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Hou, la menteuse !

Publié le 30 mai 2010 par Malesherbes

Notre ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, Madame Christine Lagarde, pourrait faire sienne cette phrase de Winston Churchill : « Messieurs, voici les opinions sur lesquelles je fonde mes faits ». En effet, annonçant les chiffres du chômage pour le mois d’avril, en augmentation par rapport à ceux du mois précédent, elle a déclaré : « cette hausse en avril n'interrompt pas la tendance observée depuis plusieurs mois à la stabilisation du marché du travail ». Elle émet ainsi une opinion et il ne lui reste plus qu’à inventer les faits destinés à la soutenir, ceux réellement observés faisant d’elle une incompétente, ou une menteuse.

Reportons nous donc aux statistiques fournies par l’INSEE, plus particulièrement celles qui, selon la terminologie gouvernementale, concernent les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, accomplissant des actes positifs de recherche d’emploi et appartenant aux catégories A, B ou C. Ces catégories concernent respectivement les personnes sans emploi, en activité réduite courte (inférieure à 78 heures mensuelles) ou réduite longue (supérieure à 78 heures). Pour éliminer les fluctuations dues aux variations saisonnières et celles dues aux différences entre  les nombres de jours ouvrés d’un mois donné au fil des années, l’INSEE fournit des valeurs corrigées de ces variations (dans son jargon, cvs et cjo). Depuis décembre 2009, le nombre de demandeurs d’emploi a été successivement, en milliers de personnes, de 3.849, 3.865, 3.873, 3.891 et 3.926.

N’importe quel élève de  CM1 est capable de déduire de ces chiffres que la croissance du chômage est continue. Eh bien, Madame Lagarde, dans son infinie sagesse, découvre là une stabilisation. Cette appréciation est d’autant plus sujette à caution que l’Etat dispose d’une arme absolue pour contraindre les faits à se ranger à son opinion : un excès de sévérité dans les radiations et, comme par magie, le nombre de demandeurs d’emploi diminue. Mais si, même après de telles manipulations, on calcule, au moyen d’une simple règle de trois, le pourcentage d’augmentation du chômage de chaque mois sur le précédent, on obtient pour les cinq mois considérés plus haut : 0,4, 0,2, 0,5 et 0,9. A l’exception du ralentissement de la progression constaté en février par rapport à janvier, ces valeurs montrent en fait une accélération.

Par quel aveuglement peut-on donc voir dans ces chiffres une stabilisation ?


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