Leçon de choses

Pour bien vivre une aventure il faut se mettre en situation car “si tu ne veux pas que quelque chose t’arrive, ne te mets pas en situation”. Et bien le contraire est tout aussi vrai !
C’est un peu comme de préparer un film si vous voulez. Alors, dans quel genre de film vais je me fourrer ?
Énoncé comme ça, bien sûr, ça sent un peu le pétrin….
D’abord le matériel. J’ai une valise - il faut une valise c’est le minimum, le B.A. BA. Dans la valise…on verra ça plus tard. “Ne pas faire passer la charrue avant les bœufs”, là encore un peu de bon sens. Une mappemonde, car il faut déterminer la destination, le cadre en quelque sorte. Ah oui, mais celle là n’est qu’une moitié de monde. Ça ira, ce sera donc une aventure moyen-courrier.
Moyen-courrier deux options : je ferme les yeux et fais un point sur la carte - efficace….zut, en pleine mer ! Ai je vraiment envie d’une aventure en pleine mer ? pas ce soir.
Je recommence, un autre point … ou alors, seconde option : un trait. Pour tracer une trait il faut un double décimètre, une règle, quelque chose de droit … j’ai ça - très bon augure.
Je pars donc de chez moi - c’est plus simple, et je trace un trait là ou il y a beaucoup de papier, donc sur la droite de la carte et j’arrive ainsi à … Beyrouth. Je peux tenter une aventure à Beyrouth. Ça sent l’aventure Beyrouth non ?

Oui mais je voudrais une aventure pas trop risquée, genre “aéroport avant le départ destination pas trop de danger”. Je parts seule vous comprenez et le danger, il est potentiellement sur place de toutes façons, quelle que soit la destination ; donc il est superflu de choisir en plus une destination dangereuse.
Qu’est ce qu’on a sur le trait avant Beyrouth sans trop de danger ? une toute petite île ! ça semble très raisonnable comme option. Alors : je pars de chez moi et je vais sur cette toute petite île. Il doit falloir prendre le bateau c’est tellement petit ! Enfin voila le problème de la destination réglé. Je vous l’ai dit, c’est comme un film.
Agence de voyage, car il faut bien passer du scénario au tournage.
“Bonjour madame. Je suis une aventurière et je souhaite me rendre sur cette toute petite île là”. C’est long mais c’est facile. “Je parts tout de suite. Enfin donnez moi le temps de me retourner”.
Oui parce que une aventure, il faut là préparer minutieusement comme sus indiqué, mais il faut ensuite la mijoter un peu pour avoir le temps de la rêver. C’est fort utile car généralement on rêve du meilleur des cas, ce qui permet de relativiser au retour lorsque la réalité s’est avérée être un véritable cauchemar.
Notez que certains paramètres échappent complètement parfois même aux plus aguerris des aventuriers. Soudain tout part en vrille et c’est la catastrophe assurée.
Je la mijote … disons dix jours. Au delà de dix jours c’est prendre un risque ; le lyrisme du début peut retomber comme un soufflet.
Je suis a l’aéroport tout va bien. Quatre heures de vol, puis un bateau, traversée de nuit.
J’attends, j’attends, elle commence quand cette aventure ?
L’idéal ce serait là, tout de suite, avant le décollage, pour ne pas s’aventurer seule.
“A cœur vaillant rien d’impossible” : souhait exhaussé ! C’est tellement beau que j’en pleurerais. J’allais beaucoup pleurer les jours d’après.
Sur le bateau la nuit on vogue. A l’arrivée le jour s’est levé. D’un côté le soleil encore timide, de l’autre un quart de lune. La couleur de la mer dites vous ? je crois c’est “irisée”.
A ce point, l’aventure avait vraiment commencé.

Martha