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Alerte ! Epais nuage de traders et dérivés financiers toxiques au-dessus de l’Europe

Publié le 21 mai 2010 par Kamizole

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En application du principe de précaution il eût semblé sage de fermer l’espace européen à ces produits dangereux, connus pour gripper sérieusement les moteurs de l’économie, au risque d’un crash – autrement appelé krach – dont les économies européennes et mondiales ne se relèveraient jamais. Air bien connu : ce nuage délétère ne devrait pas toucher la France. Comme naguère celui de Tchernobyl fut miraculeusement arrêté par la ligne bleue des Vosges. Nous bénéficierions d’un fort opportun anticyclone et de vents favorables. Je soupçonne fortement Sarkozy, Fillon et Lagarde – bien aidés en cela par Strauss-Kahn qui se tâterait pour 2012 – d’avoir gonflé leurs joues pour souffler le chaud et le froid afin de chasser en vain cette affreuse nuée de l’espace hexagonal.

Les mêmes causes entraînent les mêmes conséquences. Les spéculateurs de tout poil n’ont retenu aucune des leçons du krach boursier du 11 septembre 2008. D’eux j’attends toujours le pire. Tant il était pré/visible que les opérateurs boursiers et les banques faisaient profil bas mais reprendraient leurs funestes opérations – en pire ! – dès que la situation s’améliorerait un tant soit peu. Nonobstant les “plus jamais ça” la main sur le cœur dont je ne connais que trop l’inanité depuis belle heurette dans tous les domaines. Les subsides des Etats associés à la baisse des taux : de l’argent facile ! y contribuant grandement comme à chaque fois.

Les remèdes nécessaires aux turpitudes de la finance internationale sans foi ni loi étaient pourtant connus, savamment développés à pleines colonnes de journaux par des économistes distingués. Deux ans ½ après, rien de changé. Les G20 se suivent et se ressemblent avec le succès que l’on sait : il est toujours aussi urgent de ne rien décider en matière de régulation financière et bancaire. Attendre. Le tsunami terminal ?

Et l’euro, dans tout ça ? Si la situation n’était si grave je pourrais savourer tranquillement une petite revanche intellectuelle de “noniste” et me gausser de la connerie à la mode chez les partisans de l’Europe qui soutenaient que précisément nous avions échappé au pire de la crise grâce à la robustesse de la monnaie unique. Thèse à laquelle je n’ai jamais cru. Hier, Georges Soros pouvait attaquer la livre britannique - engrangeant au passage une confortable fortune – sans que les autres monnaies n’en fussent atteintes.

Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est bien plutôt une parfaite illustration de la “théorie des dominos” : les pays maillons faibles de la zone euro s’effondrant les uns après les autres, précisément parce qu’ils sont plombés car solidaires de cette monnaie unique. Une cible de choix pour les spéculateurs prédateurs. Qui se sont fait, se font et se feront des “fouilles en or” sur le dos des peuples et des Etats. Jusqu’à quand ? that’s the question… je rappellerais que Marx aurait dit que le dernier capitaliste tresserait la corde qui servirait à le pendre.

Dans le langage populaire, l’excès de précaution se traduit souvent par “la ceinture et les bretelles”. Ceux qui auront fait courir tous les risques les plus insensés à la Planète finance - et partant, à l’économie réelle, aux Etats et populations et a fortiori la Planète pauvre – auront droit à des bretelles aussi dorées que celles des “golden parachutes” que s’octroient les dirigeants des grandes entreprises quand ils les ont conduites à la faillite. Quant à nous, vulgum pecus de cochons de payants et autres con… tribuables, nous sommes fermement invités à nous serrer la ceinture d’un nombre effroyable de crans supplémentaires. Argh ! Grrr !

LE CHAUD : POUR LES MARCHES FINANCIERS

Désormais rassurés. Pour combien de temps ? A peine quelques jours… N’oublions pas qu’en 2008 et 2009 chaque plan de sauvegarde des banques fut suivi d’une courte période d’euphorie boursière. Avant de piquer un nouveau plongeon encore plus profond que le précédent. Parce qu’aucune rationalité – ni économique ni moins encore humaine - ne préside désormais aux antici-pations des traders et autres opérateurs boursiers. Que l’on nommât cela panurgisme ou “trappe à la liquidité” : copiez-vous les uns les autres… Aucun ne voudrait prendre le risque de se démarquer du troupeau. A peine rassurés, déjà paniqués. Comme n‘importe quel drogué, une fois qu’ils ont bien plané, plus dure est la chute. Force est donc de renouveler la dose. A chaque fois, hier comme avant-hier, des centaines de milliers de milliards injectés pour sauver les banques. Responsables, tout comme aujourd’hui, de leurs propres turpitudes.

