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Les jeunes sont meilleurs que les vieux?

Publié le 05 décembre 2007 par Samuel Bouchard

Quand j’étais au secondaire, j’avais l’impression que la vie s’arrêtait à 20 ans. Dans mon esprit, tout cessait d’évoluer à partir de ce moment: nos performances sportives, nos vies sociales, nos passions, etc. Je ne sais pas trop pourquoi je pensais comme ça. En vieillissant, je me rend compte que chaque nouvelle étape de la vie nous apporte quelque chose d’inattendu et de merveilleux. On approfondit nos passions pour en faire une expertise, un gagne-pain. Oui, on est moins casse-cou dans les sports, mais notre cardio et la compréhension de notre corps continue de s’améliorer. Bref, on continue d’avancer.

Mais je me rend aussi compte que mon impression qu’on perdait quelque chose en vieillissant était fondée. L’évolution des sociétés me fait halluciner. Nos parents et nos ancêtres ont travaillé comme des forcenés pour nous offrir une meilleure situation que la leur. On ne pourrait pas continuer de bâtir comme eux, rajouter un petit incrément tranquillement? Non, quand on est jeune, on s’efforce de tout détruire pour tout reconstruire. C’est surtout apparent dans la culture. Chaque génération rejette l’œuvre, les modes de la précédente.

Dans l’évolution animale, des mutations surviennent dans les gênes pour s’assurer qu’on ne demeure pas pris dans un optimum local. Dans l’évolution des sociétés, la mutation, c’est la jeunesse. C’est elle qui, à chaque génération, doit essayer de nouvelles choses pour voir les résultats. En bout de ligne, on finit par comprendre bien des choses que nos parents nous auront dites. Mais il restera quelques nouveautés qui feront avancer la société à cette époque… et que les prochaines jeunesses sauront remettre en question bien assez tôt.

Qu’est-ce que la jeunesse a de plus que la sagesse? Énergie et sensibilité. Qu’est-ce qui arrive à un système physique contenant beaucoup d’énergie et qui est très sensible? C’est instable, ça pète de partout! Mais si vous êtes capable de canaliser cette énergie, vous avez un système très performant. En vieillissant donc, on devient un système moins performant, mais plus robuste. Pas étonnant que la jeunesse soit capable des plus grandes choses et qu’en vieillissant, on ne soit plus capable de répéter nos exploits antérieurs. Prenons trois sphères de la société: art, science et économie.

  • Musique
    Il n’y a rien de plus triste qu’un groupe culte de votre jeunesse qui vous déçoit avec son nouvel album. L’art vient des tripes. Souvent, des créateurs s’inspireront de situations qui les touchent intensément. Les premiers succès artistiques vont souvent les sortir de ces situations, étouffant leur inspiration. Dans leur cas plus que n’importe qui d’autre, ce qui les nourrit les détruit.
  • Recherche
    Vous vous dites que la recherche scientifique, qui demande une rigueur intellectuelle, est mieux effectuée par des gens d’expérience? Détrompez-vous. La recherche est une activité beaucoup plus créative qu’on ne pourrait le penser. Vous êtes sans cesse confronté à des problèmes que vous devez régler en utilisant un savoir, certes, mais aussi une intuition et votre imagination. La plupart des chercheurs vont faire leurs découvertes les plus marquantes au début de leur carrière. L’exemple le plus éloquent est peut-être celui d’Einstein, qui a connu son année de miracle dans la vingtaine. Par la suite il a eu la reconnaissance, mais ses principales contributions étaient faites. En vieillissant, souvent le rôle du chercheur va changer, il supervise plus qu’il ne créer. Les découvertes effectuées en début de vie de chercheur seront des étiquettes qui resteront par la suite pour l’identifier au sein de la communauté scientifique.
  • Entrepreneuriat
    C’est un fait, les entrepreneurs en série réussissent rarement aussi bien que lors de leur premier projet. On en a quelques exemples au Québec. Plusieurs entrepreneurs de la première vague d’Internet n’ont pas été capables de répéter leur exploit de la première fois, celui qui les a rendu riche. Certains perdent leurs fortunes dans de nouveaux startups qui ne lèvent finalement pas. Ils utilisent leur savoir et leur crédibilité pour faire le passage dans des grosses corporations. La raison principale à mon avis est que dans le premier vrai projet qui nous tient à cœur, un feu intérieur nous brûle, on y met toute notre énergie. Les fois suivantes, on est moins affamé, et ça fait toute la différence.

Vous êtes jeune? Dites-vous que ce que vous faites aujourd’hui sera peut-être la meilleure chose que vous allez être capable de faire dans votre vie.

[Photo: ATBaker sur Flickr]


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