On vous balance juste un extrait : "Pour poursuivre mon propos, ce match que nous allons disputer sur l’île de la Réunion est une opération politique de haut vol. D’abord un joli coup pour remonter le moral de garçons qui jouent devant un public fervent et béat. Ce genre de moment est assez rare pour l’apprécier. Ensuite, jouer contre la Chine n’a aucun intérêt sportif, bien évidemment. Par contre, d’un point de vue géostratégique, c’est carrément génial. Les journalistes de cette nouvelle grande puissance seront là pour couvrir l’événement, sur la terre de la Réunion, passerelle des intérêts chinois sur le continent africain, et nos joueurs passeront à la postérité dans l’opinion de l’Empire du Milieu. Joli coup. Pas très bon pour les jambes, mais excellent pour les affaires. Clausewitz aurait applaudi. En apparence, ce match ressemble à un spectacle de patronage. En coulisses, la France marque des points sur le plan diplomatique. Cette bataille pour gagner l’opinion des enfants de Mao est très importante. Je sais, vous vous en moquez, mais le football n’est pas un jeu, croyez-moi."
La suite, du même acabit, sur le site du Nouvel Obs. Serge Raffy, un excellent journaliste par ailleurs, a sans doute bu un coup de trop de rhum arrangé. La Réunion n'a aucun intérêt stratégique pour la Chine. Contrairement à Madagascar, par exemple, un pays autrement intéressant économiquement pour les Chinois. On ne peut pas demander à M.Raffy de bien écrire ET de s'y connaître en économie mondiale et en géostratégie. Et puis, comme d'hab dans la presse parisienne (et le Nouvel Obs en est un spécimen très très représentatif), ce vieux mépris pour les Dom, sur ses gentils habitants, public "fervent et béat". Faut-il qu'ils en soient abreuvés, de clichés, nos journalistes éloignés, pour en débiter autant. Sans voir. Sans savoir. Sans même demander. Bah, pas grave. Si Serge Raffy ne sait sans doute pas situer la Réunion sur une carte, non plus que la Chine, un peu plus grosse sur une mappemonde, il doit connaître par coeur le plan de Paris, et l'emplacement des stations de taxis.
François GILLET