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Plus blanc que blanc, c’est transparent !

Publié le 02 juin 2010 par Jotbou

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Quel lien peut-il y avoir entre “L’amour est aveugle“, “Les infiltrés” et “Dilemme” ? A première vue pas grand chose ne rassemble ces trois programmes tant sur le fond que la forme. Et pourtant, c’est à une logique bien contemporaine que ces trois programmes doivent une part de leur concept, à savoir la recherche à tout prix de transparence.

La transparence en télévision, de quoi peut-il bien s’agir ? En aucune manière il ne s’agit de définir cette notion sous l’angle strictement graphique faisant de la recherche de matériaux transparents un point essentiel de ces émissions (même si la transparence physique est elle aussi omniprésente en télévision, qu’il s’agisse des décors ou bien des éléments utilisés dans les génériques). Ici, l’attention va se focaliser sur le propos que ces trois programmes mettent à l’écran. Avant toutes choses, il demeure intéressant de redéfinir sommairement le principe de ces dits programmes :

L’AMOUR EST AVEUGLE (TF1) : Jeu de séduction où trois hommes et trois femmes vont tenter de se séduire au cœur d’une pièce plongée dans l’obscurité totale et où seuls leurs voix ainsi que leur sens tactile pourront les aider.


LES INFILTRÉS (France 2) : Émission journalistique proposant un sujet de société polémique au travers d’un reportage effectué au long cours (plusieurs mois) et lors duquel l’usage des caméras cachées est très fréquent pour restituer les situations telles qu’elles ont été vécues.


DILEMME (W9) : Jeu de “télé réalité” où quatorze candidats (sept filles et sept garçons) sont enfermés dans un cube lui même partiellement transparent. La production du jeu affirme quant à elle que cette émission est décomplexée vis à vis des autres productions de “télé réalité” et ne va se priver de rien, les habitants de la maison étant visibles à n’importe quel moment via Dailymotion, et c’est le public qui agit concrètement au cœur du jeu.


De cette description des concepts, la transparence télévisuelle s’articule dans le positionnement que la production cherche à donner au public qui regarde ces émissions.

Percer la profondeur du noir grâce aux caméras infra rouge de “L’amour est aveugle“, être dissimulé comme une caméra cachée et entendre des propos dont l’autorisation de diffusion n’a pas été donnée par l’auteur comme dans “Les infiltrés”, ou encore avoir la main sur tout ce qui peut être filmé et décidé au cœur d’une maison, voilà la nouvelle mode télévisuelle.

Le téléspectateur devient téléspect-acteur. Il l’était déjà depuis l’apparition de la télécommande qui lui permettait de changer à sa guise de programme. Désormais pour s’astreindre à regarder une émission, il veut en être le modeleur et créer un modèle selon ses bons désirs.

Dès lors, offrir la transparence comme promesse, c’est augmenter les capacités initialement dévolues au téléspectateur et lui offrir des possibilités qui à l’origine étaient celles permises aux créateurs d’émissions. Ouvrir de la sorte les vannes du “tout montrer, rien cacher“, c’est en quelque sorte annihiler totalement ces émissions car leur présence se résume pour ainsi dire à être un vecteur de transmission qui n’a plus du tout son rôle de médiateur comme auparavant.

A tout vouloir montrer, tout le temps, en permanence, on en oublie que l’on galvaude l’intermédiaire qu’est la télévision en confiant au public (dans la diversité de sa culture ainsi que de sa pratique télévisuelle) les clés d’un système qui ne s’appréhende pas aussi aisément que cela. De même qu’en terme de comparaison internet a, avant l’heure, décimé cette structure médiatrice pour un résultat somme toute mitigé parmi les utilisateurs du web.


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