Plus de 6 milliards d’aides économiques gérés en dépit du bon sens. Gâchis impossible dites-vous ? Vous ne connaissez pas l’ingéniosité française…
Quand Philippe Séguin gronde…
L’air débonnaire du gros nounours qu’est Philippe Séguin n’est qu’une illusion. L’image qu’il renvoie ne doit pas cacher le corps qu’il représente car la Cour des Comptes est impitoyable dès qu’il s’agit d’examiner le bon usage des deniers publics. Le discours prononcé par son président le 28 novembre dernier à Poitiers en est le parfait exemple à propos des aides des collectivités territoriales aux entreprises (équivalant à un quart de la Taxe Professionnelle tout de même !). Sans rentrer dans le détail, la seule manière dont il introduit son propos permet de mesurer l’ampleur du désastre : « Un des présidents de Coca Cola avait coutume de dire, considérant les dépenses de publicité de son groupe, « je sais bien qu’au moins la moitié des dépenses ne sert à rien mais je ne sais pas laquelle… ».Ce constat pourrait bien s’appliquer au sujet qui nous réunit aujourd’hui ». Eh oui, encore une performance à mettre à l’actif français : heureusement, la salutaire institution - si peu écoutée… - qu’est la Cour des comptes (et ses cours régionales) a dressé un panorama sans concession de la gestion des deniers publics, les nôtres, par le millefeuille administratif français : bilan « très décevant », « grande confusion institutionnelle », « nombreux manquements au respect des règles nationales et communautaires », « faible portée économique ». Le rapport, très critique, est disponible ici.Décentraliser: est-ce la panacée ?
Décentraliser, rapprocher les compétences et la gestion des services publics au plus près des administrés, qui ne souscrirait pas à un tel objectif ? Notre pays est depuis bientôt 25 ans en phase de décentralisation. Les choses se font, parfois bien, parfois mal, mais quand on lit que un tiers des aides des collectivités territoriales passeraient en coût de fonctionnement, on s’interroge.
Des pistes sont lancées, notamment par Alain Lambert (d’ailleurs chargé par le gouvernement d’une mission sur les relations Etat-collectivités territoriales dont le rapport devrait bientôt paraître) dont la mesure et la justesse des propos sont toujours à saluer. Puissent-elles être évaluées pour être rapidement mises en œuvre ou tout du moins expérimentées dans des régions pilotes !
Alors décentraliser, déconcentraliser ou recentraliser, il va falloir un jour faire l’inventaire des compétences, choisir… et responsabiliser ! Avec la Cour des comptes comme super-gendarme doté de pouvoirs coercitifs ? Je suis pour !
François