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Intégration marketing réussie en PME

Publié le 06 décembre 2007 par Christophe Toudic

Après un break de 2 mois me revoilà pour parler d’une intégration marketing réussie en PME.

Contrairement à une idée reçue, si le terme même de « stratégique » crée, en PME, plus d’allergie qu’autre chose, j’ai souvent pu constater que certaines décisions des managers hermétiques aux concepts « trop fumeux » (.) peuvent se révéler être d’une grande pertinence stratégique. J’ai souvenir de cette entreprise spécialisée dans la frappe d’or ou d’argent qui, sous l’impulsion d’un nouveau DG, s’était remarquablement diversifiée en s’appropriant un nouveau savoir faire dans la fonderie d’étain. Les succès commerciaux enregistrés dans la bijouterie fantaisie de luxe qui s’en étaient suivis avaient largement contribués à redonner une nouvelle dynamique à cette entreprise vieillissante.

Comme Mr Jourdain faisait de la prose sans le savoir, certains managers de PME se révèlent être de fins stratèges sans le savoir.

Il faut une vraie humilité aux hommes marketing pour approcher une PME. La tentation est en effet très grande de balayer ce qui n’a pas été formalisé selon des schémas rabattus et de poser un soi disant « savoir-faire » qui a fait ses preuves mais qui se révèle sans lien avec la réalité directe de l’entreprise dans son secteur. Attention donc : pas de précipitations qui risqueraient de compromettre une intégration réussie dans l’entreprise.

Pour avancer sur mon propos je découperai bien mon approche selon les étapes suivantes :

- Analyser le cadre culturel de l’entreprise et appréciez vos marges de manœuvre par rapport au management en place - Organisez un mode de fonctionnement clair qui privilégie les préoccupations commerciales immédiates de l’entreprise - initiez un management stratégique (sans le nommer).

Le préambule d’une intégration marketing en pme est donc, d’être vigilant à la culture en place dans l’entreprise. Le sujet peut paraître presque philosophique bien éloigné des préoccupations de l’entreprise mais il est pourtant essentiel.

Gardons bien à l’esprit qu’une PME est l’expression presque fusionnelle entre un individu (ou un petit groupe d’individus) et une entité économique. L’empreinte du patron est essentielle pour expliquer le cadre culturel de l’entreprise et il est important de bien maîtriser son profil pour imaginer une intégration réussie. Observons ses ressorts de motivation.

Il n’y a pas de profil type des patrons de PME (vérité de Lapalisse, il y a de tout : des bons mais aussi de très mauvais…). Maurice Thévenet et Bernard Touchebeuf dans leur bouquin « Patron et 1er manager de mon entreprise » nous donnent 3 pistes intéressantes pour tenter d’identifier son profil : l’achievement, le pouvoir, l’affiliation.

- L’achievement va concerner tout ce qui peut faire référence à la volonté de réussir, de gagner… Réussite de l’entreprise qui va marquer comme un chemin personnel les réussites du dirigeant. L’identification du patron aux succès de l’entreprise agit souvent comme un révélateur et crée comme une figure de proue, une sorte de drapeau emblématique autour duquel la collectivité reconnaît ses valeurs.

- Le pouvoir, 2eme motivation, va découler de la précédente. Attention aux dérives…

- La recherche d’affiliation serait enfin le 3eme ressort. Il fait référence à la recherche de reconnaissance, certains parlent de « besoin social » du patron.

Une intégration marketing réussie en PME passe par l’observation très affûtée de votre patron à travers ces 3 filtres. Il va falloir le jauger et manœuvrer en s’appuyant sur les bons leviers car ces 3 aspects sont bien sur à apprécier selon sa personnalité. Je rajouterai un 4eme point qui me semble tout aussi important pour mieux intégrer la culture d’entreprise en place: l’attention toute particulière à l’équipe dirigeante.

N’oubliez pas que nous sommes en PME et que les rapports personnels sont forts entre le patron et ses 1ers lieutenants… L’exercice est en effet très compliqué de s’insérer dans une organisation très bien rodée. Faites vous des alliers et soyez caméléon au moins les 2 premières années. N’oubliez pas que la culture d’entreprise et ce qui crée une forme d’identification à l’extérieur de l’entreprise sont souvent le fruit de tout un groupe de dirigeants qui aura su mettre en place ces référents fonctionnels et comportementaux. On entre dans une sorte de connaissance tacite de l’entreprise (non dite) qui est très importante pour rendre l’organisation cohérente. Tout nouvel entrant doit intégrer très vite cette dimension là au risque d’être rejeté.

Maîtriser la dimension culturelle de l’entreprise est un aspect essentiel pour ce nouvel entrant. J’ai souvent constaté qu’elle était malheureusement escamotée par les jeunes cadres qui tout frais moulus de leur 1eres expériences professionnelles, pensent pouvoir s’affranchir de ces considérations « psycho – philosophiques » totalement décalées de la rigueur des concepts (marketing ou stratégiques). L’expérience m’a montré qu’il faut savoir patienter, gagner la confiance d’un groupe pour pouvoir ensuite légitimer son autorité.

Si la culture d’entreprise est l’aspect dominant sur lequel ce nouvel entrant marketing devra concentrer toute son attention, comment doit on envisager son rôle fonctionnel en PME dès son arrivée?

Une intégration réussie du marketing en PME doit embrasser simultanément 2 projets :

- Recréer une nouvelle dynamique commerciale - Poser un plan d’analyse stratégique qui puisse projeter l’entreprise.

