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Et si l'Iran avait raison

Publié le 19 mai 2010 par Chroneric

Clotilde Reiss nous est revenue saine et sauve pour la modique somme de 230 000 euros. Elle qui a toujours clamé son innocence face à une justice inébranlable. Mais voilà que le doute s'installe. Et si Clotilde avait été échangée contre l'un de nos prisonniers ? Etant donné que nous ne sommes pas dans le secret des Dieux, nous ne pouvons émettre d'affirmations. Mais la coïncidence est troublante : Vakili Rad est libéré juste après le retour de notre petite française. Et puis, avant, il y a eu Majid Kakavand qui a pu rejoindre l'Iran depuis la France alors que nos amis outre-Atlantique avaient demandé son extradition. Nous nageons en pleine eau trouble du monde diplomatique.

Nous avons été compatissants en découvrant Clotilde Reiss, couverte, face à ses juges, essayant tant bien que mal de se défendre et justifier sa présence. Mais finalement, que savons-nous d'elle ? Ce que l'on a bien voulu nous dire. Rien en somme. La presse n'est pas en cause, enfin je l'espère. Les journalistes, normalement, rapportent les informations glanées ça et là, au gré du bon vouloir des autorités. Mais il faut avouer que des indices et des comportements commencent à briser la bulle qui protégeait la prisonnière.

Une étudiante ? A priori, cela ne peut être remis en cause. Après tout, il faut bien avoir une activité, oserais-je dire une "couverture" ? Parce que face aux déclarations incessantes de cette jeune personne, les autorités iraniennes ne changeaient pas non plus d'un pouce leur avis. Qui croire ? C'est parole contre parole. Et si Ahmadinejad avait raison ? Pourquoi toujours remettre en cause le président iranien ? Il n'est pas un modèle de démocratie, certes, mais est-ce une raison pour l'accabler ?

De plus, une simple étudiante aurait-elle été aussi solide pour patienter jusqu'à sa libération ? Je me remémore les images de Clotilde Reiss : froide et imperturbable. Est-ce des comportements d'une simple citoyenne ? Il suffit de comparer avec Florence Cassez, dont les interventions sont plus émotives : larmes et désespoir. L'argument que j'ai envie de mettre en avant est que dans cette affaire, c'est donnant-donnant. On n'échange pas un tel prisonnier contre une simple étudiante. Il ne faut pas sortir de l'ENA pour comprendre ça. Il faut que l'échange soit bénéfique pour les deux parties.

On s'interroge donc. Et je crois que l'on s'interrogera toujours. Ce sera secret d'Etat encore une fois. Ce que je crois, c'est que puisque le doute s'installe sur les déclarations et les non-dits de notre président et de son ministre des Affaires étrangères, autant que le doute s'installe également côté iranien, il n'y a pas de raison. C'est donnant-donnant. Dans cette affaire, il ne faut croire personne et chaque partie en présence doit bénéficier du doute.

On devrait plutôt s'inquiéter du sort des deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. N'étant pas accusés d'espionnage, ils ne bénéficieront pas du même traitement que l'étudiante. Ce ne sont que des journalistes, et l'on sait combien le président français porte les journalistes dans son cœur…


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