Magazine Politique
Il est des coutumes qui remontent à la nuit des temps. La "clameur de haro" est de celles-là. Il s'agit d'une coutume du droit millénaire Normand toujours en vigueur dans les îles Anglo-Normandes. Quelqu'un qui s'estime lésé dans son droit de propriété peut s'agenouiller sur les lieux concernés, et devant témoins réciter en français le Notre-Père puis crier (toujours en français) « Haro ! Haro ! Haro ! À l’aide mon Prince, on me fait tort » (la formule varie selon les îles, à Sercq il faut en outre se couvrir la tête). La clameur est suspensive, le différend est enregistré et doit être jugé dans un délai court. La clameur n'est pas valable si elle n'est pas faite en respectant les moindres détails, et lancée à tort elle entraîne une condamnation. Elle a encore été utilisée dans les années 80 (photo). Le lecteur intrigué par cette coutume pourra utilement se reporter au site anglo-normand qui y est consacré : clameur.gg
Coda :
En France, la clameur de haro a disparu mais de nouvelles coutumes apparaissent comme le kiss-in. Quelqu'un qui s'estime lésé dans ses droits humains peut, sur une place publique et devant témoins, embrasser la personne de son choix en mettant la langue. Le kiss-in n'est malheureusement pas suspensif. Les catholiques intégristes ne reconnaissent pas le droit coutumier homosexuel.