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(UK) Doctor Who, series 5, episode 8 : The Hungry Earth (1)

Publié le 23 mai 2010 par Myteleisrich @myteleisrich

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Il s'agit de la première partie d'une nouvelle aventure s'étalant sur deux épisodes. De façon plus marquée que dans le précédent double épisode, The Hungry Earth s'apparente à une vaste introduction, révélant progressivement les enjeux du jour, mais dont la portée réelle dépendra clairement de la réussite de la seconde partie. Se terminant sur un cliffhanger prévisible mais efficace, c'est peut-être plus le trailer de l'épisode suivant qui laisse le téléspectateur frustré et impatient. Pour ce qui est de The Hungry Earth, c'est aussi l'occasion de renouer avec des créatures de la mythologie de l'ancienne série de Doctor Who, que nous n'avions pas recroisées depuis 2005, les Silurians (Homo Reptilia), qui furent introduit pour la première fois dans cet univers en 1970.

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L'épisode s'ouvre sur un de ces inattendus dont le Docteur a le secret, les atterrissages non maîtrisés du Tardis dans des lieux ou des époques imprévus, alors qu'une plage ensoleillée et reposant était promise à nos héros. Ainsi, alors qu'ils devaient débarquer en plein carnaval de Rio de Janeiro, nos amis en sont pour leurs frais en se découvrant arrivés au fin fond de la campagne britannique, dans le cimetière d'un petit bourg perdu, en 2020. Le temps de s'auto-saluer avec leurs "futurs soi" en plein pèlerinage sur la colline opposée - petite anecdote futuriste d'une chose que j'imagine totalement Amy et Rory pouvoir faire dans quelques années - , et les voilà rapidement projetés dans une aventure aux accents de choc des civilisations, où l'étiquette "d'envahisseurs" est impossible à apposer, à la différence de tant de confrontations avec d'autres créatures non humaines.

C'est que, dans ce bout de campagne perdu, se trouve également une installation minière. Les responsables, des chercheurs, ont entrepris de creuser le plus profond possible, ayant découvert un minerais datant de plusieurs millions d'années. Or, s'il y a bien une règle primaire de survie que Doctor Who nous a enseignée au cours de ces dernières saisons, c'est que cette obsession très humaine, que Jules Verne traduisait déjà en mots il y a plus d'un siècle, est dangereuse. Le monde sous-terrain regorge généralement de secrets oubliés qu'il est plus prudent de laisser dormir en paix. Malheureusement, dans l'épisode du jour, il est trop tard pour sauvegarder cette tranquilité. Un trou de plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur a déjà été percé ; et, la veille, la machine qui continue de creuser a réveillé quelque chose.

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Or, ce quelque chose, quel qu'il soit, a pour le moment un effet direct sur le sol de cette bourgade. Il ne s'agit pas seulement des cadavres des personnes enterrées dans le cimetière qui disparaissent mystérieusement, mais, surtout, d'étranges trous qui sont apparus autour de l'installation minière. L'homme responsable de la surveillance de nuit a disparu. Lorsque le Docteur et Amy pénètrent sur les lieux, la situation a déjà échappé à tout contrôle. Plutôt habilement, l'épisode maintient dans un premier temps le mystère, en n'identifiant pas immédiatement les adversaires du jour. Au contraire, il commence par donner comme vie à la Terre : un phénomène se produit, aspirant les gens sous la surface comme si un sol a priori inoffensif se changeait en sables mouvants vivants.

Une nouvelle fois, le Docteur et Amy vont se retrouver séparés par les évènements ; et Amy va partager le sort des victimes, disparaissant sous terre. Si le téléspectateur ne se fait pas excessivement de souci pour le sort de la jeune femme, j'ai été surprise par l'intensité et la force de cette scène où le Docteur finit par lâcher la main d'Amy qui est "avalée" sous ses yeux. Il se dégage de cette échange une émotion assez poignante qui m'a profondément touchée. Cela sonnait très juste, sans sur-jouer dans le dramatique.

