Compagnie GRIME et Concocte

 
16 rue François Dauphin
69002 Lyon

www.grimeetconcocte.com

Objet : lettre de soutien à l’Espace 44

 Madame, Monsieur,

L’Espace 44 actuellement mis en péril, je me permets de vous adresser ce témoignage.

Cette saison, GRIME et Concocte y crée Le funambule (Jean Genet), en jouit comme lieu de répétition et de représentation. Nous sommes les artisans de cette
compagnie tout récemment créée : issus qui de l’Académie Théâtrale de l’Union (CDN-Limoges), qui de l’ENSATT. En nous soutenant, la salle répond à deux
de ses missions : accompagner le travail des jeunes compagnies et favoriser l’insertion d’élèves d’Ecoles nationales.

L’Espace 44 ou sa situation géographique. Idéale. La rue Burdeau est dédiée aux arts. Il faut qu’ils s’expriment tous. Chacun contribuant à faire connaître
l’autre. Cette rue « mixée » – photographie, peinture, théâtre, musique… – profite à tous, artistes et public : une rue moderne et vivante.

L’Espace 44 ou sa programmation. Eclectique. A la fois populaire et exigeante, refusant l’élitisme comme la facilité. Aller chercher tous les publics, ne
pas se cantonner aux habitués ou aux seuls artistes ? Les spectateurs répondent présent, composent un tissu hétéroclite, fidèle et gourmand.

Au delà, c’est bien de l’âme de cette maison dont je voudrais être porteur. Et de ma rencontre avec le « 44 ».

Mai 2009.

Rendez-vous numéro 44, rue Burdeau, 1er arrondissement, Lyon.

André Sanfratello nous accueille : poignée de main franche et dynamique.

Nous lui avions fait parvenir un dossier du spectacle, via Internet, auquel il avait répondu avec enthousiasme : Le funambule, texte sur l’engagement d’homme
et d’artiste.

Il est tôt le matin.

Toute l’équipe est là, qui se réunit dans le bureau exigu – mais au charme indéniable, sorte de grenier d’enfance – de l’étage. Atmosphère de travail et
de débrouillardise.

Ici, tout est enclin à raconter des histoires.

On commence à parler. Un réel échange se crée. Je sens chez lui cette envie de partager, et… d’aider. Avec humilité.

Je promène ma pensée. Je découvre la salle. Les places assises, leurs coussins rouges, la mezzanine, l’arche.

Ici, il y a cette dimension de sacré et de jeu.

Vous me direz peut-être : c’est dans tous les théâtres pareil. Je répondrai ceci : le théâtre dont je parle, plus que nulle part ailleurs, et l’Espace 44
en est, constitue l’endroit de l’intime, des paris, de l’expérience commune.

Ce lieu a une histoire, des murs marqués de cicatrices, des pierres témoins du temps et des hommes, un plateau au ventre qui gargouille. Il a faim. Faim
d’être en vie. De servir. Comme moi j’ai faim de ne pas voir ce théâtre mourir.

Nous avons parlé un bon moment. Nous en arrivons à la précarité du  métier. A la situation des Scène Découvertes.

André accepte notre projet. Je suis bien heureux. Nous nous serrons la main. Avec chaleur. Je quitte le plancher habillé de noir.

Le théâtre…

En déambulant, je me souviens de son silence, de son odeur, et je piaffe, j’ai hâte de lui « faire la fête »..: je lui dis « au revoir », et non « adieu ».

Mars 2010.

Il m’est toujours cruel d’assister impuissant à la fermeture d’anciens cinémas quand des complexes modernes et à échelle « non-humaine » éclosent. CNP Odéon ? Je ne voudrais pas que la situation se généralise au théâtre.

Il y a de la place pour tous les théâtres. N’en sacrifions pas.

Faisons tout pour maintenir ces salles, prônant l’artisanat du théâtre et le contact direct au spectateur.

Particulièrement l’Espace 44 :

-   incarné par André Sanfratello, qui a su prendre des risques, privilégiant l’humain et l’artistique,

-   incarné par cette salle du « numéro 44 », empreinte d’une histoire passée, présente, et à venir ; empreinte de ses 20 ans de vie et de la promesse de ses années futures.

Cordialement,

David Bescond,

Compagnie GRIME et Concocte.

André SANFRATELLO
Pour l'Espace 44
44, rue Burdeau
69001 LYON

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 En savoir plus :

www.espace44.com