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Hier, les subprimes titrisées qui avaient fait le tour de la planète sur le tapis volant de fakirs transformant l’économie réelle et financière en casino géant. Aujourd’hui, bis repetitas avec la spéculation sur les CDS “credit défaut swap” – assurance prise par un organisme financier pour se prémunir contre la défaillance de l’Etat emprunteur. Or, comme naguère les subprimes et autres titres toxiques, les CDS se sont “autonomisés” : entendre qu’il est désormais possible d’acheter et vendre des CDS sans pour autant acquérir les titres de créance sur lesquels ils sont adossés. Spéculation donc – toujours aussi déconnectée de l’économie réelle - sans aucun risque pour les requins de la finance dont on connaît désormais les noms, encore que je sois persuadée que la liste soit loin d’être exhaustive !

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En premier lieu, Goldman Sachs – qui a joué sur les deux tableaux : Docteur Goldman conseillant la Grèce en même temps que Mister Sachs (avec des hedge funds) pariant sur un défaut de paiement d’Athènes, spéculait contre l’euro. Le fin du fin ayant consisté en ce que “La Firme” – curieusement, c’est également le nom que se donnent les aigrefins de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée ! – aidât la Grèce à obtenir des fonds sur les marchés financiers tout en faisant courir des bruits sur son insolvabilité. Je n’invente rien, quand bien même serais-je dotée d’une solide imagination. Encore une fois, l’histoire – fût-elle économique et financière – est un roman qui surpassera toujours par ses intrigues et rebondissements n’importe quel thriller.

Moins d’imagination toutefois que les financiers comme le soulignait Jocelyn Jovène le 16 juillet 2009 dans un article d’E24 40 ans d’innovation financière qui notait au passage que le montant des CDS traités dans le monde qui avait chuté de 29 % n’en représentait pas moins de 38.600 milliards de dollars. Montant astronomique qui donne le vertige et fait péter les plombs de ma calculette : “Err”…

:)
«Les marchés financiers ont toujours innové» indiquait un responsable de la Fed… Pour ça oui ! Les spécialistes es “par-ici-l’oseille” ont même fait preuve d’une imagination débordante.

La liste de toutes leurs innovations aussi perverses que polymorphes relève bien de l’inventaire à la Prévert. Je vous en fais grâce ! «Gestion alternative» un temps louangée sans aucun esprit critique dans les colonnes du supplément «argent» du Monde. Et qui pour ma part me fit plutôt dresser les cheveux sur la tête devant tant d’inconscience des risques. Car j’étais heureusement nourrie de lectures autrement saines – notamment deux articles fort anciens d’Ibrahim Warde dans le Monde diplomatique. Quand bien même aurais-je eu de l’argent à placer jamais au grand jamais je n’aurais investi le moindre maravédis dans ces produits dérivés… Dérive garantie.

En effet, les problèmes ne sont pourtant pas nouveaux quand bien même certains ne les auraient-ils découverts que le 11 septembre 2008. Ou feint..

Les attaques des raiders de tout poil : Goldman Sachs, John Paulson, en n’ayant garde d’oublier l’estocade portée par les funestes agences de notation - Fitch Ratings, Moody’s et Standard & Poor’s pour les plus importantes. De vraies mouches à merde qui pondent leurs ignobles œufs sur le cadavre encore chaud de leurs victimes. Hier les banques et les grandes entreprises, aujourd’hui les Etats emprunteurs. Prétendument indépendantes. Trop ! Bien évidemment, telle était déjà la conclusion à laquelle tous les observateurs intelligents et de bonne foi étaient parvenus en septembre 2008.

La simple idée que l’on les puisse soumettre à quelque contrôle que ce soit, étatique ou supra-étatique, leur faisait pousser alors des cris d’orfraie. Ainsi que l’écrivit le 8 septembre 2008 – quelques jours avant le krach boursier, donc - Claire Gatinois dans Le Monde Les agences de notation s’inquiètent. Las ! Si la tarte à la crème de “l’autorégulation” des banques et de ces officines dont la transparence n’est pas vertu cardinale avait quelque chance de réussir, cela se saurait.

