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Kiss in et haine, drôle de mélange…

Publié le 19 mai 2010 par Chezfab

Petit rappel des faits : un kiss in (rassemblement pacifiste pour se bécoter durant 2 minutes) devait se tenir à Lyon (comme partout en France) le 15 mai, à l’initiative des LGBT et de leurs amis. Dans le cadre de la « journée de lutte contre l’homophobie ».

Il fut interdit par la préfecture suite aux demandes de l’extrême droite lyonnaise (Bruno Gollnish en tête) et des catholiques intégristes (bien que je ne sois pas certains qu’ils le soient tous au final dans ces associations…). Raison : trouble à l’ordre public en vue mon capitaine, donc non…

Pas découragés, les organisateurs et plusieurs associations LGBT déposent une demande comme il se doit pour un nouveau kiss in mardi 18 mai à 19h30 place Saint Jean. Alors je vois déjà poindre l’ironie : le choix de la place est une provocation, devant une cathédrale… Ben mes amis, sachez que la place Saint Jean est l’une des plus touristique de Lyon (et quand on veut que ça se voit, c’est un endroit parfait), qu’elle est surtout publique et donc… républicaine et laïque de fait ! Et comme les précédents (et oui, homophobe qui lira cela, tu vas apprendre que ce n’était pas le premier) avaient eu lieu sur d’autres places symboliques de Lyon, il était temps de tourner.

Donc, après ce dépôt, la préfecture accepte ce rassemblement, le rendant de fait légal. Les fachos de tous poils décident de déposer une demande de contre manifestation qui elle n’est pas autorisée. Notons donc : d’un côté les membres du kiss in qui ont le droit avec eux (en théorie) et de l’autre les fous de dieux et autres affiliés à l’extrême droite qui n’ont pas le droit de manifester.

Voilà donc qu’arrive 19h30. Je suis sur place, accompagné de mon compagnon, d’amis et de la famille… Je vous vois flipper : mais non je ne suis pas du côté des culs bénits ! Que croyez-vous ? La « manifestation » partie de la place Bellecour (à 10 minutes à pied à peine) arrive… et se trouve face à un mur de Gardes Mobiles de la Gendarmerie ! Impossible d’entrer sur la place pour le Kiss in !!! Pire, de l’autre côté d’un autre cordon de GM se trouve une petite centaine de fous de dieux et d’extrémistes de droite qui se lèvent d’un seul homme et foncent (mais sont contenus par les forces de l’ordre) en direction des « manifestants ». Dans une sorte de hurlement primaire, les premiers slogans fusent chez les « défenseurs de la cathédrale » : « Non à la catophobie » (que vient faire le catholicisme dans tout ça ?) ; un détournement honteux d’un slogan antixénophobe : « première, deuxième, troisième génération : nous sommes tous des enfants d’hétéros » (il faudrait rappeler à ces décervelés que nous aussi, pour la plupart, au passage…)…

En face, c’est au départ la stupeur : un rassemblement festif et calme, d’environ 400 personnes (selon la Ligue des Droits de l’Homme) est stoppé net par les Gendarmes pour laisser place à une déferlante de haine pure… Mais très vite les slogans fusent « C’est quoi cette société qui respecte pas les trans les gouines et les pd », « Gay ou hétéros, même pays, même droits »…

Le climat se tend… Alors que nous pensions que les fachos et leurs amis seraient évacués (ou au moins déplacés), il n’en est rien ! Rappelons que leur « contre manifestation » est illégale… Et qu’au-delà de ça, le Kiss in est censé duré 2 minutes !

Mais non, au contraire même : les LGBT et leurs amis se retrouvent coincés autour de la place (nous finirons par faire le tour pour arriver face à la cathédrale, et donc face aux extrémistes) ! Et en face, c’est du délire : prières, crucifix brandis, slogans homophobes (« pas de défilé pour les enfilés » et « vous avez le SIDA »). Dans nos rangs, cela se radicalise : les slogans provocateurs fusent à leur tour. Comment ne pas comprendre cela ? Et cela donne « Rentrez vite, ce soir sur TF1, y’a Joséphine Ange Gardien » , « On est gay, vous êtes tristes », « la sodomie ouvre l’esprit » et j’en passe … Dans un esprit malgré tout assez festif. Les huées couvrent les chants et slogans des fachos, cathos et autres xénos.

