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Grand emprunt : la fuite en avant dans le mensonge

Publié le 30 mai 2010 par Monthubert

Depuis des années, la droite nous annonce des investissements sans précédent pour la recherche et l’enseignement supérieur. Les sommets sont atteints depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, qui prétend ajouter chaque année 1,8 milliard supplémentaire au budget. Le problème, c’est qu’il s’agit d’un véritable mensonge, comme le montrent les chiffres publiés par l’OCDE, et que je vais détailler plus bas. La sortie des premiers appels à projets dans le cadre du grand emprunt va être l’occasion d’une nouvelle opération de communication qui n’est autre qu’une fuite en avant dans le mensonge.Les chiffres annoncés chaque année par la droite au moment du vote de la loi de finances sont trompeurs. Pour une partie, ils seront annulés au cours de l’année. Pour une autre partie, ils concernent en fait des dépenses fiscales comme le crédit d’impôt recherche, qui ne se retrouvent pas nécessairement dans les dépenses de recherche des entreprises, comme nous allons le voir. Ce qui compte n’est donc pas de regarder ce qu’annonce le gouvernement mais les dépenses réelles de recherche et développement. Et le tableau est sombre.

Tout d’abord, l’effort de recherche de la France est en baisse depuis 2002, et cela a continué en 2008 puisque nous sommes passés de 2,04% du PIB consacré à la R&D en 2007 à 2,02% en 2008. La moyenne de l’OCDE est de 2,28% en 2008 contre 2,24% en 2007 (toutes les données dans cet article proviennent de l’OCDE).

Grand emprunt : la fuite en avant dans le mensonge

Cette évolution est autant le fait des dépenses publiques que de celles des entreprises.

Les dépenses publiques de la France sont en baisse par rapport à 2002, contrairement à celles des autres pays :

Grand emprunt : la fuite en avant dans le mensonge

Quant aux dépenses des entreprises, elles stagnent depuis 2004, et sont même en baisse en 2008 par rapport à 2007. Pourtant, le crédit d’impôt recherche a littéralement explosé, passant de 1,7 milliards en 2007 à 4,2 milliards en 2008. Cette dépense fiscale inconsidérée est un véritable effet d’aubaine pour les entreprises, qui ne l’utilisent pas pour augmenter leurs dépenses de recherche.

Grand emprunt : la fuite en avant dans le mensonge

Le bilan est sévère pour les gouvernements de droite. La France est un des rares pays à voir son effort de recherche baisser, y compris entre 2007 et 2008, malgré les discours triomphants de Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse.

La prochaine étape est donc celle du grand emprunt. Nous avons déjà montré que cela aura une portée très faible en termes de financements, puisqu’on ne pourra essentiellement utiliser que les intérêts de cet emprunt… et que par ailleurs il faudra baisser les dépenses de l’Etat pour rembourser l’emprunt ! Bref, c’est l’usine à gaz, destinée à faire croire qu’on investit beaucoup plus qu’on ne le fait réellement. Pendant ce temps-là, sur fond de crise grecque, on s’apprête à supprimer des emplois dans les organismes de recherche… Une fois de plus, c’est la communication qui est aux commandes, pour la science on repassera.


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