Le premier article d’Ibrahim Warde date de juin 1994 !… 14 ans pendant les quels la dérive des nouveaux pro-duits financiers n’a fait qu’empirer. Il est opportunément surtitré : “Un capitalisme hors de contrôle”

L’introduction donne le ton : «En quelques années, le montant des produits financiers dits «dérivés» est devenu astronomique : il correspond au double du produit national brut des Etats-Unis… Au départ, leurs inventeurs prétendaient vouloir prévenir les risques. La montée des incertitudes politiques, les plus-values attrayantes et le laxisme ont fait le reste. La recherche de stabilité est devenue facteur de déstabilisation, l’économie réelle est à la merci de l’économie virtuelle. Faut-il réglementer cette nouvelle bulle spéculative qui ne cesse d’enfler ? Là encore, le refus des contrôles est catégorique…».

Il anticipait bien évidemment un futur éclatement de la bulle financière. Seule la date restait inconnue, comme d’ailleurs celle de l’immobilier. Je dirais une fois de plus, ayant vu éclater quelques bulles spéculatives et sachant en reconnaître les signes avant-coureurs dans les données économiques accessibles dans la presse pour peu que l’on soit un tantinet attentif et intéressé par la chose économique, que toutes les bulles – qu’elles soient physiques ou spéculatives - ont vocation à éclater lorsqu’elles deviennent trop grosses, telle la grenouille de La Fontaine qui tenta d’égaler le bœuf.

Quant aux agences de notation, en février 1997, il mettait en garde contre Ces puissantes officines qui notent les Etats«maîtres auxiliaires des marchés» ! Expliquant dans le chapeau de l’article que «La finance internationale ayant, elle aussi, horreur du vide, le repli des Etats a permis de conforter le pouvoir d’une poignée d’agences de notation privées (…) Une mauvaise note peut coûter très cher, une bonne note se négocier… Cet engrenage n’est pourtant pas fatal : des économistes suggèrent les moyens de restaurer l’autonomie des Etats et de jeter du sable dans les rouages de la finance. Leurs propositions butent contre le mur du silence».

Aujourd’hui, rien de nouveau sous le soleil et ce qu’il disait en introduction de l’article n’a pas pris une ride, bien au contraire. «Le monde de l’après-guerre froide compte deux superpuissances, les Etats-Unis et l’agence Moody’s.» citant Thomas Friedman, éditorialiste de politique étrangère du New York Times, (qui) explicite ainsi sa formule : «si les Etats-Unis peuvent anéantir un ennemi en faisant usage de leur arsenal militaire, l’agence de notation financière Moody’s possède les moyens d’étrangler financièrement un pays en lui décernant une « mauvaise note ». Les Grecs viennent d’en faire cruellement les frais, d’autres pays (dont la France) sont déjà dans le collimateur des agences de notation et traders.

Pour tous les détails, plus croustillants les uns que les autres sur les turpitudes de Goldman Sachs & consorts, je ne peux que vous inviter à visiter l’excellent blog de Jean Quatremer, journaliste de Libération détaché à Bruxelles «Les coulisses de Bruxelles, UE». Notamment Goldman Sachs contre, tout contre, la Grèce.

Vous y apprendrez que le 25 janvier 2010 Goldman Sachs – parmi un consortium de banques – aidait le gouvernement grec à placer des titres d’emprunt sur 5 ans. 8 milliards d’euros alors qu’au départ la Grèce ne voulait que 3 milliards. Déjà l’on peut s’interroger sur cette mystérieuse “inflation”… Plus surprenant encore : la demande atteignit 25 milliards d’euros ! C’est dire le peu de confiance dont jouissait alors la Grèce…

L’on ne saurait comprendre la panique qui saisit ensuite les Bourses au sujet de la solvabilité de la Grèce sans savoir plusieurs choses. D’une part, dès le mois de novembre 2009 Goldman Sachs fit le forcing pour que la Grèce empruntât 25 milliards d’euros. Curieuse coïncidence. Ensuite, un article du Financial Times – la bible des financiers - affirma que la Chine avait refusé d’acheter 25 milliards d’euros d’emprunt grec, un «placement privé» porté par… Goldman Sachs. Ce qui sera démenti par la suite mais le mal était fait : comme le souligne Jean Quatremer «les marchés exigeront quand même d’Athènes une prime de risque encore plus élevée, pour leur plus grand bénéfice».

Or, ce type d’opération est en principe tenu secret et l’on sut que quand bien même la Grèce aurait-elle refusé de souscrire un tel emprunt, il lui fut proposé par le n°2 de Goldman Sachs, Gary Cohn. Il restera ensuite à s’interroger sur l’origine de la fuite. Qui ne peut venir que du cœur de Goldman Sachs. Ou de son complice, John Paulson ou de tout autre patron aussi véreux d’un hedge fund. Lesquels auraient fait le pari le 8 février 2010 - lors d’un dîner rassemblant le gotha de la finance à New York – de faire chuter l’euro au niveau du dollar, selon le New York Times cité par Thibaud Vadjoux dans un article d’E24 du 8 mars 2010 Crise grecque/euro: qui sont les coupables ?.

