Deux amants courent sous la pluie battante, enlacés.
On s’attend à ce qu’ils s’embrassent, sous un porche voisin, bien abrités, comme dans ces vieux films romantiques, à l’image lente et épurée.
Deux fragiles silhouettes courent sur les pavés luisants.
Ils pourraient tomber. La femme s’accroche au bras de l’homme. Ses talons hauts glissent. Ils s’arrêtent un instant. Elle se penche, tout le corps plié, et enlève ses chaussures, qu’elle tient à présent par la bride croisée.
Et la pluie, toujours, qui ne cesse de se déverser sur eux, sur nous, et sur la ville, sombre et embuée.
Deux imperméables foncés, serrés l’un contre l’autre, courent dans les ruelles obscures, bien mal éclairées.
Les escarpins brillent, par intermittence, au bout du bras de la jeune femme, en rythme, balancés.
Un néon clignote dans la nuit, éclairant les façades des immeubles accolés.
Le couple ralentit, il semble épuisé. Derrière une lucarne vitrée, une femme entre deux âges leur tend deux tickets carrés, jetant un regard méprisant sur leurs deux visages ravagés.
Ils sont en retard. La séance est commencée.