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“Nous avons la situation bien en main” (lol)

Publié le 19 mai 2010 par Chapitre5.com

C’est la formule des autorités publiques quand elles s’affolent. En langage militaire, c’est « un repli sur des positions préparées à l’avance ». Langue de bois. La situation leur échappe complètement, parce qu’elles ne comprennent pas. Ou parce qu’elles n’ont pas le courage de réagir. Exemple célèbre : Daladier au retour de Munich en1938, applaudi par la foule pour avoir sauvé la paix, et qui commente : « les c..s ! ». Il avait compris ; mais n’avait pas le courage de faire face…
Car nous sommes en guerre. Celle qui accompagne toujours les transformations des rapports de force dans le monde. Avec l’émergence de la zone pacifique à nos dépens.  Et l’Europe n’a pas d’Etat pour y faire face. Chacune de ses décisions doit être négociée à 26 pays, dont la plupart (Pologne, et autres) sont très contents de rester sous protectorat US. Et donc  de servir leurs intérêts. C’est  d’ailleurs sur l’insistance de la diplomatie US qu’ils sont entrés dans l’Union européenne ; elle a aussi tenté d’y faire entrer  la Turquie et l’Ukraine ! Ca ôtait toute crédibilité à une politique européenne qui leur aurait fait de l’ombre. Comme la diète polonaise avec sa règle de l’unanimité empêchait tout défense de la Pologne autrefois… jusqu’à son démembrement.
L’interdiction des ventes de titres financiers par Mad. Merkel est un signal clair : elle s’attend à une offensive des fonds spéculatifs. Pour punir l’Europe de la baisse de l’€. Qui favorise nos exportations : EADS est une des rares valeurs en hausse, avec le luxe français, sur les marchés ! Cette dévaluation suscite une réaction normale de la nouvelle zone de puissance et de coprospérité du Pacifique. USA+Japon+ Inde+ Chine. 3 milliards de gens qui veulent de la croissance. Et qui exportent chez nous les biens de consommation que nous ne savons plus fabriquer dans des conditions compétitives.
Les fonds spéculatifs sont tous dans la main des grandes banques US. Qui leur prêtent les capitaux et qui transmettent leurs ordres sur les marchés. Ils gèrent des sommes bien supérieures au fonds de stabilisation mis en place par l’Europe pour aider la Grèce et autres PIIGS(1). Excellent outil pour punir l’Europe de sa dévaluation compétitive. En semant « la discorde chez l’ennemi », c’est-à-dire en divisant les états de l’Union. Rien de nouveau sous le soleil…
Les grands gérants d’actifs (les assureurs en tête) jouent l’Europe perdante. Ils sortent leurs capitaux. La hausse du $ et des monnaies asiatiques (ainsi que du rand sud-africain…) en est la conséquence. La reprise de l’économie US en sera favorisée. Pour le plus grand avantage de la zone Pacifique. Après, ils rachèteront nos meilleures entreprises dont le cours sera revenu vers les plus bas de Mars 2009. Stratégie gagnante.
Sauf si nous y faisons face. Comme Clemenceau en 1917 imposant un commandement unifié à la coalition, ou De Gaulle en Juin 1940 essayant de rassembler les forces françaises disponibles (en vain). Mais plus probable, en France on fera grève. Comme en Grèce. Les Gaulois ne savent pas  s’unir contre le danger, César l’avait déjà noté dans ses mémoires.
Heureusement, il y a cette fille de pasteur allemand qui sait, elle, ce que sont la tyrannie et la soumission à un pays étranger. Et qui ne parle pas en langue de bois quand elle s’exprime devant les syndicats de son pays. Qui l’applaudissent quand elle leur annonce de la sueur et des larmes. Pour le sang, ce n’est pas encore un risque. Mais sait-on jamais, la guerre a toujours tendance à se porter aux extrêmes.
Alors, quand l’autorité publique nous annonce une reprise imminente, tous aux abris.

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(1) : PIIGS : Portugal, Grèce, Irlande, Italie, Espagne. Un acronyme des salles de trading désignant leurs prochaines victimes…


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