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La lutte biologique dans l’agrosystème

Publié le 01 juin 2010 par Alzaz

La lutte biologique dans l’agrosystèmeLa modernité apporte son lot de désagréments quand nous en attendions, on nous l’avait promis, le progrès, donc le bonheur ; atteinte à la biodiversité, pollutions diverses, maladies dérivées… Cependant, je ne voudrais pas servir les détracteurs faciles de la science, car, si je les écoute bien, je détecte dans leurs propos un profond ressentiment envers leur propre espèce, rancoeur qu’ils tentent de masquer par un excessif amour de la nature. Or, c’est justement ce qui les trahit -Adolph Hitler n’adorait-il pas les animaux ? Méfions nous donc de nous. L’objet d’étude de l’écologue englobe la biosphère toute entière, l’écologie n’oublie personne -enfin, elle le souhaite- et, si elle s’est autant développée ces dernières années, c’est que l’homme a pris conscience de sa précarité sur terre. L’écologie est donc au service de l’humanité avant tout.

Après que l’agriculture eut connu un formidable essor, grâce à l’industrialisation via la mécanisation, à la fin du XIXème siècle, le paysan découvrait les pesticides ultra-toxiques que nous nommons à tort remèdes de grand-père. Ma licence de phyto-protection m’a permis alors de saisir les erreurs commises vulgairement pas mes concitoyens qui prétendent qu’avant c’était systématiquement mieux. Mon arrière-gand-père traitait ses cultures avec des produits

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composés d’arsenic (Pline le recommandait déjà), de mercure, ou encore avec des gaz de combat ! Plus tard, au XXème siècle, les progrès de la chimie organique ont conduit à l’utilisation de DDT, de lindane, de parathion… tous interdits aujourd’hui, mais refourgués en douce aux pays en voie de développement !

S’ils ont permis de préserver notre population de la disette et de la famine en permettant le formidable bond démographique, les inconvénients de tels produits phytosanitaires (fongicides, insecticides, herbicides…) sont manifestes. Ils déséquilibrent les écosystèmes, en les contaminant. Si en début de chaîne alimentaire, on peut parler de dilution du produit, à l’autre bout, le prédateur, lui, aura concentré les molécules incriminées. L’homme en est et ses tissus adipeux (graisses) regorgent de substances lentement létales, dont les fameuses dioxines. De plus, les insecticides sont souvent dévastateurs chez les populations d’insectes utiles.

Chez les différents organismes (les arthropodes surtout) soumis à ce genre de traitement chimique, on constate l’apparition de résistances, ce qui nous oblige à inventer rapidement de nouvelles molécules qui pareront au problème. A force de traitements, nous ne disposons plus du recul nécessaire à en mesurer l’impact, et sur la flore, et sur la faune, sans oublier l’homme. Je ne nie pas les temps importants d’homologation et de mise sur le marché (10 ans), mais je ferai remarquer que certaines molécules ne se manifestent dans leurs effets catastrophiques qu’au bout de plusieurs décennies. Le problème est seulement lié à l’irréversibilité d’un processus. C’est en 1966 que le FAO (Food and Agriculture

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Organization des Nations Unies) publia son rapport listant 160 espèces d’insectes ravageurs devenus résistants à la majeure partie des molécules insecticides du marché. Aujourd’hui ce nombre est passé à près de 600. Par un bien (limité), nous avons causé notre malheur, les cultures n’ont jamais subis autant les assauts d’insectes nuisibles. La chimie en agriculture nous place dans un cercle vicieux.

L’homme a un taux de reproduction trop faible pour s’adapter assez rapidement aux changements environnementaux qu’il a générés. Ce n’est pas le cas d’un insecte qui, soumis aux pressions du milieu qui change (climat, biotope et biocénose) en permanence, est capable de produire des milliers d’individus tous génétiquement différents. Cela lui confère un degré d’adaptabilité énorme, moins grand cependant que celui d’une bactérie qui double sa population toutes les 20 mn ! Bien que vulgairement considérés comme inférieurs à nous, tous deux nous survivront. Les mécanismes de la sexualité, qui dirigent l’évolution en général, ne sont pas les seules à intervenir dans les modifications génomiques responsables de mutations. Certains gènes (hox) présents chez tous les êtres vivants évolués, président aux changements brutaux (sur quelques milliers d’années seulement) qui se produisent au sein des espèces ; les virus nous transmettent des fragments d’ADN étranger, nous en arrachent quelques uns qu’ils communiquent à d’autres (ainsi, la nature fait des OGM, nous ne faisons que l’imiter), de sorte que l’évolution peut sans doute se faire par brusques sauts. Ainsi, les molécules que nous rejetons dans le milieu accélèrent l’apparition de mutants résistants à ces mêmes molécules. En général et c’est le mode le plus efficace, les gènes de résistances codent pour des complexes enzymatiques dégradant rapidement les pesticides à l’intérieur de l’organisme (enzymes de détoxication). Le second mode -très étudié actuellement- passe par la modification des récepteurs aux molécules phyto-protectrices, impliqués dans la transmission des influx nerveux.

