Magazine Océanie

Voyage en Nouvelle-Calédonie (2)

Publié le 05 décembre 2007 par Argoul

Le lendemain, départ pour la côte est, « le jardin mélanésien ». Nous poursuivons la côte ouest jusqu’à Kone, franchissant les cols du Bonhomme (122 m) et du Poya. Nous pénétrons alors dans la province nord. Pouembout se dresse au sommet d’une colline couverte de savane. Les bâtiments de style néo-mélanésien de l’Assemblée et les bureaux de la Province nord s’y dressent.

La transversale Kone-Tiwaka est la plus belle des quatre transversales. Vous traversez des paysages à couper le souffle. Vous y rencontrez aussi peu de voitures, heureusement. Bopope, village kanak, mérite le détour. De jolies cases traditionnelles rondes sont entourées de pelouse ; elles ont une vue grandiose sur la montagne et sur la vallée. Nous faisons ici notre première « coutume ». Le petit chef est parti enterrer un jeune suicidé du village d’à côté, 19 ans, pendu avec un fil de fer. Nous rencontrons donc le gendre du chef. Il nous explique la « coutume ». Un paréo nommé ici ‘manou’ est plié, on glisse à l’intérieur un billet plié de 500 Francs Pacifiques. Tel est le « passeport » pour se promener dans le village.

Nous poursuivons notre route par Touho, mignon village de pêcheurs fondé en 1884 et entouré de plantations de café. Nous sommes désormais sur la côte est. Entre Touho et Hienghene est l’un des plus beaux paysages de la Grande Terre, voire du Pacifique sud. Hienghene est la patrie de Jean-Marie Tjibaou. Au col de Lindéralique (137 m), juste avant, nous pouvons voir les fameuses roches qui illustrent le billet de 500 Francs Pacifique (4 euros). Le Sphinx (150 m de haut) et la Poule Pondeuse (appelée aussi Tours de Notre-Dame) sont deux magnifiques roches noires qui montent la garde dans la baie de Hienghene. Nous nous installons dans la tribu, au gîte Ka Waboana.

Pour notre festin du soir, nous avions réservé via le syndicat d’initiatives local, un repas chez Julien Tobi. « C’est facile d’y aller, nous a-t-on dit, c’est juste avant le Club Med ! » En fait, c’était une petite route obscure qu’il fallait trouver sur la gauche d’une route sans lampadaires, et en plein tournant. Nous nous sommes fait poursuivre par les chiens, avons dû nous arrêter chez des gens pour demander… Nous avons fini par trouver – au bout de cette petite route, près du seul lampadaire en état de marche – et juste avant le pont du Club Med. Le Julien avait picolé toute la journée, heureusement qu’il y avait Madame aux cuisines ! Nous avons mangé du perroquet avec papaye verte en salade, des crevettes à l’ail, du ragoût de cerf au taro, de l’igname blanc et rouge, des glaces. Je précise que le « perroquet » n’était pas de l’oiseau mais du poisson, multicolore dans son eau et qui perd ses couleurs dans l’assiette.

Le jour suivant nous mène à 17 km au nord, sur le dernier bac de Nouvelle –Calédonie à la rivière Ouaième. Nous laissons la voiture sur le stationnement et faisons la traversée aller et retour en piétons. Le paysage est très pittoresque avec ce bac d’un autre temps. Nous sommes largement récompensées d’une piste difficile.

Une longue route nous attend pour retrouver la côte ouest à La Foa. A Poindimie, la ville la plus importante de la côte est, nous découvrons un bijou, l’église Saint-Paul, en pierre. Les virages s’offrent, de plus en plus nombreux. Houailou, spécialisé dans le litchi, succède à Ponerihouen. Dommage, ce n’est pas la saison.

L’originalité de Kouaoua est son transbordeur de minerai, long serpent argenté qui descend de la montagne. L’acheminement du minerai se fait depuis la mine, à 650 m de hauteur, jusqu’à la mer. Le convoyeur à bande est long de 11 km. La moitié du parcours est en courbe (record mondial). La « Serpentine » (c’est son nom) débite 520 tonnes à l’heure à une vitesse de 3 mètres 60 par seconde sur une dénivellation de 525 m. Le minerai est d’abord stocké en bord de mer avant d’être chargé sur les minéraliers.

Le parcours qui suit est hallucinant. Nous sommes dans un décor minéral d’anciennes carrières abandonnées. Le paysage est lunaire, de couleur rouge latérite. Pas un chat, pas une voiture, M. commence à paniquer. « On tourne en rond, tu es sûre de la route ? » Aucun panneau, aucune borne, pas âme qui vive. Nous entamons une descente en enfer qui ne finit pas. Toujours ces carrières abandonnées, une végétation maigre. Enfin ! Nous croisons une voiture ! Le conducteur nous regarde comme des naufragées. Plus loin il y a une rivière, un pont de bois, un tout petit panneau indicateur. Il est illisible mais nous sommes sauvées !

Des virages, encore des virages, des zigzags, un zig, un zag – un autre panneau indicateur. Cette fois nous sommes sur la bonne route, mais nous devrons encore conduire plusieurs heures sur cette transversale, pour rejoindre La Foa, à la nuit tombée. Une douche réparatrice, un bon repas au restaurant de l’hôtel. L’hôtelier nous parle d’un spectacle son-et-lumières au fort Teremba : non merci ! Nous apprenons que la route que nous avons prise s’appelle « la route des Roches », qu’elle est si accidentée que peu d’autochtones l’utilisent !

Sabine 


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