Le drame qui vient de se dérouler au large des côtes gazaouies marque le succès d'une belle opération de manipulation de l'opinion internationale par le Hamas et ses soutiens dans la région. En convainquant des personnalités politiques européennes de monter à bord des navires, et en bénéficiant du soutien de la Turquie, le Hamas avait gagné avant même que les navires quittent leur port initial. Qu'ils parviennent à violer l'embargo égypto israélien ou qu'ils se fassent arraisonner dans le sang, la victoire médiatique était assurée. Un nouveau convoi prétendument humanitaire est déjà annoncé. Un mouvement qui promeut les opérations suicide ne peut que se réjouir d'élargir son recrutement à des européens… parmi lesquels des parlementaires. S'ils meurent, à défaut des 70 vierges, eux et leur famille auront droit aux sincères remerciements du Hamas, c'est déjà ça.
Quitte à perdre une nouvelle bataille de l'image, Israël a choisi la ligne de la dureté. Etait-ce le bon choix ? Manifestement, la Turquie d'Erdogan est entrée dans un processus de rupture du lien qui l'unissait historiquement à Israël. Cet incident n'a servi qu'à justifier la ligne de plus en plus ouvertement islamiste (l'arrestation récente de généraux envoyant un message clair à l'armée, garante historique de la laïcité du pays) et antisioniste de la Turquie (il serait intéressant d'étudier le rapprochement de la Turquie avec l'Iran). Ce n'est pas un hasard si le convoi partait de ses côtes. En revanche, Israël met l'autorité palestinienne et l'Egypte en difficulté. Le président égyptien, Hosni Moubarak, s'est trouvé politiquement contraint de réouvrir un point de passage avec la bande de Gaza dont il connaît bien les dangers. Quant à l'autorité palestinienne, la première à souhaiter la disparition du hamas, elle risque de devoir se retirer de la fragile reprise du processus de paix pour apaiser la colère populaire des Palestiniens. Au lieu de consolider sa légitimité auprès des Palestiniens, la riposte israélienne l'endommage à nouveau. Le jeu de la division ne peut que desservir les intérêts des Israéliens à terme, même s'il présente des avantages dans l'immédiat.
L'intervention de l'armée israélienne a eu lieu dans les eaux internationales. Sur le plan du droit, sa légitimité est clairement douteuse. Mais rappelons que la bande de Gaza est une zone de non droit. Elle subissait jusqu'au 1er juin un embargo à la fois de l'Egypte et d'Israël. Depuis quelques années, cette bande de quelques dizaines de kilomètres s'est transformée en prison à ciel ouvert dont les geôliers sont autant les gardiens de l'embargo que les islamistes du hamas. Leur putsch de 2006 - 2007 suite à leur succès local aux législatives s'est terminé dans un bain de sang. Rappelez-vous ces témoignages de militants du fatah torturés, amputés de jambes suite aux balles expressément reçues dans cette perspective des militants du Hamas, ou tout simplement abattus. Financé par l'Iran comme le Hezbollah, le Hamas est une insulte à l'islam, et une menace pour les Palestiniens qui en sont les premières victimes, le moyen-orient et le monde. Dans ce contexte dangereux, difficile de juger cette intervention israélienne aussi durement que le font la plupart des médias français. Leur critique aveugle ne porte pas seulement atteinte une fois de plus à l'image d'un Israël qui abuse de la force, même si celle-ci leur a assuré plusieurs années de sécurité, elle menace aussi l'espoir des Palestiniens de mettre fin de la dictature sanglante du Hamas.