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Y viennent chez nous, qui fassent comme nous!

Publié le 24 mai 2010 par Politicoblogue
 

Y viennent chez nous, qui fassent comme nous!

source: www.tadamon.ca

Par Ian Sénéchal,

Ce texte a été publié le 21 février 2010 sur Les Analystes,

Vous avez tous déjà entendu probablement cette phrase dans votre entourage. Elle ressort tout le temps lorsque le débat sur les accommodements raisonnables (ou déraisonnables) refait surface. Cette phrase fait partie des petites perles qui permettent à tout le monde d’analyser une situation complexe très rapidement et de prendre position facilement. Un classique dans le débat public quoi!

Un des événements qui a, dans le passé, amené l’ADQ à croître aussi rapidement dans les intentions de vote des gens au début de 2007 est justement le débat intense sur les accommodements raisonnables. Mario Dumont avait alors exprimé tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Aujourd’hui, c’est le PQ qui tente de s’approprier ce discours alors que, comme d’habitude, le PLQ fait carrément dans son pantalon.

Ce débat devait se faire au Québec. Il était alors important de tracer la ligne entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Par contre, aujourd’hui, près de 3 ans plus tard, j’ai l’impression que la société québécoise n’a pas encore évolué sur cette question. Le manque de leadership du gouvernement dans ce dossier en est probablement la cause.

Certes, plus de gens prennent la parole pour défendre nos valeurs, mais j’ai comme l’impression qu’aujourd’hui, une situation qui devrait être analysée au cas par cas et qui implique une minorité religieuse passe automatiquement dans la machine à saucisses de l’opinion dénonciatrice et que tout le monde se sent à l’aise de condamner la situation par souci de sauvegarde de nos valeurs québécoises profondes! Tout ceci étant justifié par l’adage : « Y viennent chez nous, qui fassent comme nous ».

La liberté est également une de nos plus profondes valeurs

Or, parfois, je considère que la majorité généralement silencieuse, sauf sur ce débat, dérape trop souvent. Une des choses qui me rend le plus fier d’être canadien et même d’être québécois, c’est le fait que je puisse vivre dans un pays libre. Un pays où il est permis de critiquer son gouvernement, où l’on peut avoir des droits, où il est possible de se regrouper… Même si je considère mon pays comme étant loin d’être parfait, il vaut mieux, en terme de liberté, que bien des pays dans le monde.

Pourquoi parler de liberté. Simplement parce que je souhaiterais que les Québécois placent un adage différent dans leur tête quand vient le temps d’analyser une situation d’accommodements : « Ta liberté s’arrête là où celle des autres commence ».

Par exemple, si une femme décide de porter une burqua, chose très rare au Canada, c’est son affaire. À qui nuit-elle en réalité? Quelle liberté individuelle attaque-t-elle en réalité? Les féministes diront que l’égalité des hommes et des femmes est remise en cause par ce geste. Peut-être, mais pourquoi devrait-on lui enlever le droit de se vêtir ainsi. Elle est libre de son choix. Non, vous me direz, elle est peut-être opprimée par son mari. Et bien, on tombe de la supposition. De plus, si le mari commet des actes criminels envers elle, elle a le droit de se défendre et elle a le droit d’être protégée. On est au Canada après tout.

Je n’adhèrerai jamais au système de valeurs des religions qui imposent des choses de ce genre aux femmes. Par contre, je respecterai toujours leur choix même si je le trouve profondément stupide. Ce n’est pas parce qu’une coutume nous est étrangère qu’il faut l’interdire.

Les écoles juives veulent ouvrir le week-end. Oui et après. On s’en fout. Ils font bien ce qu’ils veulent temps et aussi longtemps qu’ils respectent les normes du ministère pour l’enseignement des matières de base (chose qu’ils ne faisaient pas avant ce fameux accommodement).

L’atteinte à la liberté des autres doit faire foi de tout

Évidemment, certaines coutumes doivent être interdites selon moi. Principalement lorsque la liberté et la sécurité des autres sont menacées. Par exemple, il est logique d’interdire à un sikh d’entrer à l’Assemblée nationale avec son kirpan. Oops, on lui a permis l’accès. Une tape sur les doigts des agents de sécurité. C’est une question de sécurité. D’ailleurs, les Sikhs ont été plutôt arrogants sur ce dossier à mon avis. Ils auront beau avoir un jugement favorable de la Cour Suprême en poche, ils doivent comprendre qu’un kirpan, ça ne passe pas dans un détecteur de métal, alors, qu’il le laisse à la maison. Sinon, un jour, quelqu’un pourrait avoir la malheureuse idée d’exploiter cette brèche de sécurité pour attaquer nos députés. Surtout que cette brèche a été médiatisée.

Il est normal de ne pas accommoder les gens dans certaines situations. Je ne comprends pourquoi on serait obligé de faire servir une femme musulmane par une femme dans ses rapports avec la fonction publique. Cela représente une perte de temps et de productivité dans le traitement des dossiers et ça ne sert personne.

Il faut dénoncer le fait qu’un ambulancier se fasse mettre dehors d’une cafétéria pour avoir mangé du porc dans un lieu public juif, financé par le gouvernement. On peut signifier à l’ambulancier que l’on préférerait qu’il fasse attention la prochaine fois, mais on ne peut l’expulser. On brime sa liberté.

Le manque de leadership du gouvernement

La principale raison qui explique le fait que la société québécoise est si confuse dans ce dossier est l’absence totale de leadership du gouvernement dans ce dossier.

L’accommodement accordé aux écoles juives cette semaine aurait dû passer comme une lettre à la poste. Mais non, Jean Charest et sa gang de peureux ont essayé de passer tout ça en catimini.

En terme de relation publique, ce fut un échec. Cela à envenimer la situation. Pourtant, l’accommodement offert est totalement justifié et défendable.

Le gouvernement devra appliquer des normes de transparence et de communications efficaces pour traiter ces dossiers, tout en en profitant pour faire la pédagogie nécessaire pour diminuer la sensibilité des Québécois sur ces sujets. Pourquoi pensez-vous que les gens sont si sensibles à ces questions. Ils ont la perception, et ils ont raison, que tous ces accommodements sont négociés en catimini et que l’on est toujours en train d’essayer de leur en passer des petites vites.

Pour conclure, il faut garder en tête que la liberté est une belle valeur à laquelle on tient, mais qu’il n’y a pas que notre propre liberté qui est importante, la liberté des autres l’est tout autant.

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