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Etat chronique de poésie 908

Publié le 05 juin 2010 par Xavierlaine081

908

Plume légère

Posée aux paupières du matin

D'amour cause

En lèvres chuchotées

*

« Fais pas le malin », qu’elle disait, notre brillante étoile, au ciel de défunte République.

Et pendant ce temps, nos dignes intellectuels débattaient du sexe de Freud.

Les micros et les caméras ne cachaient pas leur extase.

Le monde tourne dans le bon sens, les algériens seront affublés d’un passeport biométrique qui dira tout de leurs amitiés, de leurs opinions, de leurs manifestations d’humeur.

On ne dira pas que l’Europe envisage de se commettre aux mêmes atteintes à la liberté. Mais c’est mieux de parler d’Alger…

Ici, on garde à vue, sans discernement, un jeune qui affiche sur son tee-shirt son aversion présidentielle. L’autre gesticule, brandit un doigt vengeur contre cette racaille qui terrorise le bourgeois.

Tout va bien dans le meilleur des mondes : les retraites fondent au soleil des finances glauques. Ceux qui décident d’en retarder l’échéance y sont déjà parvenus, ou n’ont aucun souci à se faire pour leur avenir.

L’art politique est de peindre en rose les nuages noirs, d’exiger le sourire sur les visages fatigués des non encore suicidés du travail.

*

Le monde tourne, chacun vaque à une tâche qu’il imagine encore utile, signe d’une main complice le pacte avec le diable, tapi derrière les corbeilles virtuelles d’une bourse qui se prend pour la vie.

Ce qui est n’est plus à inventer : Huxley et Orwel peuvent se donner la main; le meilleur des mondes est pour tout de suite…

*

Nuées crevées bien avant l'aube,

Pluie bienheureuse cueillie à gorges volatiles déployées,

Les doigts errent encore un peu entre sommeil et veille,

Cherchent leur chemin de rosée pour accueillir le jour.

.

L’horizon se ferme sur les yeux de l’avenir

Nous voici dessaisis de notre propre destin

Ceux qui décident s’arrogent tous les pouvoirs

Nous pourrions prendre le parti d’en rire

Histoire de ne pas rester sur notre faim

L’essentiel est d’y croire

.

Guerre pire que les guerres qui se mène

Sous les lèvres cousues d’autocensures

Celle-là tue

Il n’y aura aucun livre noir

Ses pages sont tuées dans l’œuf

.

Manosque, 23 avril 2010

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