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L'exception culturelle

Publié le 04 décembre 2007 par Scheiro
L'exception culturelle américaine
LE MONDE | 13.11.06 |
La culture, considérée d'un point de vue économique, est un secteur en plein développement. Fréquentation des musées, des spectacles, vente de matériels de lecture de films et de disques : la "demande" est en pleine expansion, ce qui est logique pour des populations dont le niveau de vie augmente. Comment financer cette demande ? En France, le système repose beaucoup sur la subvention nationale ou communale et sur l'assurance-chômage dont bénéficient nombre de personnels de ces secteurs.
Cette "exception française" a beaucoup de qualités, à commencer par celle d'avoir maintenu vivante une culture de qualité et diversifiée. Mais quand l'Etat, les collectivités et l'Unedic sont en déficit, le système craque. La défense de la culture française impose alors de chercher d'autres solutions et pour cela de regarder vers d'autres pays. Notamment les Etats-Unis, qui servent trop souvent d'image repoussoir, Hollywood étant stigmatisée comme un rouleau-compresseur impérialiste.
Est-ce si vrai ? Frédéric Martel, enseignant à l'Institut d'études politiques, a voulu y voir de près. Il ramène un constat, sous forme de livre, qui va soulever une vive polémique (De la culture en Amérique, Gallimard, à paraître le 16 novembre).
La première surprise est la richesse de la culture américaine ; bien loin de la caricature des "grosses usines privées", qu'on en a ici. On compte 2 millions d'"artistes" professionnels employés par les systèmes privés mais aussi non lucratifs, c'est-à-dire proportionnellement bien plus qu'en France (180 000, à définition comparable). Il y a, aux Etats-Unis, trois fois plus d'artistes que de policiers... Leur nombre n'a cessé d'augmenté : 0,56 million en 1965, 1 million en 1980, 1,6 en 1990.
On recense 30 000 acteurs et comédiens, 32 000 danseurs et chorégraphes, 179 000 musiciens et chanteurs, 190 000 écrivains, 212 000 plasticiens et d'innombrables réalisateurs et producteurs. Le détail est parfois moins positif selon Frédéric Martel : le taux de chômage des comédiens est de 35 %, ce qui impose à la plupart d'avoir aussi un job chez McDo.
La culture américaine est un "mouvement", "global et complexe", riche de nombreux acteurs indépendants, universités, fondations, communautés, lobbies, syndicats, qui s'appuient sur les déductions fiscales importantes et les subventions nombreuses. Le système est en définitive beaucoup plus "public" qu'on ne le croit et moins "régi par l'argent qu'on ne le dit". "Un monde en perpétuelle mutation et modernisation qui nourrit une vie culturelle profondément démocratique", conclut Frédéric Martel en réussissant à ébranler bien des certitudes.
Eric Le Boucher

Celui qui se tue pour échapper à sa gloire


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