Magazine France

Quand l’Europe s’en Grèce (1)

Publié le 04 juin 2010 par Soseki

Quelques éléments de réflexions avec la dérive financière grecque.

 En pleine banqueroute, l’Etat grec s’est vu mis au pilori des marchés financiers. L’Europe et le FMI, pour apporter les ressources à la Grèce, ont imposé des restrictions concernant déficits et dettes. Les marchés financiers européens s’affolent, les Etats sont fragilisés, les manifestations pullulent. 

  1. Ces restrictions provoquent manifestations et émeutes chez les Hellènes. Ainsi, lors d’une « manifestation », des militants d’extrême-gauche ont jeté des cocktails Molotov, notamment dans une agence bancaire.
    Conséquences : morts et blessés parmi les clients et salariés, dont une femme enceinte. Un journaliste français, en l’occurrence d’Europe 1, a interviewé l’un des manifestants. Celui-ci trouvait normal ces « manifestations » et rendaient les employés, et l’employeur, responsables de cet « incident » : ils n’auraient pas dû venir au travail…
    Pas une seule fois le journaliste n’a posé de questions à ce « manifestant » sur la légitimité, la normalité de ce genre de pratiques, en quoi cette tragédie se transformerait en incident, qu’est-ce qui peut légitimer ce meurtre ?
    Surtout, pourquoi l’époux et l’ex-futur père n’a, lui, pas été interviewé sur cet horrible évènement qui aura brisé sa vie en volant celles de sa femme et futur bébé ?
    Bel exemple de responsabilité médiatique… Etre le censeur de la morale est toujours plus facile par l’artifice que la sombre réalité.

 2.   L’Etat grec en est arrivé à cette situation financière déplorable à force de mensonge, gabegie, clientélisme, démagogie et irresponsabilité de ses acteurs politiques, institutionnels et syndicaux. Les politiques grecs avaient pour seul souci leur éligibilité, les institutions leur tranquilles dépenses, les syndicats leurs belles prébendes, et le peuple sa lâche insouciance des générations vieillissantes.
Cela ne vous rappelle rien ?

 3. La crise financière, boursière, s’étend en Europe, après la Grèce, sur l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, voire l’Italie puis la France. Deux facteurs s’additionnent : les politiques budgétaires nationales de ces Etats qui ont toujours préféré la facilité de la dette et des intérêts catégoriels, et les acteurs financiers.
Quel cynisme de voir ces « acteurs », qui, après avoir provoqué la grave crise économique et sociale mondiale, s’attaquent aux Etats… ces Etats qui les ont sauvé…
Et n’est-il pas amusant de voir l’Europe mise en cause (et à juste titre concernant ses divisions et l’irresponsabilité de certains) par ces intervenants financiers qui braquent les projecteurs sur les déficits de quelques uns de nos Etats de la « vieille Europe »… Mais pourquoi ces mêmes « intervenants financiers » ne s’en prennent-ils pas à des Etats aux dettes et déficits bien plus colossaux, tels les Etats-Unis, au record mondial de la dette ???

 4. Angela Merkel avait laissé « pourrir » la situation grecque, pour des enjeux électoraux internes. Résultat : elle a quand même perdu les élections d’une région allemande, tout en multipliant par dix la note grecque… A présent, elle met la pression sur N. Sarkozy en interdisant, unilatéralement, les spéculations à la baisse, vente à découvert, « à nu », des marchés financiers.
C’était une promesse sarkozienne, c’est devenu une réalité merkelienne. Si la décision est bonne, la façon est déplorable : il aurait pu s’agir d’une mesure européenne, plutôt que de vouloir rectifier une image politique individuelle. Tirer la couverture à soi plutôt que d’œuvrer pour l’Europe et ses peuples, voilà nos belles générations politiques…

Toujours cette médiocrité…

 5. L’Europe s’est, encore, divisée sur l’aide à l’Etat grec. La note, qui aurait pu n’être que de quelques dizaines de milliards d’euros, est à présent de quelques centaines… Les responsables gouvernementaux européens se révèlent être plus préoccupés par leurs médiocres carrières internes que par la politique elle-même. Tocqueville avait écrit que les gouvernés ont les gouvernements qu’ils méritent. La médiocratie s’est immiscée dans tous les Etats européens. La grave crise économique et sociale que le monde traverse risque de faire un mort : l’Europe et ses Etats !
Par son manque de structuration européenne, par la médiocrité de ses politiques, par son absence de politique économique et industrielle européenne, par l’aveuglement de ses peuples qui préfèrent écouter les démagogues de gauche et de droite : ceux-là même qui accusent l’Europe de tous les maux sont les fossoyeurs des Européens !
L’Europe et ses Etats se dévitalisent de leurs industries, de leurs savoirs, de leurs capacités. Mais tant que l’on a la retraite à 60 ans et les 35h, tout va bien… Tant pis pour nos millions de chômeurs et futurs « sans-retraites ».
Si les Etats européens ne sont pas assez murs pour assumer leur avenir, donc celui de l’Europe, alors c’est le pourrissement de la « vieille Europe » qui nous attend…

 Pour rappel, lors des dernières présidentielles françaises, un seul candidat avait pour thèmes au cœur de son programme et vision politique, la lutte contre la dette, le réveil de l’Europe, et la réindustrialisation de nos territoires.

C’était François Bayrou.

Depuis, il a oublié l’Europe aux Européennes, et la politique économique lors des Régionales.

 Réveillons-nous !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Soseki 98 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte