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Honneur, ou discipline : la marine en 1940

Publié le 30 mai 2010 par Egea

Voici un commentaire d'un lecteur, Thibault Lamidel, qui lance un débat de fond.

Honneur, ou discipline : la marine en 1940
(tiré d'un bon blog de culture pop, ici) Derrière le cas historique de 1940 que je ne connais pas plus que ça, derrière l'éventuelle théorie de la hiérarchie, se pose une question déjà relevée par le crabe tambour, déjà un marin : souvenez -vous de l'excellent Jacques Dufilho, expliquant déjà cette question de l'honneur et de la discipline:

cette articulation simple est-elle toujours possible ?

Cela renvoie à un sujet que je viens de donner à un de mes poulains que je prépare au CID : "éloge de la résistance".

Pas évident, j'en conviens. Il faut bien sûr éviter un débat trop historicisé qui apporterait trop d'affect et d'idéologie. Et en même temps, se garder de l'angélisme spectral du yakafocon qui vient toujours apèrs l'histoire, moralisateur aux mains tellement pures qu'il n'a pas de mains. QUi veut faire l'ange fait la bête....

Il y a donc un profond dilemme moral : il faut l'aborder avec précaution.....

O. Kempf

Verbatim Thibault Lamidel, en commentaire à ce billet.

Je tiens à signaler un ouvrage, "Les Combats et l'Honneur des Forces Navales Françaises Libres 1940-1944" de Etienne et Alain Schlumberger. Le premier est un des Compagnons de la Libération.

Quel intérêt de présenter cet ouvrage ? Il répond à une question fondamentale, et à d'autres auteurs par la même occasion. Dans la première partie, l'auteur présente rapidement "sa" deuxième guerre mondiale. Comment un ingénieur du Génie maritime est devenu Officier de Marine, Commandant de sous-marin et Compagnon de la Libération.

Mais il répond donc dans la deuxième partie a une grande énigme de la défaite de 40. Sur son volet maritime donc. Pourquoi la Marine Nationale a-t-elle abandonné la France ? Je dis crument les choses, la Marine Nationale de la République Française a refusé de combattre, c'est ma conviction. Et cette conviction, je l'ai forgé en "avalant" tout ce que j'ai pu trouver comme récit sur cette période charnière. Qu'est-ce qui fait que la Marine Nationale était autant un rempart qu'un danger pour la sécurité nationale ? A-t-elle fait son "mea culpa" pour éviter de trahir une nouvelle fois ? Je confirme, la légende du Pavillon sans tâche, ce n'est pas ma religion. René Loire ("Le Frappeur") en pense de même. Il indique que ses connaissances américaines n'ont pas compris officieusement l'attitude française. Lui non plus d'ailleurs. J'ai essayé de comprendre en lisant "La Marine dans l'Histoire de France" de l'Amiral Auphan (membre du Gouvernement de Vichy). Sa thèse est construite de façon élégante pour ne pas mettre en doute l'Honneur de la Marine. "Elle n'avait pas le choix, elle était coincé (entre un Etat de Vichy et une Angleterre ennemi de toujours), et au nom de l'honneur, elle ne s'est pas donné à l'ennemi (donc a respecté ses obligations)" (je résume de ce que je me souviens).

Malheureusement pour lui, et heureusement pour nous, le livre dont je vous fait part présente une version de l'Histoire qui a le mérite d'expliquer, et presque, de convaincre (je le suis). L'auteur dans sa deuxième partie, analyse ce qu'est l'Honneur d'un Officier de Marine et le met en relation avec l'image qu'il se fait de la Discipline. En caricaturant un peu le propos, il explique que la Marine de 40, c'est une pyramide. Le sous-chef tient l'ordre du chef qui tient l'ordre... Que cette pyramide, et d'autres facteurs, tiennent le marin très près de ce qu'est l'Honneur et la Discipline de "son étage" de pyramide. Mais que cette construction mentale le tient éloigné de la défense de la Patrie. Et in Fine, le sommet de la Marine, c'est le chef qui défend l'Honneur du Pavillon. Avant cette ultime étage, ce sont les amiraux qui, à part défendre ce pavillon, sont incapable d'initiative. Complètement éduqué et moulé dans cet amour de l'Honneur, ils étaient incapable de faire autrement. Ce qui est gênant, puisque ce sont les amiraux de flotte qui avait la garde de la Marine dans les ports hors métropole.

Etienne Schlumberger présente mieux que moi pour les courageux, le livre se lit vite.

Thibault Lamidel


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