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Apéros Facebook : La Proposition Choc de Nicolas Sarkozy

Publié le 22 mai 2010 par Sagephilippe @philippesage

Sarkapéro.jpgCoup de théâtre, hier soir sur TF1, dans l’émission “A Votre Santé, M. Le Président !”.
Devant une Laurence Ferrari médusée et un David Pujadas égal à lui-même, le chef de l’Etat s’en est pris violemment à ceux qui “stigmatisent la jeunesse, qui est la richesse de ce pays”.
Puis, il ajoutait : “Je n’ai pas été élu pour interdire les apéros Facebook, Madame Ferrari !
Nicolas Sarkozy a donc pris l’opinion publique à contre-pied. Comme, en son temps, François Mitterrand. Alors que 58% des français sont pour l’interdiction systématique des apéros Facebook, le locataire de l’Elysée a martelé qu’il n’était “ni question de les interdire, ni même de les encadrer".
Le chef de l’Etat s’est ensuite lancé dans un vibrant plaidoyer en faveur de la jeunesse française, “une jeunesse imaginative, qui ne se laisse pas abattre par la crise, et qui a choisi, et comme on peut la comprendre, David Pujadas, de s’amuser”. Et quand le journaliste de France 2 lui rappelait que le peuple français était majoritairement favorable à l’interdiction, le Président de la République a rétorqué qu’il n’était “pas homme a se laisser gouverner par les sondages. Les sondages, sondent, a-t-il dit, moi j’agis. Chacun son métier”.
Puis, nouveau coup de tonnerre, il a annoncé son intention d’inscrire les apéros Facebook dans la Constitution :
Dans un monde en crise, la pire que nous ayons connue depuis un siècle, Laurence Ferrari, et dans une République de droits et de devoirs, les jeunes ont non seulement le droit de se retrouver en ville pour y faire la fête, mais également le devoir de le faire (…) C’est pourquoi je souhaite la mise en œuvre d’une réforme constitutionnelle”.
Certes, Nicolas Sarkozy ne peut plus obtenir une révision de la Constitution sans l’accord au moins implicite du PS, mais il compte sur la “sagesse des dirigeants socialistes” tout en les invitant à ne “pas perdre leur sang-froid”. Laurence Ferrari eut beau faire remarquer au chef de l’Etat que la majorité des trois cinquièmes serait, sans doute, difficile à atteindre, il balaya cette hypothèse d’un revers de la main et a insisté sur le fait qu’il était temps “que chacun prenne ses responsabilités” rappelant, au passage, son slogan de campagne présidentielle, “Ensemble, tout est possible” : “Eh bien voilà, ils sont ensemble, mieux, ils s’amusent ; au Congrès, désormais, de se prononcer sur le possible. Et sans vouloir influer de quelque manière que ce soit sur sa décision, je le dis très solennellement, il est temps que la France entre dans le troisième millénaire et y prenne toute sa place”.
Les questions de “santé publique” furent abordées par les deux journalistes, mais là encore, M. Sarkozy renvoya l’argument arguant que “le gouvernement n’avait pas à se mêler de la santé de ses concitoyens ! Avouez que c’est quand même formidable, ça, David Pujadas ! Nous avons là, une jeunesse qui s’amuse, fait la fête, et il faudrait s’en inquiéter ! Enfin, c’est quoi cette histoire ?”.
Très en forme, le Président de la République a même ironisé sur sa faible côte de popularité : “Croyez-vous qu’au stade où j’en suis, j’ai vocation, en plus, à devenir imbuvable ?”.
Cependant, l’échange est devenu autrement plus vif, lorsque Alain Duhamel est venu conclure l’émission. Visiblement irrité par des questions portant sur “la dette publique”, le “chômage qui tarde à se stabiliser” et “les préoccupations des français, qui sont, croyez-le ou non, autrement plus importantes que l’inscription des apéros Facebook dans notre Constitution”, Nicolas Sarkozy a sèchement répondu au journaliste par un sonore “Faites pas le malin, Duhamel !” avant d’expliquer que “ces apéros ne coûteront pas un seul centime d’euro aux français” et insistant, une nouvelle fois, sur le fait “qu’en temps de crise, il est normal de s’amuser, Alain Duhamel. Je comprends que ça ne vous plaise pas. Peut-être que vous n’aimez ni la jeunesse, ni Internet, eh bien, moi, Alain Duhamel, je l’aime ! La jeunesse, Internet. Je trouve qu’il y a là, un formidable espoir ! Un élan ! Il faut l’encourager !”.
Alain Duhamel tenta bien de revenir à la charge, en vain, le chef de l’Etat l’interrompit avec une phrase qui fera sans doute date dans l’histoire de la Vè République : “Je n’ai pas été élu pour vous écouter, Alain Duhamel
Les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir suite à l’annonce faite par le chef de l’Etat d’inscrire les apéros Facebook dans la Constitution.
Le Parti Socialiste parle de “démagogie” et “de totale irresponsabilité de la part du Président de la République”.
Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) se demande si “après le G20, Nicolas Sarkozy n’aurait pas l’intention de créer le G Vin ?”.
Quant à Dominique de Villepin, il a ironisé en proposant de nommer “Charles Pasqua, ministre des Apéros Facebook” ajoutant que le sénateur retrouverait là “ses premières amours”.
L’Elysée a immédiatement répliqué évoquant “le sectarisme et l’archaïsme de la gauche. Une gauche tournée vers le passé, qui n’aime pas la jeunesse, et le fait savoir”.
Seule fausse note dans ce concert, Frédéric Lefebvre qui, s’il reprit à son compte les termes de “sectarisme” et d’”archaïsme” ajoutait qu’il “faudrait peut-être songer à renvoyer la gauche dans son pays !” [*]
Quant à Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la famille elle s’est réjouie de voir les apéros Facebook bientôt inscrits dans la Constitution, voyant là, “une preuve formidable de la modernité de notre Président” puis, elle a invité tous les jeunes de France à venir danser avec elle sur Les Black Eyes Peas et Lady Gaga à Toul, lundi prochain.
Enfin, selon Claude Guéant, Jean-Louis Borloo devrait être prochainement nommé Premier ministre des Apéros Facebook. Il aura pour première tâche d’organiser via Facebook, mais aussi Twitter, une "Garden-Party géante", le 14 juillet prochain, à l’Elysée.
[*] D’après le Canard Enchaîné à paraître mercredi prochain, Nicolas Sarkozy aurait fait part de son agacement suite à la déclaration du porte-parole de l’UMP : “Ce Frédéric Lefebvre commence à me saouler, grave” aurait-il dit à l’un de ses proches collaborateurs.


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