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Dati Match

Publié le 21 mai 2010 par Citerne

Dati Match

On avait connu Rachida, Ministre de la Justice, mante religieuse, tueuse de juges et de directeurs de cabinet, Rachida la fashion-victim toute de Dior vêtue et habituée de la Place Vendôme et de l’Avenue Montaigne, Rachida maman, accouchant un jour, le lendemain de retour en conseil des Ministres, Rachida l’Européenne, exilée à Strasbourg, Rachida (pseudo)- cafteuse, Rachida, tentant une difficile reconversion dans les nouvelles technologies, enfin Rachida la femme forte, lançant à la face du monde telle une Gloria Gaynor des années 2010 son « I will survive ».

C’est vrai que Rachida a appris la vie politique à la dure et a tout connu : l’ascension fulgurante, puis l’exil. Elle a connu les fausses amitiés politiques, les courtisans d’un jour qui détournent le regard quand le sort a tourné. Mais il est un ami qui lui est toujours resté fidèle, sans doute parce que Rachida – mieux qu’une égérie L’Oréal payée à prix d’or – fait vendre : c’est Paris Match.

Et Paris Match de (re)mettre notre ex-Ministre de la Justice en une cette semaine, après Zahia et Carla –série que l’on imagine destinée aux Grandes Dames de notre Siècle dont le nom se termine en « a ». L’éclairage de comm’ est différent cette fois-ci : le n-ième avatar de Rachida se veut plus maternel, plus humain, plus proche des Français. La voit-on faire ses courses chez Ed après Dior, me demanderez-vous ? Non, quand même pas. Rachida reste Rachida. Mais Rachida – toujours aussi fashion en escarpins 8 cm vernis noir et jean pattes d’eph’ (légère faute de goût tout de même, que l’on s’étonne que l’hebdo n’ait pas corrigé d’un coup de Photoshop) – nous présente ici sa nouvelle réincarnation : mère aimante de sa fille (« Oui, je suis Maman et je suis heureuse ») et engagée auprès des jeunes. Une image décidemment moins « glamour » et plus engagée socialement, plus dans l’air du temps – selon lequel tout bon people se doit d’avoir des enfants, d’en être le plus heureux des people, et de les mettre en avant. En somme, une belle opération de comm’, à l’image de l’opération de limage des canines que s’imposa François Mitterrand et qui cessa de le faire apparaître comme un vampire assoiffé de Grand Capital, qui rendrait presque plus humain le personnage, la faisant passer du statut de mante religieuse à celle de Vierge Marie (ou n’importe quelle autre divinité païenne de la maternité, si une référence à une quelconque icône catholique est jugée tendancieuse) .

Que retient-on donc de ce publi-reportage, signé Lagardère, media proche du pouvoir ? Que Rachida est proche de sa fille Zohra, ressortie du placard médiatique pour l’occasion, et vêtue d’une veste en plumes du meilleur effet, réminiscence des années Cecilia et du temps de sa splendeur passée. Que Rachida adore le ballon rond, allant même jusqu’à organiser une escapade de jeunes de banlieues (et du VIIe arrondissement !) à Madrid pour pouvoir toucher deux-trois stars locales du foot. Et comme Paris Match fait les choses bien, on a droit à plusieurs pages de panégyrique sentencieux de Tahar Ben Jelloun, dont l’on serait tenté d’attribuer la participation à cette galère plus à quelques embêtantes factures à régler qu’à une réelle connivence avec l’ex porte-parole de Sarko.

Bref, une opération de comm’ impressionnante avec tous les accessoires à l’appui, Zohra, jeunes, fouteux, et caution intellectuelle. Dommage que ce soit aussi peu convaincant. Mais on le sait, Rachida, à l’image de Madonna, n’a jamais été une très bonne actrice, toutes deux à l’ego si envahissant qu’il rend difficile de laisser place à un autre personnage. Allez Rachida, encore un effort, Cannes 2011, c’est encore possible, on veut bien y croire, mais y’a du boulot !



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