Cette nouvelle séparation forcée entre Amy et le Docteur, au cours d'une aventure, ne désquilibre cependant pas notre équipe, en raison de la présence de Rory, qui continue de s'intégrer naturellement dans la dynamique globale. C'est sur lui qu'échoue donc le rôle de servir d'appoint au Docteur ; une mission dont il s'acquitte avec brio, confirmant également le fait qu'il forme un duo très sympathique à suivre associé au Docteur. C'est d'ailleurs une des forces de ce casting que de pouvoir actuellement aussi bien fonctionner en trio qu'en duo, chacun des trois protagonistes se révélant très complémentaire avec les deux autres.

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D'autant qu'en l'espèce, il n'y a pas de temps à perdre. Le sauvetage d'Amy viendra en son temps, tout d'abord il s'agit d'assurer l'accueil des créatures réveillées sous la Terre et qui s'apprêtent à surgir à la surface. Accompagné d'une poignée d'humains, c'est au Docteur de sauver la situation, en commençant par apprécier quels sont les enjeux. L'épisode bascule durant quelques scènes dans la "fiction de monstres" classique, en témoigne cette course-poursuite entre les tombes du cimetière. Une ambiance introductive des plus suggestives pour permettre ensuite la première rencontre directe avec un ennemi désormais identifié par le Docteur : il s'agit des Silurians. Ces derniers, qui appartiennent à la mythologie whonesque, sont des humanoïdes reptiliens, une autre branche de l'évolution. Ils sont donc eux-aussi des terriens. Ce qui permet quelques remarques décalées du Docteur, pointant qu'il ne s'agit pas d'une invasion, et que techniquement, les Silurians ne sont pas des extraterrestres.

Avec l'aide de Rory, le Time Lord réussit à capturer une des Silurians, confirmant que nous sommes dans un processus de prises d'otages réciproques et que, pour le moment, aucune victime n'est (encore) à déplorer dans les différents camps. La confrontation avec Alaya, la Silurian, est à la hauteur des attentes que cette progressive introduction avait pu susciter. Le personnage se révèle hostile, campant sur ses positions ; et le Docteur alterne entre enthousiasme de croiser à nouveau cette race et menaces claires, jouant plus que jamais sur la dualité de la personnalité d'Eleven.

De cet échange, il ressort surtout une menace de guerre, entre Silurians et êtres humains, tous deux proclamant leurs droits légitimes sur "leur" Terre. L'objectif du Docteur va donc être d'éviter cette escalade. Pour atténeur les tensions, il devient nécessaire de prendre contact directement avec les Silurians. Mais le Time Lord sous-estime considérablement la gravité de la situation... Car c'est une entière civilisation d'homo reptilia qui a perduré dans les sous-sols de ce petit bout perdu de la Grande-Bretagne, et qui a été dérangée.

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Si l'épisode est un peu lent à démarrer et ne se dégage jamais de l'impression qu'il fait simplement office de vaste introduction avant que les choses sérieuses ne commencent réellement dans la seconde partie, il introduit cependant plusieurs thématiques qui seront sans doute un peu plus développées ensuite.

Ce sont peut-être les parallèles évidents entre les humains et les Silurians qui sont les plus marquants, car il ne s'agit pas des bons côtés de chacune des deux races. Ils partagent en effet les mêmes réflexes de survie meurtriers. Ainsi, la mère humaine rassemble-t-elle des armes, prête à se battre, en suivant le même instinct "guerrier/territorial" que les Silurians eux-mêmes une fois qu'ils ont été agressés. De façon encore plus éclatante, l'épisode pointe les similitudes dans leur attitude vis-à-vis des prisonniers. La première suggestion faite par le responsable minier n'est-elle pas de disséquer la Silurian, afin d'identifier ses faiblesses et ainsi mieux connaître cette race ennemie ? Evidemment, le Docteur se charge de balayer cette idée, mais ce n'est pas un hasard si nous découvrons ensuite à la fin de l'épisode que les Silurians ont, de leur côté, fait la même chose à leurs otages.

