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La fuite en avant du sauvetage de l'Euro, pourtant condamné à mort

Publié le 11 mai 2010 par Francisrichard @francisrichard

EuroIl y a neuf jours j'écrivais [voir mon article Le sauvetage de la Grèce est une erreur qui n'épargnera pas l'Euro ] :

"Le sauvetage de la Grèce sera immanquablement suivi du sauvetage d'autres pays comme le Portugal et l'Espagne, puis l'Italie, enfin la France, bref tous les pays qui se sont trop endettés et qui accumulent déficits sur déficits depuis des années. Pourquoi ? Parce que le sauvetage de la Grèce crée un précédent. Désormais les autres pays fortement endettés seront fondés à exiger un sauvetage de la part des pays moins endettés après qu'un premier sauvetage aura été accordé à la Grèce, en mettant en avant une solidarité morale, qui en fait n'est pas morale du tout, puisqu'elle a pour conséquence d'encourager les mauvais élèves."

Nous y sommes. Et l'Allemagne d'Angela Merkel en sait maintenant quelque chose.

Il ne s'agit d'ailleurs plus seulement de sauver la Grèce - en réalité, pour être précis, l'Etat grec, et tous ceux qui en vivent grassement. Il s'agit de sauver l'Euro, qui est pourtant condamné à mort, à plus ou moins brève échéance.

Qui pourrait avoir confiance, à terme, dans la monnaie d'échange d'économies que des Etats surendettés, sans volonté de retour, détruisent de plus en plus rapidement, empêchant la création de richesses ? Dans la vraie vie, qui peut avoir confiance et prêter à quelqu'un qui vit au-dessus de ses moyens et qui dilapide ses dernières ressources ? 

Il y a neuf jours l'Union européenne et le FMI accordaient des prêts à hauteur de 110 milliards d'euros à la Grèce, c'est-à-dire à l'Etat grec, pour lui éviter la faillite, dont 45 milliards cette année et le solde les années suivantes. J'écrivais :

"Plutôt que de rassurer le sauvetage de la Grèce prouvera que l'Union européenne est prête à privilégier ses plus mauvaises économies au détriment des moins mauvaises et qu'en conséquence l'Euro n'est pas une monnaie d'avenir."

Le résultat ne s'est pas fait attendre. L'Euro a plongé.

Or le plan que vient d'adopter l'Union européenne reste dans cette logique de fuite en avant : on colmate la brèche, mais on ne résoud pas le problème de fond. Au contraire on amplifie le problème en utilisant un remède qui aggrave le mal, puisque ce prétendu remède est justement la cause du mal. Ce n'est pas en s'endettant davantage qu'on se désendettera. Or c'est de la monstrueuse dette publique que vient tout le mal.

Dimanche, en effet, il a été décidé de constituer une enveloppe de 750 milliards d'euros pour aider tout pays de la zone euro qui serait menacé en raison de sa dette pharamineuse par les méchants spéculateurs et les non moins méchantes agences de notation : 

- 440 milliards d'euros de prêts et de garanties de l'Union européenne

- 60 milliards d'euros de prêts de la Commission européenne

- 250 milliards d'euros du FMI

"Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous !" chantait Gainsbourg. "Des grands trous, des grands trous, toujours des grands trous !" chantent les eurocrates.

En se comportant ainsi l'Union européenne et son organe exécutif se révèlent être ce qu'ils sont, un syndicat d'Etats en faillite, prêts à venir au secours du plus mal en point, et prêts à impliquer des pays qui ne sont pas encore dedans, tels que la Suisse, via le FMI.

Inutile de dire que si tout cet argent devait être mobilisé il ne ferait qu'augmenter le trou abyssal de chacun, que les plans de relance inutiles ont aggravé, sous couvert du pot commun. Cette mobilisation d'argent est rien moins que rassurante. Dans la vraie vie, quand quelqu'un emprunte à l'un pour rembourser la dette précédente à l'autre, que fait-il, sinon de creuser des trous, autrement dit de copier Madoff ?

L'Etat est le problème, ce n'est pas la solution, contrairement à ce que veulent faire croire des inconscients, soutenus par des politiciens soucieux de conserver leurs prébendes et de justifier leur existence néfaste. Ce que je disais il y a neuf jours à propos de la Grèce est valable pour la plupart des pays européens, tels que l'Espagne, le Portugal, l'Italie ou la France :

"L'économie grecque souffre de réglementations, de passe-droits et de rentes de situation. Il lui faudrait libérer son économie, ce qui passe par une remise en cause des réglementations, une baisse drastique des dépenses publiques et une baisse parallèle des impôts, de telle manière toutefois que l'Etat redevienne bénéficiaire pour diminuer rapidement la dette."

A ce moment-là seulement la confiance pourrait revenir chez tous ceux qui ont à coeur, au sein des économies européennes, de gérer au mieux leurs avoirs, qui n'ont rien à voir avec des spéculateurs ni avec des agences de notation, mais qui veulent tout simplement ne pas être spoliés.

Francis Richard

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