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Le salon où l'on cause

Publié le 31 mai 2010 par Chroneric

Le Chêne, Dialogue & initiative, Génération France, Mouvement Européen-France. Ces noms ne vous disent peut-être pas grand-chose. C'est tout à fait normal. Ce sont des noms de clubs politiques qui réunissent les gens passionnés de politique, c'est-à-dire des élus, des intellectuels ou des philosophes. Ils discutent des heures et des heures pour refaire le monde autour d'un croissant ou d'un toast, tout dépend de l'heure.

Ces clubs politiques me rappellent les salons littéraires du XVIIIème siècle où les artistes, écrivains et philosophes se réunissaient chez les dames de la haute noblesse pour discuter de langue française, de littérature et d'art. Ces salons étaient très prisés au cours du siècle des Lumières mais n'étaient pas accessibles au commun des mortels. Un peu comme aujourd'hui. Cela dit, vu les noms illustres que certains rassemblaient, on ne devait pas être loin de critiquer le pouvoir ou de parler de la condition humaine à l'époque.

Les clubs politiques sont apparus après. Le premier club politique en France est fondé le 30 avril 1789, c'est le club Breton. Dès le début, les clubs politiques ont comme but de discuter et réfléchir à la politique de la France et à dessiner les projets de demain. Alors, au cours de la Révolution puis de la Terreur, les clubs politiques changent de format, se multiplient, deviennent obligatoires, font même l'enjeu de coups bas, sont dissous. Mais ils survivent et de nos jours, de nombreux clubs sont actifs et certains ont même à leur tête des élus, voire même des ministres.

Aujourd'hui, qu'en est-il ? Et bien, les clubs politiques, comme je le disais un peu plus haut, sont toujours en activité et continuent toujours à parler de la France et de la manière d'aborder les grands sujets de société. Il y a, dans l'ordre alphabétique, le club Changer la gauche de François Hollande, Le Chêne, avec Michèle Alliot-Marie, le Club Villepin avec Dominique de Villepin (vous l'auriez deviné), Dialogue & initiative avec Jean-Pierre Raffarin, ou bien Génération France avec Jean-François Copé, le Mouvement Européen-France de Pierre Moscovici, etc...

Alors, on est en droit de se demander si tous ces clubs sont utiles et s'ils font avancer le schmilblik puisqu'ils réunissent des personnes qui, a priori, sont du même bord et donc rarement en désaccord, ou alors pour amuser les média. La plupart de ceux que j'ai cité ont un site Internet et vous pouvez donc vous rendre compte par vous-même de la pertinence de ces clubs. On ne peut pas leur enlever le fait qu'ils discutent des sujets d'actualité, mais dans quel but ? On pourrait penser que quelques uns de ces rassemblements servent de soutien au pouvoir en place. On pourrait penser aussi qu'ils sont un tremplin pour la carrière de leur chef. En tous les cas, les politiques et leurs amis aiment discuter et débattre pendant des heures, ça les occupe, ça occupe leurs membres et les sympathisants, et pendant ce temps...

Quoiqu'il en soit, ces clubs ont gardé l'esprit originel des tout premiers de l'histoire : un regroupement d'hommes et de femmes qui aiment parler politique à longueur de journée et plutôt bien situés socialement. Il est difficile de savoir combien de personnes adhèrent à ces clubs mais étant donné le peu de publicité faite autour de ces associations, on ne peut pas imaginer qu'ils soient des millions, c'est plus intime que ça à mon avis. Tout cela pour dire que ces clubs sont à l'image des amateurs et amoureux de la politique : on se réunit pour discuter, on débat, on se passionne pour des discussions abstraites et sans effet sur le concret.

Car, on est loin des activités des clubs de la Révolution. Le club Breton, par exemple, inquiétait beaucoup la cour et elle y envoyait des espions et à juste titre, pour elle : menaces sur les députés, éloignement des troupes étrangères permettant ainsi la prise de la Bastille, abolition des privilèges. Plus tard, ce club devint le club des Jacobins qui fit chuter Robespierre. Il y eut aussi le club des Girondins ou le club des Cordeliers qui soumis l'idée de déchéance de Louis XVI après sa fuite. Comme ces quelques exemples le démontrent, les club politiques à l'origine avaient du poids et de l'influence sur la politique française et sur sa gouvernance.

Aujourd'hui, les clubs ont perdu leur côté révolutionnaire et s'apparentent plus à des salons littéraires (d'où mon rappel des salons littéraires en début d'article) où l'on discute entre amis.


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