dans des groupes déjà constitués, interroger les personnes présentes, réfléchir à tout ce qui se présentera à votre esprit… C’est une lourde tâche, mais vous en êtes digne.
- Je tâcherai de ne pas décevoir votre confiance.
- Eh bien, Messieurs, il ne me reste qu’à vous souhaiter bonne chance dans votre entreprise. N’oubliez jamais qu’elle est de première importance pour le roi.
- Je n’oublierai pas.
- Bien.

Rosny nous reconduisit jusqu’à la porte de son cabinet, où un laquais nous attendait pour nous reconduire.


 
* Froid… qu’il faisait froid ce matin… Et la tempête qui menaçait… Ces nuages ne présageaient rien de bon vraiment…
La sonnette retentit. Le maître le réclamait…
Le maître était plus irascible que jamais… La goutte l’avait repris. Depuis, c'était terrible… à son âge, devoir sans cesse courir à l’autre bout du château, pour obéir aux ordres les plus idiots qui soient … mais jamais le maître n’avait eu de considération pour ses serviteurs… Il n’allait pas commencer maintenant… Déjà, du temps des feux rois… Mais le passé était le passé. Qu’allait-il rappeler là ? Tous ces souvenirs étaient morts. A tout jamais… A quoi bon, de toute façon ? Le maître et lui, ils appartenaient à un autre âge, un autre ordre des choses… Notre temps est fini… La jeune génération prendrait la relève… Mais laquelle ?

Des bons à rien… Sauf mademoiselle Marguerite, peut-être… Comment s’appelait-elle maintenant ? Mère Marie… Mère Marie des Anges, je crois… Où était-ce Mère Marie de l’Assomption ? Difficile à dire, surtout lorsque la mémoire vous jouait des tours… Vingt ans déjà… Vingt ans qu’elle était partie, qu’elle avait quitté le château, pour se cloîtrer brusquement, à cause de ce bellâtre… Quel gâchis… Et maintenant, on dirait un masque de cire, elle si vive, si gaie, si chaleureuse autrefois… Quelle adorable enfant elle avait été… Quand ils revenaient de campagne, lui et le maître, elle lui sautait sur les genoux et lui enlevait le haubert, en le cajolant bien, parce qu’il avait bien pris soin de son maître… Mais les souvenirs étaient morts, morts et enterrés… Quel vieux fou il faisait décidément !


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