C’est un leitmotiv assez régulier dans ce blog de placer le service marketing dans la dynamique du commerce et d’en faire un acteur opérationnel de la vie quotidienne de l’entreprise. Le marketing doit coller au commerce et doit se placer comme un appui direct du directeur commercial ou des comptes clés.

Cela peut sembler assez incohérent de mettre l’action commerciale comme la priorité mais l’urgence économique dans laquelle se trouve la PME doit faire fonctionner les Hommes marketing au même rythme. Il sera toujours temps de corriger plus tard.

Réactivité commerciale :

Mon intime conviction est qu’en pme, un Homme marketing doit être capable de pouvoir suppléer voire se substituer à un compte clé en cas de défaillance de celui ci. C’est une situation assez extrême car je pense que l’expertise de chacun doit amener des complémentarités importantes mais elle illustre mon schéma de pensée qui doit placer le marketing en pme dans la sphère commerciale directe. Les plans de vente par enseigne, les conditions commerciales, les négociations de fin d’année, l’élaboration du barème d’écart … le marketing doit être au fait de ces sujets et doit vivre au rythme du commerce.

Un véritable marketing de distribution doit se mettre en place avec tous les indicateurs indispensables pour identifier la performance des actions mises en place et surtout identifier les opportunités de développement de court terme. Dans la mesure du possible ces indicateurs doivent se rapprocher de ceux retenus par les clients. Ce travail doit même être poussé jusqu’au vocabulaire utilisé par certains clients (distributeurs ou autres). Il faut vivre dans la sphère du client : mesurer et parler comme lui…

Une organisation (par groupe projet par exemple) doit pouvoir se mettre en place pour trouver les ressources opérationnelles capables de répondre sans délai à certaines opportunités commerciales données dans les thématiques promotionnelles par exemple. Le rôle marketing est alors tactique pour prendre la place de concurrents moins réactifs. Aller plus vite que les autres sans déséquilibrer l’entreprise, voilà le 1er challenge de l’homme marketing en pme. Cette réactivité doit se traduire dans des offres qui doivent vous permettre d’établir une nouvelle relation commerciale. Noter d’ailleurs, que cette nouvelle capacité à pouvoir répondre aux clients plus vite que les autres est importante car elle peut constituer à terme un avantage concurrentiel très important auprès de certains acteurs comme ceux de la grande distribution par exemple. Il faut se placer sur la solution de vente plus que sur les produits et faire vivre l’entreprise au rythme de vos clients et non l’inverse… Voilà une 1ere difficulté que l’homme marketing aura à combattre. La PME restant largement dominée par les contraintes industrielles.

Cette réactivité se trouvera soit dans l’entreprise par une reconfiguration des ressources internes soit dans des partenariats externes pour renforcer votre créativité par exemple. Ne baissez plus les prix ! C’est une spirale négative qui emporte les entreprises les unes après les autres. Préférez rajouter des services nouveaux. Augmentez la plus value de vos offres plutôt que les dégrader. Cultivez votre réactivité mais aussi la plus value de votre offre globale…

Quand je parle de reconfigurer les ressources de l’entreprise, je considère qu’un acte commercial n’est pas cantonné aux seuls commerciaux, mais doit concerner toute l’entreprise : service client (qui n’en a souvent que le nom…), SAV, logistique, mais aussi R&D, Production, financier et bien sur commerce. Je sais, c’est un lieu commun de le dire : l’acte de vente n’est que l’aboutissement d’un processus pour lequel toute l’entreprise doit se mobiliser ; combien de fois ai-je pu constater des situations totalement hermétiques où chacun développait son expertise dans son coin!...

L’Homme marketing doit se placer sur ce terrain de la « capacité organisationnelle », optimiser la chaine de valeurs pour accroître la réactivité de l’entreprise, répondre aux attentes des clients plus vite et mieux que les concurrents et créer à terme, un véritable avantage concurrentiel supplémentaire et créer une forme de rente organisationnelle. En PME c’est assez simple à organiser, mais encore faut il mettre en place une politique d’incitation intelligente pour les acteurs sollicités et identifier une capacité des managers en place a fonctionner de façon matricielle.

En PME, cette activité opérationnelle doit représenter pour les hommes marketing environ 50% de leur temps de travail (terrain avec les commerciaux, merch, veille concurrentielle, visite clients leaders, visites centrales, dossiers de référencement, développement des offres tactiques).

Savoir gérer son temps ; une autre équation pas toujours simple à solutionner. Je ne vais pas entrer dans le débat de l’urgence et de la priorité mais la rigueur de fonctionnement doit aussi être une des caractéristiques d’un Homme marketing.

Nota : Sur ce terrain d’une intégration réussie dans l’entreprise et de la gestion du temps, il est assez bon de mettre sur le réseau de l’entreprise son emploi du temps et de le communiquer largement. Chacun peut vous trouver et sait exactement ce que vous faites. C’est une pratique systématique dans certains groupes mais en PME il y a comme une opacité malsaine sur ces plannings. Si cela n’est pas déjà le cas, sollicitez le comité de direction à mettre en place en début de semaine une réunion de 30mn (debout) pour croiser les plannings des uns et des autres. Voilà un rendez vous très utile pour apprécier les priorités des acteurs clés de l’entreprise et garder le contact avec les projets en cours. Donnez-vous des objectifs à la semaine; mettez de la lisibilité dans votre action.


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