Hé! Je vous entends là. Je vous entends dire: «mais qué cé que tu veux que ça me fasse à moi, la soirée du hockey?»… C’est sûr que ce n’est plus pareil. Les millionaires, un peu capricieux, sont de plus en plus loin de la vraie vie. La vraie vie, c’est-y nécessairement une vie de misère? Être millionaire, ça règle-t-y vraiment tous les problèmes? Yvon Deschamps lui-même, dans sa grande sagesse, disait qu’il valait mieux être riche et en santé que pauvre et malade. Bon! On ne s’obstinera pas.
Mais ce qui a écoeuré les amateurs, les fans, tout le monde, ce sont les grèves, les demandes salariales qui ne nous sont même pas accessibles dans nos rêves les plus fous. On dirait qu’ils ne se rendent pas compte de leurs privilèges. Être payés pour JOUER! On pourrait bien parler de leurs vies et de ce que ça amène comme difficultés mais c’est pas mon sujet. De quoi je veux parler d’abord? J’y arrive.
La Soirée du Hockey et le Canadiens de Montréal
Quand j’ai su que la Soirée du Hockey était retirée de l’horaire, je me suis surpris à avoir de la peine. Je suis un amateur et un fan du Canadien… Hep! On ne peut être parfait… Quelle est la différence entre regarder le hockey à Radio-Canada ou à RDS? Aucune, à condition d’habiter une région desservie par le câble et d’être abonné (c’est-à-dire, payer). Sauf que je me rappelle quand j’étais petit. Mon père était policier et je ne le voyais que rarement. Mais LE moment de la semaine, c’était la Soirée du Hockey. Le samedi soir. On s’asseyait sur le divan, un à côté de l’autre. On s’émerveillait à chaque exploit de Jean Béliveau, puis de Guy Lafleur. On s’excitait à la vue de toutes ces feintes, ces arrêts et ces buts. Après la première période, généralement, mon père dormait. Ça me rendait fier, complice avec mon père. Il me semblait qu’il me faisait confiance. Je le regardais ronfler, l’entendais surtout. Quand le Canadien gagnait, on avait une belle semaine. Sinon, on était un peu triste. Dans ce temps-là, on n’était pas triste souvent… malheureusement, ce n’est plus comme ça aujourd’hui…
Le hockey a fait partie de mes rites de passage. Je suis passé à un niveau supérieur dans la vie quand j’ai pu écouter le hockey à la télé avec mon père. Plus tard, à l’adolescence, mon père et moi nous ne nous croisions que rarement, nos horaires étant incompatibles. Ce qui animait nos conversations, c’était le Canadien. J’ai eu l’impression qu’on m’enlevait tous ces merveilleux moments, ces souvenirs avec mon père, cet épisode que j’idéalise sans doute. La nostalgie…
L’autre raison, c’est que ça enlevait toute possibilité à une catégorie de gens d’en faire autant. Comme c’est souvent le cas aujourd’hui, les gens pauvres devenaient les victimes de la grosse machine à piastres. Pour de l’argent, les dirigeants du Canadien se privaient de l’appui des gens qui ont fait leur fortune avec les années. De plus, ils empêchaient une grosse partie de la population de s’identifier encore à ces joueurs, de rêver. Et les enfants, de devenir eux aussi les idoles…
Le Canadien de Montréal, l’histoire d’un peuple
Le Canadien, c’est l’histoire d’une équipe de hockey et d’une population, pour qui c’est devenu un moyen de se libérer de ce qui lui faisait mal. Le sport est tellement malade que plus ça va, plus il faut faire partie de l’élite pour s’y intéresser. C’est donc pour ces raisons que je suis heureux que la soirée du Hockey demeure à l’antenne de Radio-Canada. Maintenant, qui en fait la description, on s’en fiche, non?
S’intéresser au Canadien, c’est s’intéresser à une partie de notre culture, de notre inconscient collectif québécois qui fait de nous ce que nous sommes. Il y a bien des gens qui ne seront pas d’accord. Tant pis, tant mieux. Mais peu importe que ce soit le Canadien ou les Expos, l’Impact, ou quoi encore, ce qui est important, c’est que les parents prennent du temps avec leurs enfants afin d’alimenter leurs rêves, peut-être, mais surtout de créer ce moment privilégié qui fait qu’un enfant se sent important pour son père ou sa mère. Il sera comme moi, il s’en rappellera toujours. Alors, prenez donc la chance… En passant, ce n’est pas seulement une histoire de gars, je l’ai fait avec ma nièce. Mais ça, c’est une autre histoire… Merci de me lire. Merci de me publier.
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