Témoignage - Au coeur d'une Cour d'Assises : La mise en accusation

PROCES D'ASSISES POUR MEURTRE
Ce mardi 25 mai 2010, je me rends au Tribunal de Grande Instance (T.G.I.) de Bobigny (Seine-Saint-Denis) car y débute un procès d'Assises : Médhi Baadache, actuellement détenu à Villepinte, y comparait pour "meurtre" (qualification rendue publique par voie d'affichage). C'est en effet lui le présumé tireur qui aurait abattu, d'une rafale de Kalachnikov, le jeune Prince Tamukwo, le 18 mai 2007 sur la place de la gare de Noisy-le-Sec en plein après midi, dont je fûs, du moins de façon parcellaire, le témoin. Dramatique évènement que nous avions évoqué en 2007, en vidéo, et qui fût, par la force des évènements, la raison de l'ouverture de notre premier compte sur Dailymotion.
J'ai décidé de m'y rendre et d'assister à l'intégralité des débats.
Comme un Juré
Mais j'y vais surtout pour comprendre. Comprendre pourquoi ? Enfin voir le visage de l'accusé, y mettre un nom, et connaitre enfin la vérité. Comprendre pourquoi un jeune, le jour-même de son  29ème anniversaire, a tiré à l'arme lourde, "à l'arme de guerre" comme le diront certains Témoins, sur un autre jeune, âgé lui, de 20 ans.
Ce matin donc, en descendant du tram vers 9 h 10 devant le Palais de Justice, voilà qu'apparait une escorte carcérale. Avec deux motards devant, bon, c'est déjà du "lourd" ! Et si c'était Lui ? Peut-être que oui. Ou non, mais çà plonge tout de suite dans l'ambiance ! Même si j'ai déjà assisté à des audiences de Correctionnelles dans ce même T.G.I.

Passage du portillon de sécurité. Puis direction la Cour d'Assise n°1.  Déjà, en prenant connaissance du "rôle" affiché à l'entrée, je constate que l'Accusé est assisté par Maitre Eric Dupond-Moretti. Là aussi c'est du lourd ! Avocat très médiatique, j'ai déjà vu cet Avocat à la télé.
La cour est présidée par Maitre Philippe Jean-Draeher. Pour vous en faire une idée, je lui trouve quelques fausses ressemblances avec Patrick Poivre-D'Arvors mais en plus jeune : Ton posé et constructif qui rappelle, également dans la gestuelle, ce journaliste dans ces interviews les plus solenelles.
L'Avocat Général est une belle jeune femme à la chevelure chatain clair et bouclée : Maitre Françoise MOTHES.
Enfin, les Parties Civiles, à savoir toute la proche famille de Prince est assistée par Maitre Anne Jonquet.
   
Aucun Noir dans le Jury

Dans la salle d'audience, une quarantaine de personnes : Des Jurés potentiels et des témoins. Les 9 Jurés (+2 Suppléants obligatoires), soit 11 personnes, sont tirées au sort. La Défense, qui peut en récuser 5 sans en donner un quelconque motif, récusera par trois fois des hommes de race Noire. Les Parties Civiles étant d'origine Africaine, cela explique peut-être la décision de la Défense, mais en tout cas, au final aucun Noir dans le Jury, cela ne me parait pas très représentatif de notre diversité, surtout dans un département comme le nôtre. Mais la justice est ainsi faite. Demain, il faudra que je prête une attention sur la parité H/F. Ce Jury est donc composé de 12 personnes en 1ère Instance : Le Président, deux Assesseurs et 9 Jurés (+2 suppléants)
Puis le Président Jean-Draeher organise et plannifie les quatre jours prévus d'audience.
Enfin, le Greffier procède à la lecture de la Mise en Accusation .
Rappel des Faits

le 18 mai 2007, place de la gare à Noisy-le-Sec, un jeune homme d'une trentaine d'année à tiré sur la foule avec une arme lourde. Il a mortellement blessé Prince Tamukwo, atteint d'un projectile dans la partie abdominale.
8 douilles percutées ont permis de déterminer la position du tireur.
Au moment des faits, l'auteur avait une cheville plâtrée. Il était sous l'emprise de drogue et d'alcool.
A noter que l'accusé avait déjà eu un premier incident, pour un motif futile, dans la Brasserie des Voyageurs, avec une jeune femme Noire, et l'accusé aurait tenu à son égard des propos racistes.
Nouvel incident, quelques minutes plus tard avec un jeune homme Africain. Motif de l' "embrouille" : Une histoire de clope. Des propos racistes auraient également été tenus.
Je passe sur les mouvements de groupes entre la gare et certains quartiers (nous y reviendrons), pour terminer en milieu d'après midi par une série de tirs à l'arme lourde sur la place de la gare.
L'accusé, qui a pris la fuite à l'étranger, sera finallement interpellé en Espagne un mois plus tard. Dans un premier temps, il nie l'intégralité des faits. Puis au fil de auditions, aurait reconnu une partie des évènements.
Dans cette mise en accusation, il est évoqué l'expertise balistique qui écarte tout tir "accidentel" : 8 douilles percutées ont été retrouvées et le sélecteur de mode a été activé. Les tirs seraient proches de l'horizontal, donc à hauteur d'homme ce qui traduirait une volonté de tuer.
L'expertise psychiatrique reconnait l'accusé pénalement responsable mais décrit des troubles importants de la personnalité et une difficulté à maitriser ses pulsions.
L'accusé est donc mis en accusation pour "Meurtre" (Des facteurs agravants tels que "en bande organisée" ou "caractère racial" n'ont pas été retenus).
Après la lecture de la mise en accusation, le Président déclare une suspension de séance de quelques minutes.
à suivre.
Prince Tamukwo sur Le Post.fr
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Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
27 mai 2010 - © JENB PRODUCTIONS
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