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C'est le débat qu'on assassine

Publié le 28 mai 2010 par Didier54 @Partages
Il fut un temps, lointain quand même, où les adultes de mon entourage parlaient politiques et se jetaient à la tête des idées. Régulièrement, ils allaient voter. Leur choix se portait sur celui (à l'époque, pas trop de dames) qui incarnait le plus ou le mieux leurs idées.
A cette même époque, l'un de mes oncles se rendait chaque dimanche matin dans un café. Il consultait un journal et parlait fort avec quelques uns de ses amis retrouvés là. Puis il passait à un guichet. Son choix était fait. Il venait de jouer au tiercé.
Petit à petit, ça s'est mis à moins parler politique. Voire à ne plus en parler du tout. Il fallait préserver les ambiances... Pas de fâcher... La couleur choix politique devenait comme un salaire. Ne surtout pas en parler.
Jamais ô grand jamais je n'aurais pu croire qu'un jour, parler politique, voire penser, reviendrait à jouer au tiercé. Comme si voter revenait à composter un ticket.
On inventa par exemple le "vote utile" (pour masquer le délit de confiance). Plus grand monde pour incarner des idées. A la place des combattants. Des idées des autres. Voter comme on achète des chaussures. Par défaut. Par l'élimination. C'est ainsi, dans les sociétés de la compétition. On tranche, on élimine, on abat.La fameuse "télé réalité" finalement ne serait qu'un miroir grossissant, pas plus.
Depuis 2002, le président de la République est un non. Depuis 2007, le président de la république ne représente plus son pays mais les quelques "pour cent" qui ont voté pour lui. 
Le débat revient à savoir quel cheval représentera quelle écurie. Qui virera casaque et qui ne prendra pas le départ. La ligne d'arrivée ? Un point lointain, incertain, dont on se contrefiche, quasiment.
Par réflexe, on continue de classer avec des droite, gauche, centre. Mais c'est juste pour la couleur des affiches. Pour honorer les sondages, qui reprennent en général du poil de la bête avant les échéances. Match avant le match. Qu'on commente. A défaut, là aussi. Idées ? Programmes ? Projets ? Ca fait désuet, tout cela. Ringard peut-être. Plutôt des "actions" cataloguées, voire jetées en pature, souvent évanouies dans la nature. Quasiment des accessoires.
Ce qui m'étonne, c'est que cela ne nous étonne plus.
Je lisais l'autre jour une ITW de Michel Rocard. Il disait notamment que la démocratie avait fini par devenir quelque chose d'ennuyeux. Fichtre.

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