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Pétaud-le-Bref, la Cour, et patati et patata...

Publié le 15 avril 2010 par Pseudo

humour2.png Oyez, oyez, manants du royaume de France et des Vents-Puants ! Et ouvrez vos narines ! La brise nous amène les relents de la Cour, ce bon fumet de lisier. Pétaud-le-Bref, nous dit-on, est ulcéré et sa panse nous livre toute l'odeur de son courroux.

La banlieue se serait-elle soulevée ? Gueux et rastaquouères, métèques, trublions, dealers crépus, et tous les surendettés des faubourgs scélérats, marcheraient-ils sur le VIIème arrondissement ? M. Proglio, dit Bel-Henri ou Riton-l'Imbroglio, s'apprêterait-il à déserter son poste de fermier général d'EDF lassé de n'être pas rémunéré ? Barack d'Alabama, l'insolent rival, aurait-il une fois encore, une fois de trop, pris toute la lumière ?...

Point de tout cela, chers et bons sujets de Sa Gracieuse Acrimonie. Le royaume bruit de rumeurs bien plus terribles. Des rumeurs domestiques !... La Chambre du roi est attaquée ! On entrouvre la porte, on renifle la couche, on glisse prestement une main sacrilège entre les draps défaits pour y déceler la tiédeur suspecte. Les appartements de la reine ne sont pas mieux gardés. Des espions rapportent des conversations, des chuchotis peut-être, des regards convenus, des esquisses de gestes, des rencontres possibles, des attouchements – qui sait ? Reine et roi, chacun de son côté, se livreraient-ils à ...? Des conjurés n'hésitent pas à colporter ces outrages chez tous les bas-échotiers du royaume. Le caniveau se gonfle de cette urée ; il empeste le palais, la Cour, tout le faubourg Saint-Honoré, la Seine est polluée...

Branle-bas de combat chez les officiers de la Maison royale et des Affaires matrimoniales : écuyers du Pot-de-Chambre, pages des Liquettes-et-Jarretelles, chambriers de l'Intimité-retroussée, et jusqu'aux huissiers des Menus-Plaisirs, des Matins-Câlins et de l'En-cas-Vespéral, tous donc font barrage de leur corps et courent la rue sus à la malveillance. Le Grand-féal Guéant mène cette robuste armée. Le corne-voix privé, Charon-le-Rond, convoque les gazetiers : «Ça va saigner ! tonne-t-il. J'en connais deux ou trois à pendre au croc du boucher. Le bourreau est déjà convoqué. »

Car le complot est avéré ! La duchesse d'Athy ci-devant garde des Sceaux-et-des Lettres-de-Cachet, tombée en disgrâce pour impertinence, exilée aux Etats-généraux des Marches rhénanes, aigre de vengeance et de dépit, serait l'âme de la félonie ; elle commanditerait les "officines" de basses œuvres, et tirerait même, nous jure-t-on, les ficelles d'une ligue d'usuriers à la solde de l'Etranger (c'est Charon qui le dit)... Quel émoi ! Les joues se boursouflent d'indignation. Des camps se forment. On craint des assauts à chaque recoin du palais. Pétaud-le-Bref veut des têtes – raccourcir lui est une seconde nature. Les argousins royaux sont mandés en leur secrète tanière, lancés à la poursuite des comploteurs. Guéant, Charon-le-Rond, et l'avocat de cour Herzog, convoqué lui aussi pour enrichir le débat, piaillent au crime de lèse-majesté. Les échotiers sont menacés, terrorisés, dénoncent leurs plumes fautives, se vendent mutuellement. Le charivari gagne le royaume ! Passe le Rhin, la Manche, l'Océan, les autres mers. Ce qui n'était que vesse de couloir isolé devient par le royal tintamarre affaire d'Etat. L'Anglois, le Saxon, le Germain, et même l'Italiote, pourtant bien servi de son côté, l'Hellène peut-être, se gaussent sans retenue. L'Américain ricane de toutes ses dent. Pétaud-le-Bref en trépigne de rage. « Les crocs ! hurle-t-il. Les crocs ! Que j'empale la friponne comme Villepin le coquin ! »

Ah, braves gens ! Le royaume tiendra-t-il debout ces deux prochaines années, avant que ne se déclenche la guerre de Succession programmée ? Eh bien, peuple de France, vilains et laboureurs, gens de peu ou de pas grand chose, notablillons des champs et des granzansambles, culs-terreux, hobereaux crottés comme leurs domestiques, abbés de ferme ou imams de ZUP, ignares et libidineux, besogneux des bas-quartiers, populace des ruelles borgnes, ribaudes, souteneurs, fainéants et quémandeurs, ripailleurs en tout genre, gazetiers incultes, saltimbanques ahuris, idiots télévisuels, maîtres d'école sadiques, penseurs creux à gros jabot, vendeurs de crottes de nez, cupides et arrogants, militants des Charités bien ordonnées, du Devoir de Mémoire et de la Main de ma Sœur dans la Culotte du Zouave, obèses et anorexiques, maniaques sexuels, prothésistes dentaires et enculeurs de mouches, soyez rassurés ! Devant le trouble naissant, la reine Carlita en personne s'est avancée au balcon. Et sous les vivats a brandi le document qui terrassera la rumeur : la prochaine une de Paris-Match, la reine et la duchesse d'Athy bras dessus bras dessous place Vendôme... Alors d'un coup les écrouelles furent guéries, et le réchauffement climatique contenu...

Et voilà comment, braves gens, notre beau royaume ressemble chaque jour davantage à la Présipauté de Groland.

Aciao bonsoir !


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