On retrouve de part et d'autre des sentiments similaires : la défiance, la peur, de cette autre race ; une revendication territoriale de la planète, où l'autre n'est pas sensé avoir une place, assimilé à un envahisseur qu'il n'est pas ; et puis, cet instinct guerrier qui refait surface... Le discours du Docteur qui choisit de bien mettre les choses au point avant de ne partir en quête des Silurians est particulièrement révélateur. Il confie l'otage Silurian aux trois humains restants, mais est conscient qu'il ne peut pleinement faire confiance à leur nature primaire. Les humains sont bien plus proches des Silurians qu'aucune des deux races ne souhaiteraient le reconnaître ; préserver la paix est l'objectif d'un Time Lord, pas forcément d'êtres humains qui réagissent à une attaque. Heureusement, Rory reste également sur place. Cependant, les affirmations narquoises d'Alaya suffisent à bien pointer le risque de dérapage existant. L'otage doit rester vivante, mais ça n'ira pas forcément de soi. D'autant que cette dernière rêverait de se transformer en martyre pour déclencher des représailles sanglantes.

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Outre ce parallèle qui brouille le lisibilité des deux camps en présence, l'épisode offre une nouvelle fois au Docteur la possibilité de mettre en lumière toute l'ambivalence de son personnage. Je me repète, mais je suis chaque semaine fasciné par les contrastes d'attitudes et d'émotions qu'Eleven peut exprimer au cours d'une seule scène. The Hungry Planet propose encore plusieurs exemples soulignant cette ambiguïté. C'est ainsi le cas lors de sa discussion avec la Silurian, où il débute porté par l'excitation de cette nouvelle rencontre avec cette espèce, témoignant d'un enthousiasme sincère pour leur technologie, avant que les réponses d'Alaya à ses questions ne l'assombrissent. C'est en particulier le mensonge selon lequel elle serait la dernière de son espèce, d'autant plus cruel quand il est adressé au dernier des Time Lords, qui l'amène à se montrer plus menaçant. Matt Smith module à merveille son visage et le ton de sa voix suivant les circonstances. Une performance de haut vol.

Dans cette même lignée, je retiendrais également la scène où la mère rassemble des armes "pour se défendre", prouvant bien que la menace de rupture de la paix peut provenir des deux espèces. Le Docteur lui indique qu'il agit sans avoir recours à de tels procédés, l'invitant à oublier cette alternative sur un très ambigu "I'm asking nicely", où perce derrière un sourire poli, un ordre ne souffrant d'aucune discussion où l'on descellerait presque une menace tout juste voilée.

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Bilan : The Hungry Planet apparaît donc avant tout comme une introduction pour la seconde partie de l'aventure, qui promet beaucoup. Après un départ très calme, l'épisode accélère progressivement, construisant peu à peu une tension qui culmine avec l'arrivée à la surface des Silurians. La ré-introduction de cette créature rattachée à la mythologie globale de l'univers whonesque se révèle des plus efficaces. Au final, ces quarante minutes esquissent différentes thématiques, comme le parallèle dressé entre ces homo reptilia et les êtres humains peuplant la surface de la Terre. Et si le cliffhanger se termine de façon prévisible, mais le trailer achève d'aiguiser l'intérêt du téléspectateur pour une suite qui promet beaucoup !

Pour formuler un jugement sur l'aventure elle-même, il faudra par contre attendre la seconde partie, les deux étant trop dépendantes.


NOTE : Non noté, étant donné que cet épisode est surtout une introduction pour le suivant, une note globale sera attribuée à la fin de ce double épisode.


La bande-annonce du prochain épisode, la seconde partie de l'aventure, Cold Blood :


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