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Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre

Publié le 05 juin 2010 par Ansolo

Avec la victoire de l'ASM Clermont le 29 mai dernier, s'est refermé le chapitre 2009-2010 du grand livre d'heures du Top14.

Que restera-t-il de cette saison ?

Renvoi aux 22 vous propose une lecture subjective du bilan de cette dernière édition. Une lecture qui emprunterait à Verlaine quelques vers, pour décrire une saison qui n'est ni tout à fait la même que ses devancières, ni tout à fait une autre.

Ce qui a changé

La saison 2009-2010 est celle d'un espoir toujours déçu, et finalement récompensé. Celui des joueurs Clermontois et de leurs supporters, qui ont rapporté le Brennus place de Jaude. Un "bouclard" en jaune et bleu, après une onzième finale enfin victorieuse. Certains disent qu'avec ce sucès, une part de l'aura du club Auvergnat va disparaître : un poulidor ne doit pas gagner. On doute que ce sentiment soit partagé du côté des jaunards.

Cette récompense, les joueurs de Clermont sont allés la chercher au prix d'efforts redoublés et d'un travail mental qui leur a permis de dépasser les échecs précédents et de surmonter les obstacles dressés devant eux. On pense évidemment aux deux matches couperets, négociés dans la douleur, qui ont forgé aux hommes de Vern Cotter un moral de vainqueur. Ce groupe, qui n'a que peu changé en deux saisons, a connu l'accomplissement après lequel courrait toute une région, depuis près de 100 ans.

Ce qui a changé en 2009-2010, c'est l'atmosphère de suspens qui a flotté tout au long de l'année, jusqu'aux ultimes journées de la saison régulière, et lors des matchs à élimination directe. La mise en place des barrages y est pour beaucoup. Et même si Castres, 5ème, et le Racing métro, 6ème, ne sont pas parvenus à s'immiscer dans le dernier carré, la lutte pour ces deux accessits a été féroce. Demandez à Biarritz, Brive ou le Stade Français.

Autre changement, celui de la plus grande homogénéité du niveau des clubs. L'arrivée fracassante du Racing sur le devant de la scène, la confirmation du changement de braquet du RC Toulon et la saison - enfin - réussie du Castres Olympique y sont pour beaucoup. A l'exception d'Albi assez vite décroché, les clubs ont tous eu la possibilité d'accrocher le scalp d'un favori. Ce nivellement du Top14 est une bonne nouvelle, à condition qu'il se fasse par le haut et durablement. Ce qui comporte évidemment un risque, celui d'un resserrement de l'élite autour d'une douzaine de clubs susceptibles de tenir le choc financièrement.

Ce qui n'a pas changé

Malgré les nouveautés remarquées, force est de constater que certaines choses ne changent pas.

Ainsi en est-il des critiques à l'égard de l'arbitrage. Peut-être ont-elles prises cette année une ampleur nouvelle. Mais elles sont récurrentes : rôle des juges de touches et utilisation de la vidéo sont les deux thèmes les plus discutés. Il est vrai que certaines décisions ont été prises lors des trois derniers matchs de Clermont qui auraient pu changer le cours de choses. Mais combien d'erreurs ont été commises lors de la saison régulière qui ont pu, elles aussi, influencer le destin de tel ou tel club ? Comme chaque année, du reste...

Ce qui n'a pas changé non plus, c'est la tendance de Guy Novès à se plaindre...et remporter un titre. Pas le Brennus, certes, mais la H Cup, excusez du peu. Et celle de Max Guazzini à créer des maillots au goût...discutable.

Autre tendance qui perdure, malheureuse celle-là, la rétrogradation administrative d'un club. Après Albi, en 2008, c'est au tour de Montauban de connaître un sort qu'il avait pourtant évité sur le pré.

Ce type d'accident de parcours est la conséquence des difficultés financières éprouvées par certains clubs pour équilibrer leurs comptes. L'augmentation des salaires et des charges auxquelles doivent faire face les équipes professionnelles n'est pas compensée par le recours à un sponsoring fragile et des droits télévisuels insuffisants. qui plus est, la mesure prise par l'Etat de supprimer en cours de saison le dispositif de droit à l'image collective a porté un coup sérieux aux finances des clubs.

Ce qui ne change pas non plus, c'est l'existence systématique d'un petit Poucet, valeureux et combatif, mais qui ne lutte pas à armes égales, pour occuper irrémédiablement la dernière place du championnat. Cette année, Albi a joué ce rôle qui a conduit rapidement à un Top13. Avec tout le respect qu'on peut lui porter, on ne peut que constater que le SCA n'a pas, sauf à quelques exceptions, pu rivaliser. L'an prochain, le Stade Rochelais devrait vraisemblablement endosser ce rôle.

Enfin, parmi les choses qui n'ont pas changé, ce qu'on regrette, le calendrier de la compétition et ses conséquences sur l'équipe de France et les internationaux. On pensait le rapprochement possible entre des intérêts évidemment opposés. Cela n'a pas été le cas, comme en témoigne le dernier incident notable qui a vu quatre joueurs privés de sélection à XV au motif que leurs clubs ne voulaient pas les libérer pour une compétition à VII.

Entre ce qui a changé et ce qui continue d'être, il y a du bon et du moins bon. Finalement, on souhaite n'en retenir que le meilleur, comme les larmes de joie des supporters de l'ASM, le Pilou-Pilou du Vélodrome ou les bières éclusées en chambrant gentiment entre supporters des deux équipes à la sortie des stades de l'hexagone.

Et continuer à faire ce rêve étrange et pénétrant d'un Top14 que l'on aime...et qui nous le rend bien.


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