Une heure passe, et là, un moment de grâce : deux, trois militantes gravissent la petite statue qui se trouve face à la cathédrale et déploient le drapeau LGBT, tout en envoyant milles baisers aux « protecteurs de la droiture française et de la foi ». C’est l’ovation et … les hurlements de haines et jets d’œufs. Mais cela redonne le moral, et de « mini kiss in » ont lieu. Face à la haine, nous opposons l’amour dans toute sa splendeur.

Au bout d’une heure et demi de face à face, nous nous demandons ce qui risque de se produire. Il est vingt et une heure, et les gendarmes sont de plus en plus tendus. Les slogans sont de plus en plus durs, mais surtout en face le salut nazi est employé (cela dénote peu de l’homme habillé en milicien qui brandissait le drapeau du Vatican…) et plus drôle, le doigt d’honneur (ironique non ?). Le climat est électrique, mais reste à l’humour côté LGBT et amis.

Mais à vingt et une heure trente, tout bascule : sur ordre (de la préfecture ?), les gendarmes mobiles chargent sans sommation les manifestants en commençant par… nous ! Gaz lacrymogènes, matraques à hauteur des reins, ils avancent comme des malades ! C’est d’autant plus incompréhensible que quelques secondes plus tôt, un des organisateurs du kiss in annonçait que nous allions partir après un dernier baiser, car nous avions « gagné » ! Et que le slogan « on va baiser, rester prier » était dans toutes les bouches… Besoin de jouer le pourrissement ? Toujours est-il que les forces de l’ordre ont délibérément chargé en premier lieu les LGBT et leurs amis… Avant de faire de même ensuite pour les tenants de la France pure.

En un instant, la préfecture, et donc l’état Français venait de mettre dans le même panier tout le monde. Pire d’ailleurs, de stigmatiser plus surement les LGBT et leurs amis que les autres, en choisissant de nous charger en premier.

Difficile d’imaginer qu’un simple baiser collectif puisse donner quelque chose de cette ampleur dans la haine, en face. Mais plus incompréhensible : pourquoi la préfecture a-t-elle laissé délibérément les fachos et autres se mettre en place ? Pourquoi n’a-t-elle pas procédé à l’évacuation de la place en amont ? La volonté est manifeste d’avoir voulu au final laisser les fachos tranquilles.

Avec la Ligue des Droits de l’Homme, nous pouvons nous interroger :

« Pourquoi la préfecture n'a pas fait respecter la loi, en acceptant des manifestants fascistes présents illégalement et multipliant les propos et gestes à connotation raciste et homophobe punis par la loi ?

Pourquoi la préfecture a utilisé sans sommation des moyens violents et disproportionnés contre des militants des droits des LGBT totalement pacifistes ? »

Malheureusement, à ces questions, je crains que les réponses ne soient assez simples : parce que la préfecture semble plus proche des nazillons qui étaient face à nous que d’autres courants de pensée, parce que la préfecture semble plus homophobe que porteuse de la devise « liberté, égalité, fraternité » dans notre région… Je suis amer quand j’écris cela, mais j’ai peur de réellement le penser.

En tout cas, ce n’est pas le dernier kiss in que nous ferons, ni les dernières actions pour l’égalité des droits. Et que ce soit clair : nous gagnerons à la fin !

Quelques articles :

http://rebellyon.info/Kiss-in-reussi-sous-les-lacrymos.html (Communiqué de presse inter associations)

http://www.yagg.com/2010/05/19/kiss-in-de-lyon-tensions-evacuation-et-interrogations/ (Article + Vidéo)

http://www.tribunedelyon.fr/index.php?actus/societe/20419-lyon-:-le-kiss-in-a-degenere (quelques témoignages, mais une erreur d’heure : c’est bien à 21h30 que nous fûmes chargés)


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LES COMMENTAIRES (1)

Par sptk
posté le 17 juin à 09:22
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Bonjour, Merci à Chezfab pour cet article très juste. Cela vous surprendra peut-être, mais je suis chrétien, catholique. La religion est amour, la haine et l'intolérance n'ont pas qu'y faire. Malheureusement, ce sont ceux qui ne comprennent pas grand chose au véritable message du Christ, qui ont souvent une plus grande visibilité; les autres, les "doux", ce qui prient, qui méditent, qui aiment, on ne les entend jamais. Mais ils existent, je peux vous l'assurer. Alors, vous remerciant encore pour cet article, je vous manifeste mon soutien et je témoigne au nom de tous mes amis, catholiques, qui désapprouvent complétement ce mélange hideux de vrais fascios et faux chrétiens.

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