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François Bayrou ou les sept lames de fond qui le porteraient à l’Elysée en 2012

Publié le 05 décembre 2007 par Willy
François Bayrou ou les sept lames de fond qui le porteraient à l’Elysée en 2012


  Par Keravel




Sans se servir de la moindre boule de cristal, le pari consiste à répertorier les sept lames de fond (ou conditions) qui pourraient porter François Bayrou à la tête du pays.

François Bayrou s’est sans nul doute distingué dans la dernière campagne présidentielle d’avril-mai 2007 d’abord par un discours loin des sirènes socialistes et sarkosistes, ensuite par un résultat plus qu’honorable (18 % au premier tour), enfin par une relative position d’arbitre du résultat du second tour. Dans la foulée, il a annoncé la création d’un nouveau parti, le Mouvement Démocrate (MoDem). Aux législatives de juin 2007, les électeurs ont envoyé 4 députés UDF / Modem à l’Assemblée nationale (la quasi-totalité des députés anciennement UDF ayant rejoint la majorité présidentielle). La question est de savoir si François Bayrou a un avenir présidentiel ?

En matière politique, il est impossible d’avoir une visibilité à plus de six mois. Tenter par conséquent de jauger de l’avenir présidentiel de Bayrou, relève de la gageure. Sans se servir de la moindre boule de cristal, le pari consiste à répertorier les sept lames de fond (ou conditions) qui pourraient le porter à la tête du pays.

1re condition : la confirmation des résultats des présidentielles aux prochaines municipales et cantonales du 9 et 16 mars 2008. Une position entre 15 % et 20 % des suffrages exprimés au niveau national, donnerait une vraie assise électorale au MoDem et une légitimité incontestable. Car celle-ci, à ce jour reste à prouver. Plus le score volerait haut, plus cette nouvelle force politique serait prise au sérieux par les états-majors des autres partis. Et cerise sur le gâteau, si le MoDem remportait des villes et/ou cantons importants, arrachés à la gauche ou à la droite, il en sortirait auréolé. Voila, en tout cas, deux rendez-vous majeurs à ne pas manquer. On sera vite fixé. Le nouveau MoDem (créé ces 1er et 2 décembre 2007) formera-t-il l’outil de cette nécessaire envolée ?

2e condition : la façon dont le poids de la dette de l’Etat français sera vécu par les électeurs dans les mois à venir. Le candidat Bayrou s’est nettement détaché de ses autres compétiteurs par une farouche volonté de réduire la dette, première source d’inégalité sociale selon lui et obstacles aux développements futurs. Le principal facteur qui influera sur une nouvelle perception de la dette comme un handicap est l’Europe. Elle seule peut adresser aux gestionnaires des deniers publiques de sévères avertissements au vu et au su de tous. Il n’est plus étonnant, dans ce contexte que le premier geste politique du président Sarkozy ait consisté à « neutraliser » ses alliés européens sur cette question. L’Allemagne (qui dispose d’énormes intérêts en France) va-t-elle continuer à se taire ?

3e condition : une fracture du Parti socialiste entre les tenants d’une gauche soutenue et ceux de la social démocratie. Le PS doit réunir ses troupes au printemps 2008 et décider de son sort, avec entre autres, la nomination d’un nouveau chef (quelle que soit l’appellation qu’il décide de lui donner). La probabilité d’une scission existe, certains seconds couteaux (porte-paroles officieux des ténors) l’ont clairement exprimé. Si cela se produit, un rapprochement ultérieur et probablement lent, entre un PS social démocrate et un MoDem pas très éloigné de cette position serait envisageable si ce regroupement veut emporter les prochaines présidentielles. Enfin, si aucune rupture n’intervient, un immense effort de clarification des propositions socialistes sera à effectuer. La récente campagne du PS en faveur du soutien du pouvoir d’achat va-t-elle vraiment dans ce sens ?

4e condition : les résultats concrets du « gouvernement Sarkozy » à l’approche de la présidentielle d’avril-mai 2012. Dans la nouvelle pratique politique, inédite sous la Ve République, introduite par le quinquennat (cher à Giscard...), le Premier ministre devient une sorte de vice-président à la tête de super ministres (d’où l’emploi récurrent de l’expression « gouvernement Sarkozy »). Si on regarde les résultats du ministre de l’Intérieur Sarkozy (2002-2004 puis 2005-2007), on reste sur sa faim, on s’étonne de l’écart entre le tapage médiatique et les résultats concrets... En tout cas, il apparaît clairement que le gouvernement et son président doivent, dès maintenant, passer aux travaux pratiques. L’intervention télévisée du président de jeudi dernier prend-elle cette direction ?

5e condition : l’essor du MoDem. Un parti politique forme la réunion d’hommes et de femmes animés d’un même idéal, d’une même vision politique, d’un même programme, incarnés par un leader. Il sera déterminant pour ce parti d’obtenir l’adhésion pleine de catégories socio-professionnelles qui adhérent aux idées de ce parti : professeurs, professions libérales, cadres du secteur privé, petits patrons, etc. Cet ancrage dans la société civile représente un aspect fondamental. Enfin, l’union fait la force. Et la capacité du MoDem et de son chef à rassembler (si on en juge par tous les départs, comme celui de Jean-Marie Cavada encore récemment) est-elle consistante ?

6e condition : la mise en place dans les quatre prochaines années d’un programme politique percutant et en phase avec son temps. Dresser un constat d’échec (des politiques précédentes) sans fermer tout espoir de redressement, innover radicalement sans bouleverser les habitudes, proposer des orientations concrètes sans faire douter sur leur réalisme, voici quelques éléments constitutifs que le programme du MoDem devra incorporer autour d’une ou deux idées forces que l’écrasante majorité des électeurs retiendra (sans rentrer dans son détail...). Le programme de l’UDF de 2008 était intéressant avec deux faiblesses : aucune idée majeure n’en ressortait (contrairement au programme de l’UMP) et les velléités de VIe République ne sont guère populaires. Les Français attendent des réponses à des problèmes concrets (pouvoir d’achat, santé, immigration, sécurité, éducation, culture, etc.) avant de s’intéresser aux nouveaux moyens d’un jeu politique dont ils réclament désormais une obligation de résultats.

7e condition : la rencontre d’un homme avec son peuple. Sans entrer dans une certaine forme de mysticisme, il convient de rappeler que la présidentielle forme la rencontre d’un individu avec tout un peuple. Tout cela reste de l’ordre du ressenti, de l’impression sans que des explications rationnelles ne puissent éclairer le phénomène et encore moins l’anticiper.

Aucun de ces sept points n’offre aujourd’hui une réponse évidente. En ce sens, la création du MoDem représente plus un vrai pari sur l’avenir (avec une part immense d’incertitudes) qu’un chemin tout tracé vers la victoire. Ceci dit, sans parti, pas de victoire possible aux prochaines présidentielles. Cette condition liminaire là est au moins acquise à François Bayrou ! Mis à part ces lames de fonds, une multitude d’événements conjoncturels viendront troubler la scène politique ou la faire pencher en faveur de tel ou tel candidat potentiel : les tensions internationales dues à la maîtrise des énergies fossiles, le terrorisme, la nouvelle scène diplomatique, les flux migratoires, etc. Les jeux sont loin d’être faits. En revanche, des mouvements en profondeur sont en action. C’est sur ceux-là que le président du MoDem devra tabler pour devenir le septième président de la Ve République

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