Il indique que selon le Wall Street Journal, seraient dans le collimateur des enquêteurs américains, la SAC Capital Adivisors, Greenlight Capital, Soros Fund – Georges Foros s’était fait des fouilles en or en spéculant naguère contre la livre sterling ! – et Paulson & Co pour les hedge funds (fonds spéculatifs) ainsi que les traders des banques d’affaires Goldman Sachs, Merrill Lynch (devenue filiale de Bank of America après sa déconfiture) et Barclays qui se seraient également placés contre l’euro.

Procédé d’autant plus dangereux que les hedge funds mobilisent des masses financières considérables empruntées à très court terme – puissant “effet de levier” comme pour les entreprises achetées en LBO – et qu’ils échangent à la vitesse de l’éclair – celle d’internet – des masses de titres dérivés (en l’occurrence les CDS) qui n’ont seulement n’ont plus aucun lien avec l’économie réelle mais dont ils n’acquièrent même pas la propriété puisqu’il s’agit d’opérations “à terme” ou autrement dit «à découvert» : c’est seulement au moment de la clôture de l’exercice boursier – souvent en fin de mois – que les opérateurs boursiers enregistrent leurs gains ou leurs pertes sur les positions qu’ils auront prises. On se souviendra que c’est précisément la clôture de l’exercice qui mit le feu aux poudres dans l’affaire de la Société Générale et Jérôme Kerviel…

Je ne sais si vous l’aviez remarqué mais notre époque absurde est fort attachée à la notion de “flux”, peu important d’ailleurs l’objet, du moment que cela bouge et s’échange. Il est donc de bon ton pour ceux qui commentent l’activité boursière d’indiquer le nombre de transactions et leur valeur. Personne ne semblant se poser une question pourtant essentielle à l’heure d’internet où les échanges se multiplient à la vitesse de la lumière : combien de fois les mêmes titres auront-ils fait l’objet des transactions ?

Enfin, il est désormais connu que Goldman Sachs a aidé la Grèce à maquiller ses comptes. Ceux-ci l’ont été avant son adhésion en 2001 mais également en 2002, par un artifice financier lui permettant de dissimuler l’ampleur de sa dette et ainsi emprunter davantage – un milliard de dollars - tout en faisant semblant de respecter les critères de Maastricht (60 % de son PIB). Le mécanisme est parfaitement décrit dans un article d’Elsa Meyer sur E24 - excellent supplément économique de 20 minutes - datant du 16 février 2010 Comment la Grèce a-t-elle maquillé ses comptes ? Au passage, Goldman Sachs empocha 300 millions d’euros pour rémunération de ses services.

Pour contourner la règle tout en permettant que les autorités de Bruxelles n’y voient que du feu, Goldman Sachs a proposé à la Grèce un montage financier à l’aide de «swaps sur devises». Pour faire court, swap se traduit par “écart”, entre des taux d’intérêt ou des devises. «Au lieu d’un emprunt classique, ce produit financier consiste en un échange entre deux parties, d’une dette libellée dans une devise, l’euro par exemple, contre une dette libellée dans une autre devise, comme le dollar. Cet échange n’apparaît pas comme une dette sur les comptes mais comme une opération de trésorerie».

Goldman Sachs a beau jeu aujourd’hui de spéculer sur la chute de la Maison Grèce ! lors même que cette banque de m… est à l’origine de tous les malheurs financiers, économiques et sociaux de la Grèce. L’ironie de l’histoire – mais je doute que le peuple grec en goûtât tout le sel non plus que les Français, désormais promis à la même portion congrue ! – étant qu’à l’époque le Vice-président Europe de Goldman Sachs n’était autre que Mario Draghi, devenu depuis gouverneur de la Banque centrale d’Italie – Silvio Berlusconi s’y connaît en fripouilles maffieuses – et candidat, heureusement écarté ! à la présidence de la BCE… Comme le rappelle fort opportunément Jean Quatremer.

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La matière des turpitudes de Goldman Sachs - passées et présentes - étant d’une ampleur considérable, j’y reviendrais plus en détail. Ils n’aiment rien moins tant que la publicité sur ces faits, selon ce que j’ai lu sur un article paru sur E24 le 3 mars 2010 Goldman Sachs n’en peut vraiment plus des journalistes. Depuis plusieurs semaines, ils sont amplement servis et pas dans un sens favorable !

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