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Biodiversité : un colloque pour le concret

Publié le 04 juin 2010 par Argoul

Le terme ‘biodiversity’ a été inventé par Walter G. Rosen en 1985. La notion parle donc du vivant et à la fois de sa richesse et de sa complexité relationnelle. Si 99% des espèces ont disparues depuis leur apparition sur terre, celles qui survivent se sont différenciées et adaptées à leur environnement. L’interaction entre une espèce, son milieu et les autres espèces vivantes (végétales, animales, humaine) est tout simplement… vitale.

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Par biodiversité, on entend la diversité naturelle des organismes vivants. Il y a donc trois présupposés :

1. Le vivant c’est « bien »,
2. Le naturel c’est « bien,
3. La diversité c’est « bien ».

La vie, chacun en conviendra, est préférable à la mort – à condition que la vie des autres ne vienne pas menacer la nôtre. C’est tout le débat sur la réintroduction du loup ou de l’ours dans certaines régions isolées qui vivent d’élevage. Mais aussi le débat philosophique des végétariens ou religieux sur nos frères les bêtes. En politique, l’exaltation de sa race, de son ethnie, de sa nation ou de sa croyance en la Vérité ultime fait volontiers éradiquer les autres comme inférieurs et parasites, ou violer leurs femmes pour leur inculquer de bons gènes. Que faut-il protéger ou encourager, comment ?

Le naturel est un mot-valise qui peut être dangereusement régressif : tout ce que fait la nature serait-il à valoriser ? En ce cas, la « loi de la jungle » serait la meilleure, les plus forts et les plus intelligents survivant mieux aux aléas que les faibles et les moyens. Selon les néo-darwinistes, le gène est l’unité fondamentale de la sélection naturelle, donc de l’évolution. En ce cas, seule l’origine compterait et l’éducation ou les interactions seraient secondaires. Or les relations entre espèces et milieux sont très diverses, allant de la chaîne alimentaire au parasitisme, de la symbiose à la prédation, de la compétition à la coopération. Tout cela est « naturel » puisque constaté dans la nature… Mais cette nature ne nous dit pas comment l’homme doit vivre, lui qui n’est pas qu’instincts programmés. Se fonder sur « la nature » en politique est donc éminemment dangereux puisqu’alors « tout » est permis (tout est dans la nature).

La diversité et son acceptation est un présupposé né de l’observation. Toute population trop homogène risque la catastrophe en cas de virus ou de changement climatique. Elle n’est pas assez adaptable aux changements. A l’inverse des théories politiques visant à ne voir qu’une tête, à créer un homme « nouveau » obéissant à la communauté ou des théories industrielles visant à sélectionner une espèce végétale ou animale formatée aux besoins, la biodiversité apparaît comme une composante essentielle du développement durable. L’être humain n’est pas une fourmi et sa société ne peut sans dommage s’organiser comme telle. L’homme évolue, l’environnement évolue, les interactions changent. L’idée favorise donc le libéralisme (les libertés et l’égale dignité de chacun) au détriment de l’égalitarisme (tous pareils). Mais elle favorise aussi la fraternité (coopérer et éduquer rend plus fort et plus inventif).

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Extension des sols bâtis, lessivage des surfaces, agriculture intensive, surpêche, pollution, maladies, espèces invasives et blanchissement des coraux changent le milieu de vie. Des espèces disparaissent, d’autres s’imposent, et la santé humaine est affectée. On estime qu’en Europe moins de 3 % des forêts n’ont pas été modifiées par l’homme, la moitié des zones humides et la plupart des terres agricoles fertiles ont disparu. Près de la moitié des mammifères indigènes, des oiseaux, des reptiles ou des papillons sont menacés.

La protection et restauration de la diversité du vivant peuvent être considérées comme une ressource vitale du développement durable.

• L’industrie pharmaceutique est l’une des premières bénéficiaires de la biodiversité avec les molécules fournies par les végétaux.
• La chimie profite des pouvoirs transformateurs des bactéries.
• Le tourisme exige des milieux sauvages et espaces protégés de loisirs
• La santé exige que les ressources naturelles soient saines : l’oxygène respiré, les fruits et légumes mangés, le bétail et les poissons au stock préservé, l’eau purifiée, le climat non déséquilibré.
• L’économie permet de dépenser moins en réparations diverses, de l’épuration au ramassage des ordures, du tri aux soins dus aux expositions à la pollution, etc.
• L’éthique réclame de ne pas se comporter en enfant de 2 ans à exiger tout, tout de suite et à gaspiller selon ses caprices, mais à gérer notre milieu de vie comme on organise sa maison et son jardin.

Contrairement aux mystiques qui courent trop souvent les ondes, une grande part des activités humaines est compatible avec le maintien d’une biodiversité importante. A condition que des règles de gestion et d’aménagement soient respectées. Cela ne va pas sans changements sociaux, économiques et politiques. Mais l’adaptation se fera, poussée par la nécessité.

Comment ? - C’est l’objet d’un colloque organisé par l’Association des ingénieurs écologues et l’Institut du développement durable le vendredi 25 juin 2010 de 8h30 à 18h30 à Lille dans l’Université Catholique, 60 boulevard Vauban. Le programme dira comment évaluer les milieux naturels et humains, comment réussir une gestion différenciée, quels sont les bons indicateurs et quel est donc ce métier d’ingénieur écologue. Une visite facultative de la Citadelle de Lille est prévue. Un forum réunissant des entreprises proposant des solutions aura lieu toute la journée.

Pour participer, l’inscription est obligatoire et payante : 50€ pour les professionnels, 10€ pour les étudiants, chercheurs, chômeurs…

Retourner le bulletin d’inscription accessible via [email protected], accompagné de votre règlement,  avant le 10 juin 2010 à : AUDDICÉ - Colloque AFIE - ZAC du Chevalement - 5 rue des Molettes - 59286 ROOST-WARENDIN


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