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Si la recherche en nouvelles matières actives (chimiques) ne s’est pas arrêtée, elle s’oriente vers la synthèse de produits qui ne cibleraient spécifiquement que le pathogène ou le ravageur incriminé, qui seraient rapidement biodégradés et qui, si possible, tireraient leur origine d’agents biologiques naturels (bio-pesticides). Une autre voie s’ouvre, plus proche de ce que la nature sait faire mais pas moins sans dangers, où l’on imite artificiellement les molécules existantes en ne faisant que les rendre plus stables et plus actives (pyrethrinoïdes). De même, la connaissance, que nous avons améliorée, sur les insectes prédateurs ou parasitoïdes d’autres espèces, nous conforte pour persévérer dans cette voie. La philosophie agronomique a changé et nous ne cherchons plus (ou de moins en moins) à tout éradiquer mais à maintenir un équilibre écologique et économiquement supportable. Nous sommes prêts à partager à nouveau avec les “ "nuisibles” ". Les résultats obtenus, après introduction de l’auxiliaire de culture, sont, en général, encourageants (30 cas positifs) , mais il arrive qu’avec
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certaines espèces -comme le doriphore ou la chenille processionnaire du pin- aucune solutions n’aient été trouvées. L’utilisation de coccinelles comme auxiliaires de culture date tout de même de 1889, lorsque l’introduction accidentelle, en Californie, d’une cochenille (Iceyra purchasi) destructrice d’agrumes ; il a fallu introduire sa prédatrice naturelle et australienne (Novius cardinalis) pour venir à bout du fléau, c’est à dire à établir un équilibre entre les deux populations, qui se sont, depuis, adaptées à l’air américain. Depuis, on peut acheter facilement sur Internet des larves de coccinelles qui, en Europe, nous débarrassent des pucerons sans impacts nocifs sur la planète. Mais ce ne sont pas les seules aides précieuses que connaît le cultivateur.

METHODES DE LUTTE BIOLOGIQUE
INTRODUCTION D’ENNEMIS NATURELS

C’est le meilleur moyen pour accroître le taux de mortalité du ravageur. Parfois, l’introduction d’un seul ennemi suffit à réduire de 80 à 90 % le nombre de ravageurs, mais il faut, le plus souvent, en placer plusieurs (quand on les connaît) dans le milieu si l’on veut généraliser le succès.

Utilisation de prédateurs naturels :

J’ai cité l’exemple de l’usage des larves de coccinelles pour lutter contre les pucerons. Chez nous, c’est la coccinelle rodolia cardinalis qui est utilisée. D’autres auxiliaires, le plus souvent des insectes entomophages, sont intéressants :

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- Prospaltella perniciosi est un petit hyménoptère (famille des guêpes et des abeilles) dont la femelle pond ses oeufs sur la larve d’une cochenille (pou de San José = Diaspidiotus perniciosus) qui s’attaque aux arbres fruitiers et aux plantes ornementales. La cochenille, bien que protégée par une capsule de cire (ce qui la rend insensible à pas mal de matières actives non huileuses), sera dévorée de l’intérieur. Cette cochenille a été introduite accidentellement en France en 1935. Ce sont les Californiens, premières victimes de ce ravageur venu de Chine, qui ont développé des élevages de l’hyménoptère, sur des courges infestées de cochenilles, et suspendues dans les vergers.

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- Au début du siècle, un cactus, Opuntia inermis, avait été introduit d’Amérique en Australie où il se développait à vitesse grand-V (400000 ha/an) ; il n’avait pas de prédateur ni d’ennemi sur ce nouveau continent. C’est en introduisant un papillon, Cactoblastes cactorum, qui, comme son nom l’indique, possède une larve boulimique quand elle tombe sur une cactée, que les Australiens en sont venus à bout.

- Contre les dendroctones, petits coléoptères ennemis efficaces des pins, des épicéas et de bien d’autres végétaux, nous utilisons avec succès un autre minuscule coléoptère (Rhizophagus grandis) que nous élevons en batterie et que nous lâchons dans la nature ; celui-ci repère le dendroctone à son odeur caractéristique, le localise et le détruit.

La lutte intégrée extensive :

Cette technique consiste à renforcer un maillon déjà existant dans le paysage (grande unité géographique)

- Les fourmis rousses (dont formica rufa, mais il s’agit de plusieurs espèces en réalité) sont utilisées un peu partout (au Canada, contre la mouche à scie ; dans les Appenins, en Italie…). Une simple colonie de fourmis rousses (environ 100000 individus) nous débarrasse de 2000 à 10000 insectes par jour, dont 50 % de “ "nuisibles” ".

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La pose de nichoirs artificiels et adaptés à telle ou telle espèce utile qu’on veut privilégier, dans les bois et les forêts d’Espagne et de Russie, réduit considérablement le nombre de ravageurs. Les oiseaux insectivores seront ainsi favorisés grâce aux abris (10 nichoirs/ha) faits sur mesure pour des mésanges surtout, mais aussi pour des pics…

En Malaisie, ce sont les chouettes hulottes que l’on bichonne afin qu’elles débarrassent les palmeraies des rats envahissants et dévastateurs. Un nid par hulotte et sa nichée, pour 10 hectares, suffit à faire disparaître 1200 rats par an. Des postes d’observation ont été posés un peu partout pour que le rapace puisse oeuvrer plus aisément.

Usage de parasitoïdes :

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- On pratique l’élevage industriel de minuscules hyménoptères, les trichogrammes, qui parasitent les oeufs des autres insectes (les punaises ravageuses des céréales, la chenille Eudémis de la vigne, la chenille de la pyrale du maïs…).

- Bactrocera oleae, c’est la mouche de l’olive ; elle pond ses oeufs à l’intérieur du fruit, puis ses larves le détruisent ou le déprécient, suffisamment pour que l’INRA intervienne ; la très sainte INRA, a depuis de nombreuses années encouragé à utiliser un parasitoïde de cette mouche ravageuse, encore un hyménoptère : Opius concolor, c’est son nom, pond ses oeufs dans les larves de la mouche, qui, du coup, n’ont pas le temps d’abîmer l’olive.

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- Depuis longtemps maintenant, les cultivateurs en serre utilisent un minuscule hyménoptère (Encarsia formosa) pour limiter les populations de mouches blanches, ou aleurodes (Trialeurodes vaporariorum), dont les pupes seront infestées et détruites dès que l’hyménoptère aura pondu ses oeufs dessus. Il était temps car plus aucun produit phytosanitaire n’était efficace sur l’aleurode devenue économiquement  insupportable.

Utilisation de nématodes parasites :

Un nématode est un ver rond (opposé à ver plat) microscopique et non annelé. Les différentes espèces de nématodes occupent des niches écologiques variées mais on les trouve en grande partie dans le sol et à l’intérieur des végétaux ou des animaux. Certains d’entre-eux sont parasites de champignons pathogènes (pourridié des arbres) -l’inverse ayant lieu aussi. Mais ce sont les arthropodes (insectes,

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arachnides) ravageurs qui sont les plus combattus par ce moyen. Contre les larves d’otiorrhynques ou de hannetons, c’est le nématode Heterorhabditis bacteriophora qui fait l’affaire. Pour venir à bout des acariens phytophages de type tétranyches et panonyches, utilisation de Phytoseiulus persimilis. Steinernema carpocapsae et feltiae s’attaqueront aux tipules (le cousin, proche du moustique, ennemi des gazons) ou encore à la mouche du terreau. Les limaces ont aussi leur nématode parasite spécifique, Phasmarhabditis hermaphrodita. Un coléoptère, le scolyte des arbres fruitiers (Ips sexdentatus), a trouvé son maître en la personne du nématode Contortylenchus diplogaster…  Bien entendu, tous ces noms sont à apprendre pour la semaine prochaine, interrogation écrite ! On en connaît 4000 comme ça.

