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Sisyphe version nippone. Je préfère…

Publié le 18 mai 2010 par Caroline

Lu dans le Passage de la nuit de Haruki Murakami :

Trois frères partent pêcher ; ils essuient une tempête, ils dérivent longtemps puis échouent sur la plage d’une île déserte. Très belle, l’île, avec palmiers et tout ; plein de fruits, et, au milieu une très haute montagne ; le soir même, Dieu leur apparaît en rêve et leur dit : ” Sur la plage, un peu plus loin vous trouverez trois gros rochers tout ronds. Le lieu où vous vous arrêterez, ce sera là où vous devrez vivre. Plus vous monterez haut, plus votre vision du monde sera large. Vous êtes libres d’aller jusqu’où vous voulez… Comme Dieu le leur avait dit, les trois frères trouvent les rochers et commencent à les déplacer. Ils sont gros et lourds. Donc très difficiles à faire bouger. D’autant plus qu’il leur faut monter la côte avec. Le plus jeune abandonne le premier. ” Je suis bien ici, déclare-t-il à ses frères. Je ne suis pas loin de la plage, je peux pêcher. C’est suffisant pour vivre. Ça n’est pas si grave si je ne vois pas grand-chose du monde.” Les deux autres continuent. À mi-pente, le deuxième s’arrête. “Bon, dit-il à l’aîné, moi je suis bien ici. Il y a des fruits en abondance. C’est suffisant pour vivre. Ça n’est pas grave si je ne vois pas grand-chose du monde.” L’aîné poursuit l’ascension. Le chemin devient de plus en plus étroit, escarpé. Mais il n’abandonne pas. Il est persévérant et il veut voir la plus grande part du monde possible.

Sisyphe version nippone. Je préfère…
Il faut imaginer Sisyphe heureux Gibert Garcin
Il continue donc à pousser son rocher, de toutes ses forces, et parvient au sommet, après plusieurs mois, presque dans avoir mangé ni bu. Là, arrivé à ce point extrême, plus haut que tout homme a pu faire, il s’arrête et observe le monde. Voilà où il allait vivre; Pas d’herbe. Pas d’oiseaux. De l’eau, oui, mais seulement sous forme de glace ou de givre. Guère que de la mousse à ronger. Mais il ne le regrette pas. Car il a pu voir le monde en entier. Et c’est ainsi qu’encore aujourd’hui, au sommet de cette île, quelque part du côté d’Hawaii, il y a un gros rocher rond. Fin de l’histoire.”
Je suis sûre que du côté de Montréal, il y a aussi un gros rocher rond…

Dédicace à Mia Wallace.


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