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Dis BP, c'est combien le prix d'une crevette ?

Publié le 16 mai 2010 par Taomugaia

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Ainsi, les évaluations divergent ? 800000 litres par jour ? Plus ? 15,9 (admire la précision dans l'incertitude)millions de litres ?
Depuis le début de la catastrophe, y'en a pas un qu'est foutu de donner la quantité exacte de pétrole qui s'échappe du puits offshore.
Il faut bien être benêt pour croire que c'est involontaire...
BP, le géant pétrolier, l'assassin de masse, qui minore la portée de son crime écologique ?
Tiens, je te donne à lire l'excellent billet de Luce Lapin paru dans un récent Charlie Hebdo.   

Louisiane : marée noire à tous les étages

Au tout début, j’avais entendu à la radio que la nappe de pétrole atteignait la superficie des Régions PACA et Rhône-Alpes réunies, puis celle de la Belgique, ou deux fois la Belgique, je ne sais déjà plus — et puis, c’est vraiment loin, l’Amérique. Cette nappe couvre maintenant plus de 70 000 km2. Alors, ça doit être ça, deux Belgique, l’une à l’autre ajoutée. La plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par BP, n’était pas sécurisée. Elle a explosé, puis coulé. BP a pollué, BP va payer. C’est la moindre des choses, et surtout c’est bon pour la conscience. Pollueurs ? Payeurs ! Et ça enlève la culpabilité, ce qui permet de repartir de zéro en cas de récidive — on ne sait jamais, ces choses-là peuvent arriver plusieurs fois, le pétrole est un farceur.
Des dizaines de milliers de tonnes par jour déversées pour cette farce-là. La faune, la flore, drame écologique total. Des poissons, des crustacés, des huîtres, des tortues, des alligators, des oiseaux, des migrateurs aussi, qui font étape, des mammifères, des cétacés… Le danger est extrême, le mazout, insidieux, colle, le mazout intoxique, fait suffoquer, immobilise, tue lentement.
«Catastrophe nationale», disent les États-Unis. Erreur. Elle est d’ordre planétaire.

Les crevettes (aussi) portent plainte

Les pêcheurs demandent à la BP de leur rembourser les crevettes, encore trop petites, qu’ils doivent cependant attraper sans attendre.
Mais c’est combien, la vie d’une crevette — la vie, je veux dire la vraie ? Pas le prix des 100 grammes chez le poissonnier, non, je parle de sa vraie vie de petite bête, grise, toute petite, ou rose, plus grosse. Comment l’évaluer ?
Impossible, pis, impensable : les crevettes n’ont de prix que celui du marché, qui seul justifie leur existence.

Comme l’a si justement et si magnifiquement écrit Yves Paccalet, L’humanité disparaîtra, bon débarras ! (éd. Arthaud, 2006). Mais en ayant auparavant bien pris soin de ne faire aucun cadeau.
Histoire qu’aucune forme de vie ne puisse exister sans la plus précieuse à ses yeux : la sienne.


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