Bien souvent les maisons anciennes (du XIXème), ont leur toiture qui a souffert du temps. Pour nous, cela a été un moyen d’acquérir la maison à moindre coût, car la réfection de la toiture est avant coûteuse. Mais la réfection de la toiture n’est pas en soit techniquement difficile, il faut surtout disposer de temps.
Quand
Il est primordial de choisir la bonne période de l’année, l’été semble propice, mais les températures peuvent être un peu élevées en toiture, notre choix s’est orienté sur la fin Aout, ce qui laisse un bon mois avant les premières gelées et grosses intempéries.
Temps
Quelques idées des délais nécessaire à l’ouvrage :
- démontage des tuiles : 10m2 à l’heure (à deux)
- démontage et remplacement des chevrons, avec calage : 20 minutes par chevron
- pose fenêtre de toit (type Velux) : 2 à 4 heure par fenêtre suivant la taille et l’accessibilité
- cloutage des liteaux en 4m : 60 mètres linéaire à l’heure
- pose des tuiles : 5m2 à l’heure
Besoins
- scie (sauteuse, circulaire, égoïne),
- marteau, arrache clou, pince coupante, disqueuse, perceuse
- échelle, gants, harnais
- clous de 140 (chevrons) et de 60 (liteaux)
- liteaux
- chevrons
- tuiles et faitières d’avance pour remplacer la casse
et de l’huile de coude
Dépose des tuiles
Rien de plus simple que de démonter, nous avons la chance d’avoir des tuiles quasiment inusables, aucunement poreuses ou cassantes, nous ne perdons que celles qui furent scellées au ciment (faitière, rive).
En évitant de déposer les tuiles trop loin, c’est autant d’effort à ne pas produire pour les reposer, nous les avons stockées à même l’étage, voir même entassées sur les liteaux déjà remplacés
Pour empiler les tuiles, les mettre tête-bêche, le risque de casse est amoindrit, et le rangement facilité.
Chevronnage
Ne garder que les chevrons peu abimés, il est possible de refaire leur pied avec un contre chevron et des tirefonds, j’ai préféré tout changer, même si cela à tendance à retirer ce cachet à ces toitures (qui n’étaient pas toujours strictement régulières). Finalement on gagne en temps pour l’alignement.
Pour caler les chevrons, tendre une corde entre les chevrons extérieurs, et caler les chevrons en les alignant sur cette corde.
Des chevrons en chêne gagnent à être conservés s’ils sont en bon état, de préférence mettre en rive un chevron en chêne.
Sous-toiture
Notre grenier étant aménagé, nous utilisons un feutre sous toiture de type bitumeux, longévité indéniable, à contre latter, autre avantage, permet de maintenir votre toiture hors eau le temps de remonter les tuiles, enfin permettra l’évacuation de l’humidité accumulée sous les tuiles (typiquement la neige qui s’est infiltrée).
Liteau
Un contre-liteau est posé sur chaque chevron, à même le feutre bitumeux, l’idée étant d’accroitre l’aération entre la tuile et le feutre.
Il faut conserver l’aplomb des tuiles et des liteaux (si les tuiles sont de travers l’eau risque de s’infiltrer), un bon niveau et une corde pour fixer le premier d’entre eux, c’est le plus important. Ensuite chaque liteau tous les 8.5cm. Je préfère les monter par espacement de 4 (donc espacés de 34cm), cela permet de rapidement arriver en haut de toiture et préparer le montage des faitières.
Des liteaux en chêne d’origine, nous conserverons ceux qui n’ont pas pris l’humidité (les fibres de cellulose sont fragilisées le moindre choc, brisant la latte), ils seront retournés lors de leur pose, éventuellement avec un avant trou à leur extrémité pour y enfoncer le clou et ainsi éviter l’éclatement du bois.
Rive
A oublier ces tuiles de rive qui recouvrent le chevron de rive = ce type de tuile n’existait pas au 19ème, il faut faire surplomber les tuiles de 4 centimètre par rapport au chevron de rive, voir même occulter complètement ce chevron dans la maçonnerie (comme c’était souvent le cas pour les versants exposés au soleil et intempéries).
Faitières
Celles d’origine furent remontées au ciment, il n’a pas été possible de les récupérer. ce sont des neuves qui sont remises en place, montage au mortier batard fortement dosé :50% sable, 25% chaux hydraulique, 25% ciment. Première étape, scellement des faitières à leur base. Les crêtes de coq sont réalisées quelques jours plus tard.
Tuiles
En fait l’espacement entre liteaux dépend de la taille des tuiles, si l’une d’elle venait à disparaitre, il ne faut pas que l’eau puisse s’infiltrer.
Aération
Pour un étage aménagé, améliorer l’aération avec des “chatières”, aujourd’hui elles sont relativement petites contrairement à celles qui existaient à l’époque (un chat pouvait réellement y pénétrer).
Pour l’étage les fenêtres de toit de type Velux sont un compromis, encore faut il prendre les petites tailles (55cm*78cm) pour limiter l’impact visuel ; quitte à en mettre 2 par pièce, la luminosité n’en sera qu’accrus, avec un joli effet mansardé.
Astuce : l’étagère de liteau
J’ai construit une étagère amovible (sur laquelle est posée le seau sur la photo #9), celle-ci se pose en s’agrippant aux liteaux ; confort, facilité d’utilisation, simplicité de construction, en font un élément indispensable pour la rénovation de la toiture :
- 2 planches à 90°, collées et vissées l’une à l’autre
- 2 griffes (équerres) qui se glissent derrière les liteaux
Conclusion
Ces tuiles de pays ont l’immense avantage d’être une méthode très simple pour la mise en oeuvre ; si une tuile est trop large, un petit coup de disqueuse et c’est corrigé (à l’inverse des tuiles mécaniques où le moindre écart se rattrape tellement difficilement).
Tout le charme de ces maisons anciennes est à préserver, la toiture en tuile de pays contribue grandement à cela surtout avec ses tuiles d’origine.