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Arbitres des inélégances

Publié le 16 mai 2010 par Ansolo

Les matches de barrage puis les demi-finales ont été marqués par des polémiques pour le moins nourries sur l'arbitrage. A la barre des accusés, Messieurs Berdos et Garcès, sifflets parmi les meilleurs du championnat et membres du panel international, qui compte 19 "referees" au total.

On peut discuter des erreurs commises (Monsieur Garcès lors du match Clermont-Toulon) ou de la justesse de la sanction préconisée par un juge de touche vis-à-vis d'une faute (Monsieur Berdos, au cours de Clermont-Racing). Et estimer, dans le premier cas, que l'arbitre a sifflé trop rapidement, et dans le second, que le carton jaune était un sévère.

Pour autant, le discours des entraineurs du Racing ou des présidents Lorenzetti (RM92) et Boudjellal (RCT) ont dépassé les limites de l'acceptable. Ce fut le cas, tout particulièrement, de Pierre Berbizier, que son passé d'international et d'entraineur du XV de France devrait conduire à plus de mesure dans ses propos. On serait presque plus indulgent pour les présidents du Racing et de Toulon, nouveaux riches du Top14 et peut-être encore insuffisamment habitués aux différences qui peuvent exister entre un championnat de rugby, même professionnel, et le monde merveilleux de l'entreprise, où règnent, c'est bien connu, justice et équité.

Ce discours anti-arbitre n'est pas réservé aux seuls acteurs du Top14. Les supporters, à travers les forums sur Internet, sont nombreux à voir dans les décisions arbitrales au mieux de l'incompétence, au pire un complot contre leur équipe.

Cette théorie du complot est facilement alimentée, au cas d'espèce, par le fait que les décisions critiquées ont été favorables à l'ASM.

Clermont, c'est bien connu, a bénéficié de longue date des faveurs des instances nationales, comme en témoignent les dix Brennus ratés en autant de finales. Mais, on le sait, les théoriciens du complot s'y entendent pour trouver un argument tout neuf pour relancer la mécanique. Ainsi, cette année, Clermont DOIT gagner le Brennus. Donc on fait en sorte qu'il y parvienne. Et tant pis si, sur les deux matches concernés, l'ASM n'a aucunement bénéficié d'un hold-up pour parvenir en finale.

Bref, les complotistes ont encore quinze jours (et peut-être davantage...) pour fourbir leurs arguments.

De leur côté, les critiques anti-arbitres lancent anathèmes après anathèmes contre les incompétents en jaune (ou vert) qui sifflent mal ou oublient de siffler. Qui lèvent leurs drapeaux quand il ne le faut pas et ne le lève pas quand ils le devraient.

Que le niveau de l'arbitrage soit perfectible en France, nul ne le conteste. Mais il serait temps de rappeler aux dirigeants qu'à force de tirer sur l'arbitre après chaque revers de leurs clubs, ils creusent eux-même la tombe de ce sport qui les fait (de mieux en mieux) vivre. L'erreur est humaine. Et même le meilleur arbitre de la planète (d'ailleurs, on serait bien en peine de s'entendre pour le désigner de manière unanime), n'est pas à l'abris d'un coup de sifflet malvenu.

Aujourd'hui, chaque action est décortiquée, analysée et, surtout, filmée sous toutes les coutures. On n'a plus le droit à l'erreur pendant l'action car on est jugé (et condamné) après plusieurs ralentis. La polémique autour de la décision de Monsieur Garcès d'accorder l'essai sans demander la vidéo est, en ce sens, particulièrement exemplaire. Sur le moment, tout le monde a cru que l'essai était valable. Et il a fallu plusieurs ralentis pour se persuader du contraire. Monsieur Garcès a fait une erreur non pas dans sa décision mais dans la gestion de l'événement : même sûr de lui, il aurait dû demander la vidéo pour couper court à tout risque de critique. Mais cette erreur a-t-elle vraiment octroyé la victoire à Clermont ? Pemettez qu'on en doute.

Il n'est jamais agréables de perdre en ayant le sentiment que l'arbitrage y a pris une part. Et, soyons honnête, chacun a pu éprouver cette désagréable impression d'injustice un jour dans sa vie de supporter. Mais qu'on cite une seule équipe ayant systématiquement été défavorablement arbitrée ? Monsieur Berbizier le pense. C'est son droit. Comme c'est celui de Messieurs Lorenzetti ou Boudjellal.

Mais la façon de le dire, outre son inélégance, témoigne surtout d'une forme de paranoïa qui ne se justifie pas : le Racing a mieux réussi sa première saison dans l'élite qu'aucun promu depuis le Stade Français en 1998. Et Toulon a vécu une demi-finale à laquelle même son président ne croyait sans doue pas en début de saison.

 Il ne s'agit pas de faire dans le politiquement correct, mais simplement de rester correct sportivement. Tout le monde y gagnera. Y compris les perdants du jours, qui seront sans aucun doute des vainqueurs, très prochainement.


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