Utilisation de micro organismes :

Par cette technique, la lutte contre les ravageurs de cultures s’apparente à une guerre bactériologique, élargie à l’usage de n’importe quel micro organisme (bactéries, virus, champignons et protozoaires pathogènes aux insectes = entomopathogènes), pourvu qu’il soit efficace et sans danger pour l’environnement.

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- Le plus connu des exemples est celui du Bacillus thuringiensis (bactérie découverte en 1911, utilisée dans les années 50 et premier insecticide bio, commercialisé), capable de s’attaquer avec succès à une grande gamme de chenilles de lépidoptères (processionnaire, piéride, noctuelle, tordeuse, teigne, carpocapse…),  mais il en existe d’autres plus toxiques aux Diptères (B. t. israelensis) et aux Coléoptères (B. t. tenebrionis).

- Nous connaissons une bonne quinzaine de familles de virus entomopathogènes mais seul deux familles, les Baculoviridae et les Tetraviridae, n’infectent que des arthropodes. Les autres sont dangereux pour les mammifères ou d’autres embranchements et ne peuvent être utilisés sans risques irréversibles (virus de Sanarelli, vecteur de la myxomatose du lapin).

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- Une vingtaine de champignons entomopathogènes sont étudiés dans le cadre de la lutte biologique. Le plus utilisé, Beauveria bassiana, est efficace contre la pyrale du maïs, les termites, le charançon des bananeraies ou de la prune, le papillon tueur de palmier… Lui aussi rend bien des services, par son spectre large, et surtout parce qu’il remplace des produits hypertoxiques comme le chlordecone, molécule interdite trop tardivement par les autorités françaises, bien conscientes de ce qu’elles faisaient (les USA l’avait interdit dès 1976, la France en 1990 mais utilisé jusqu’en 2002 aux Antilles).

 

UTILISATION DE SOUCHES HYPOVIRULENTES DE CHAMPIGNONS PATHOGENES

On essaie de mettre en concurrence le champignon pathogène et sa souche moins pathogène pour le végétal. Endothia parasitica est un champignon microscopique responsable de la maladie du chancre du châtaignier, tumeur à évolution rapide entraînant un dessèchement, puis la mort de l’arbre. Lorsque l’arbre infesté arrive à stopper sa maladie, par ses défenses propres, il ne reste qu’un souche du même champignon, mais qui a perdu de son pouvoir malfaisant. Quand on met en présence les deux souches, l’hypovirulente communique à la virulente ses propriétés de non pathogène. Ainsi, le chancre cicatrisera facilement et l’on aura sauvé des forêts entières de châtaigniers.

 

S’ATTAQUER AU COEFFICIENT DE NATALITE DES RAVAGEURS

Il s’agit de gêner, d’empêcher, de limiter, d’inhiber le développement ou la reproduction d’un pathogène. On essaie de toucher au plus près des cycles de reproduction et de développement des espèces indésirables.

Lutte autocide :

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En rendant stériles à l’aide d’une bombe à cobalt des mâles d’une population donnée, par exemple la mouche des bovins (Cochliomyia hominivorax), responsable du trachome, on pratique à d’importants lâchers en vue de perturber l’efficacité de l’accouplement entre mâles et femelles fertiles. Le mâle stérile n’a aucun problème concernant ses envies sexuelles ni ses capacités techniques. Ne s’accouplant qu’une seule fois, les femelles ne donnent aucune descendance. Il faut savoir que la méthode est coûteuse si l’on veut venir à bout d’un tel fléau, car l’opération doit être répétée jusqu’à éradication complète de l’indésirable bipenne.

Utilisation d’attractifs sexuels :

C’est une méthode sournoise pour les insectes nuisibles“ "mais on n’est plus à ça près… Les chimistes mettent au point des molécules dites mimétiques, car elles imitent les bouquets phéromonaux des insectes. Ensembles d’hormones sexuelles ou d’agrégation (mâles ou femelles) qu’on disperse (pièges attractifs) dans les vergers ou les forêts (contre les mouches méditerranéennes des

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fruits en Floride, contre les scolytes forestiers…) afin de perturber le comportement des insectes, qui ne savent plus où donner de la tête, se perdent quelque peu et ne se reproduisent plus. Notons au passage qu’un phéromone humaine n’a pas d’odeur pour l’humain ; son mode d’action est plus subtil bien qu’apparenté à la réception olfactive. La plupart du temps, lorsque des mâles sont pris dans le piège, le cultivateur pense qu’il est temps de traiter avec un produit chimique banal, alors qu’il est bien entendu préférable d’opter pour un bio-pesticide, encore faudrait-il qu’il existe dans le commerce.

