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Stratégies en Territoire de Santé – La e-santé en région à l’heure d’HPST. – N°2

Publié le 05 juin 2010 par Apoignant

Stratégies en Territoire de Santé

La e-santé en région à l’heure d’HPST.

La loi Hôpital Santé Patients Territoires (HPST) modifie en profondeur l’organisation du système de soins en France. Elle va très fortement impacter l’organisation, les leviers et les modalités de la relation de l’industrie avec ses cibles sur le terrain.

Tous les deux mois, nous retrouverons dans ces colonnes des exemples de stratégies à succès dans ce nouveau cadre qui est le nôtre. L’expression du point de vue de divers acteurs de l’industrie Pharma viendra renforcer la dimension concrète et opérationnelle de ces pages. A vous de continuer le débat, a travers vos mails et commentaires sur www.e-PHARMArketing.com

Des ARS aux Espaces Numériques Régionaux de Santé (ENRS)

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) connaissent depuis vingt ans une croissance à deux chiffres et sont désormais au cœur de notre système économique et financier. Recourir au numérique pour accélérer la mutation sociale est ainsi une démarche logique de l’Etat, dans un secteur, la santé, dont le poids économique représente environ 10% du PIB.

Depuis près d’une dizaine d’années, les régions ont été les moteurs d’une modernisation des systèmes d’information de santé. Aujourd’hui les régions sont dotées d’un véritable double numérique des ARS, l’ENRS qui se définit comme un espace de services dématérialisés, porté institutionnellement par l’ARS et piloté par une maîtrise d’ouvrage régionale.

Son objectif est de garantir au public et aux professionnels de santé l’accès aux informations pertinentes et actualisées sur l’offre de santé, en tout point du territoire. Cet ENRS respecte les référentiels et le cadre d’interopérabilité de l’ASIP (Agence des Systèmes d’Information Partagés de santé), tout en répondant aux besoins régionaux définis par l’ARS.

Bien évidemment tout manager régional sera particulièrement intéressé par ces évolutions qui vont lui permettre de raffiner ses stratégies en territoire de santé.

Des plate-formes de télésanté pour favoriser la coopération sanitaire
La création des ARS vise à renforcer l’ancrage territorial des politiques de santé et leur adaptation aux besoins locaux (projets territoriaux de santé).

Dans cette perspective, les plates?formes de santé (PFS) seront l’illustration concrète de la régionalisation des politiques de santé et de la coopération ville/hôpital. Ces PFS vont permettre le partage des données médicales, mais aussi la sécurisation et l’optimisation des parcours de soins et bien sûr produire des données accessibles aux ARS.

Voici quelques exemples de partage d’informations de santé dans une perspective de coordination accrue des soins, autour d’un Etablissement de Soins (ES).

Acteurs impliqués Usages en coordination des soins

ES / Ville Partage des comptes?rendus hospitaliers (ex : lettres de sortie).

ES / ES Transfert de fiches de liaisons.

ES / Ville Transfert des comptes?rendus de biologie ou d’imagerie, prescription d’anapath.

Ville (médecin traitant) / ES Transfert de données minimales patients (ex : documents structurés ou non, demande d’hospitalisation, demandes d’examens…).

Ville / Ville Transfert de données patient, demandes d’avis.

Pourquoi le gouvernement favorise-t-il la télémédecine ?
La télémédecine sera un bras de levier puissant pour conduire la restructuration de l’organisation des soins voulue par le législateur dans la loi HPST. Compte tenu de la masse critique importante des patients atteints de maladies chroniques en France (15 à 17 millions de personnes), qui ne fera que croître dans les prochaines années avec l’allongement de la durée de vie, les Pouvoirs Publics peuvent espérer via cette nouvelle organisation de soins une décélération significative des dépenses de santé.
Le rapport de Pierre Simon et Dominique Acker « Place de la télémédecine dans l’organisation des soins » souligne aussi les enjeux médico-économiques d’un déploiement de la télésurveillance à domicile des patients atteints de maladies chroniques : meilleure prise en charge des patients, prévention des exacerbations et donc des hospitalisations, meilleure qualité de vie des personnes âgées, réduction des coûts liés aux transports et aux hospitalisations.
Les maisons de santé pluridisciplinaires seront alors le lieu de premier recours pour la télésurveillance à domicile des maladies chroniques. Cette volonté est en cohérence avec les recommandations du rapport Besson « France Numérique 2012 » qui vise également à développer les services de télésanté.
La télésanté est-elle une réponse à la désertification médicale ?
Le maintien de structures d’urgences dans les établissements de proximité nécessite d’assurer à ces établissements des téléconsultations spécialisées à partir de l’établissement de référence du territoire de santé qui concentrera le plateau technique lourd et les services de spécialités.
Les médecins généralistes exerçant dans ces établissements de proximité devront alors être reliés par une plateforme de télésanté aux médecins spécialistes des établissements de référence.
L’enjeu d’une telle organisation pour certaines urgences cardiovasculaires (AVC, IDM) ou métaboliques (IRC, diabète) est évident, pour maintenir une égalité des chances aux patients se présentant initialement aux urgences de proximité. C’est aussi probablement le seul moyen de maintenir des soins de qualité malgré la baisse de la démographie et la désertification médicales.

Quelles opportunités pour l’industrie avec l’éducation des soignants ?
Une opportunité évidente sera de mettre en oeuvre des programmes de formation des personnels de santé des centres et des maisons de santé pluridisciplinaires à l’usage de la télémédecine et de la télésurveillance santé à domicile.
L’industrie pourra aussi participer à une formation initiale dès la faculté de médecine et les écoles d’infirmières, sous forme par exemple de DIU ou de chaires sponsorisées pour les troisièmes cycles ou MBA.
Quelles implications pour le patient et l’industrie biopharmaceutique ?
Il sera essentiel d’accompagner les patients et leur entourage dans l’usage des TIC, internet et le e-learning seront d’excellents vecteurs. Bien entendu cette formation aux TIC devra être intégrée dans l’éducation thérapeutique des patients atteints de maladies chroniques (cancer, diabète, ostéoporose, maladies cardio-vasculaires…).

En conclusion, pour les entreprises du médicament à l’heure d’HPST, il s’agit bien de passer d’une stratégie d’offre quantitative à une stratégie contributive : améliorer durablement le fonctionnement du territoire de santé par la mise en œuvre participative d’opérations pertinentes sur le terrain, en lien avec les instances régionales.

Dr Antoine POIGNANT
Président du Groupe EuroHealthNet


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