Utilisation d’autres hormones (ou phéromones) :

Ces hormones de synthèse et autres chimio-stérilisants perturbent le développement des insectes ravageurs. Ces nouvelles matières actives dérèglent les phases de la mue et, en l’empêchant, l’insecte étouffe dans sa carapace devenue trop petite, ou bien perdant sa protection qui n’est plus remplacée, il meurt rapidement -les polymérases nécessaires à la formation des chaînes de chitine sont inhibées ; d’autres de ces molécules empêchent tout simplement l’acquisition des aptitudes sexuelles (maturation bloquée).

OGM :

 

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A partir du moment où l’on insère un gène atypique (venant d’une autre espèce, voire d’une famille non apparentée), on fait dans le génie génétique. Ne sachant pas comment présenter à l’opinion une nouvelle technique qui pourrait passer pour contre-nature, donc dangereuse… forcément barbare quand appliquée à l’homme… les autorités ont changé plusieurs fois le nom, ce qui a donné plusieurs branches : Organismes Génétiquement Modifiés, thérapie génique, analyse génétique, biologie synthétique…

Pourtant, depuis l’obtention de résultats plus que prometteurs en ce qui concerne la biosynthèse d’insuline et de somatostatine (1977), l’espérance est grande, en ce siècle commençant, où l’on attend un bond thérapeutique fabuleux pour liquider quasiment toutes les maladies génétiques de ce monde. Ici , le soin par thérapie alimentaire vaudrait guérison. Les profanes ont du mal à croire (il ne s’agit pourtant pas de croyance !) qu’on pourrait nourrir les affamés avec des plantes o-gé-èmisées, c’est pourtant vrai ; les prototypes de plantes supportant les sols asphyxiants, ou les terres salées (shorres), ou encore les températures extrêmes, ont du mal à voir le jour. Parce qu’une et d’autres firmes ne pensent que profit, on risque de différer l’avancée des connaissances par des actes saccageurs, en aveugle, pas terroristes stricto sensu mais assassins tout de même. Les malades n’ont pas une voix qui porte assez loin, meurent jeunes et les oreilles des hommes se sont bouchées. Il est plus facile de détruire qu’entreprendre et, comme rabachait mon affreux directeur de lycée, la critique est facile, l’art est difficile.

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La technique, qui est la même dans la lutte contre les ravageurs de végétaux de culture, est pourtant enfantine : on pique le gène intéressant dans l’ADN d’un organisme donné et on le place dans le génome du noyau d’un autre organisme que l’on met en culture (plante en l’occurrence). Les outils du généticien sont des enzymes tout à fait ordinaires ; elles coupent, répliquent, réparent, raccomodent… nos gènes qui s’abîment avec le temps. La plante dispose ainsi des toxines de son donneur, pour se défendre aisément contre le ravageur qui y est sensible. Exemple : je mets le gène actif du Bacillus thuringiensis dans l’ADN d’une tomate. Ses descendantes, porteuses du ou des gènes toxiques ou répulsifs pour les insectes, pas pour la tomate ni pour les mammifères qui la consommerait, se protègent par elles-mêmes. Nous mangeons de l’ADN (nous en respirons) en provenance de toutes sortes de bébêtes (virus, bactéries, champignons microscopiques ou non, protozoaires, végétaux et animaux…), c’est naturel ; nous ne faisons qu’apprendre les lois de la nature afin d’essayer de l’imiter ou de faire mieux. Si un doute persiste et non des moindres, c’est celui de la dissémination d’organismes, pas tout à fait normaux quand même, dans la nature, et de leur transmission à des plantes génétiquement proches. C’est pourquoi, il est nécessaire de laisser les chercheurs chercher. Cessons de croire aux docteurs Folamour, il n’y en a pas autant qu’on le dit mais… seuls les scientifiques à l’âme corrompue doivent être dans notre viseur, on les retrouve dans les grands groupes privés, à coteries et lobbies, autant infernaux qu’inconscients, lesquels ne sont plus en mesure de prendre les nécessaires distances éthiques et de nous garantir un progrès non totalitaire.

Sélection des souches résistantes :

Le platane est atteint du chancre coloré, maladie incurable qui lui est communiquée par un champignon, Ceratocystis fimbriata platanii. Il faut effectuer des croisements subtils entre variétés différentes, mais ce n’est plus le platane méridional des origines. L’orme souffre d’une graphiose, non moins mortelle, et transmise par le petit cousin du premier coupable, Ceratocystis fimbriata ulmi. Si contre la maladie dont est affectée le platane on ne peut pas faire grande merveille, à part supprimer et brûler des dizaines d’arbres ou bien tenter la solution désinfectante, les Hollandais ont trouvé la parade pour limiter l’extension de la graphiose de l’orme, chez eux. Ils sélectionnent les arbres qui passent les dix ans d’âge car, en général, c’est qu’ils ont supporté la mycose létale d’habitude. Vieille méthode ceci dit.

 

SUBSTANCES PHYTOSANITAIRES, BIOPESTICIDES ET LUTTE INTEGREE

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En France*, premier utilisateur européen de produits phytosanitaires et consommateur numéro 2 mondial, chaque hectare cultivé reçoit 5 kg de pesticides par an. Seulement 20 % de la matière active est utilisée directement pour solutionner le problème agronomique, les 80 % se perdant dans la nature qu’ils tuent à petit feu (nous sommes de la nature). Le Round-up, que l’on pouvait presque manger à la petite cuillère, non seulement n’est pas dégradé comme la firme Monsanto le prétendait (que fait la Justice ?), mais il a très certainement tué plus d’un cultivateur, on ne le saura que dans 70 ans, à l’ouverture des salles d’archives.

La lutte biologique reste encore marginale mais elle avance pas à pas. L’industrie vient de saisir la balle au bond, elle sait qu’elle y gagnera beaucoup, pourra abandonner progressivement le chimique à tout va pour une chimie moins agressive et plus respectueuse des équilibres bio-géo-chimiques des écosystèmes. En associant des techniques et des modesculturaux adaptés, brûlage des parties

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infestées ou infectées, entretien des haies bocagères favorables à la présence naturelle d’auxiliaires de cultures, désinfection des outils… à l’usage des biopesticides existant ou à venir et, quand on ne peut faire autrement, au dernier moment, s’en remettre à dame Chimie si l’enjeu en vaut le coût et le coup, de façon bien raisonnée donc. Cette manière de combiner les trois types d’actions (techniques agricoles + préférence aux biopesticides + lutte chimique raisonnée) pour lutter contre les maladies et les ravageurs de nos végétaux, est dite intégrée.

Pour le moment, Bacillus thuringiensis tient le haut du pavé avec 90 % de parts du marché ; viennent ensuite les trichogrammes (minuscules hyménoptères parasitoïdes) auxquels on peu ajouter Encarsia formosa contre la mouche blanche. Les lâchers se font en avion, tous les 10 jours suivant les conseils dispensés par l’organisme de la Protection des Végétaux (SRPV), ou bien au sol où on les dissémine dans les champs cultivés ou dans les serres, sous forme d’oeufs de papillons parasités par le trichogramme et prêts à éclore de l’auxiliaire.

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La larve de la super coccinelle asiatique (Harmonia axyridis) vient d’être acclimatée et adaptée à la culture intensive par l’INRA d’Antibes. Depuis, elle prolifère et nous débarrasse des pucerons, les Parisiens l’ont adoptée. Cependant ,les viticulteurs s’en plaignent déjà car, attirée par les grains blessés, elle est ramassée avec le raisin, et se trouve mélangée au jus… Les études portent également sur les élégants chrysopes (Chrysoperla carnea), dont la larve, moins jolie, est avide de pucerons, de cochenilles et autres “ "pouillots” ". On est loin de l’usage que faisaient nos ancêtres du jus de tabac (nicotine), efficace mais ne distinguant pas les abeilles des pucerons. Protégeons ces
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espèces, au lieu de les confondre avec des moustiques, ils sont des compagnons, de véritables aides de camps. Idem pour le syrphe dont tout le monde a peur qu’il ne le pique, alors que cet hyménoptère, comme la grande majorité, est inoffensif pour l’homme, très offensif, vis à vis des ravageurs de nos jardins. C’est lui qui fait du sur-place et d’un seul coup disparaît comme un OVNI.

 

* En 1996 : 7000 substances chimiques pesticides, 50000 t de fongicides, 16500 t d’insecticides, 33000 t d’herbicides. Sans oublier les nématicides, les corvicides, les acaricides, les rodenticides, les molluscicides, les taupicides… quel génocide ! Tous à vos dicos.

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