Saint Luc nous dresse un tableau très réaliste de Jésus qui marche sur les routes poussiéreuses de son pays, pour parler « du règne de Dieu à la foule », guérissant « ceux qui en avaient besoin », s’assurant même qu’ils avaient suffisamment à manger. Ce tableau nous montre combien Jésus désire être près de chacun de nous. Voilà le message central de la Solennité de la Fête-Dieu que nous célébrons aujourd’hui.
Dans son pays, et à son époque, Jésus a passé tout son temps à faire des choses pour les autres. Toute sa vie était pour les autres, pour nous. Il est venu pour nous, pour être notre Sauveur et l’Ami qui ne nous laisse jamais tomber. Et il a voulu s’assurer que nous ne l’oublierons jamais. Il a trouvé un moyen pour rester avec nous, même après sa mort, sa résurrection et son ascension. Il est resté avec nous, pas seulement dans les Saintes Ecritures, pas seulement dans l’Eglise, et par l’exemple des saints, mais aussi sous les humbles et silencieuses apparences du pain et du vin.
C’est grâce à l’Eucharistie que Jésus est aussi proche de nous qu’il l’a été pour les gens qui ont marché avec lui sur les routes poussiéreuses de son pays. Ou plutôt, il est encore plus proche de nous. Car dans le passage de l’Evangile que nous venons d’entendre, les gens ont reçu du pain de ses mains, mais nous, nous recevons le Seigneur lui-même dans la Sainte Communion.
Qu’est-ce que Jésus aurait pu faire de plus pour nous montrer avec quel amour passionné il veut être proche de nous, pour nous guider, nous fortifier ? Depuis le jour où il a multiplié les pains pour la foule affamée, Jésus n’a pas changé. Il n’est pas devenu, d’un jour à l’autre, égoïste, dur et impitoyable. Il est toujours aussi bon et généreux maintenant qu’alors.
Dans sa dernière encyclique, Jean Paul II a mis l’accent sur le désir du Christ de demeurer proche de nous, un désir qui se manifeste par excellence dans l’Eucharistie. Dès les premières lignes de l’encyclique il écrit comment
"dans l'Eucharistie, par la transformation du pain et du vin en corps et sang du Seigneur, (l’Eglise) jouit de cette présence avec une intensité unique. " (n. 1)
Dans son Exhortation Sacramentum caritatis Benoît XVI revient sur son thème préféré. Pour lui, l’amour de Dieu est la solution à chaque problème personnel et communautaire, et en même temps la réponse au désir de chaque cœur humain. Et il explique aussi, dès le début de son message, que l’Eucharistie est la manifestation ultime de cet amour. Voici ses propres paroles :
« Sacrement de l'amour, la sainte Eucharistie est le don que Jésus Christ fait de lui-même, nous révélant l'amour infini de Dieu pour tout homme… Jésus continue de nous aimer "jusqu'au bout", jusqu'au don de son corps et de son sang. Quel émerveillement dut saisir le cœur des disciples face aux gestes et aux paroles du Seigneur au cours de la Cène! Quelle merveille doit susciter aussi dans notre cœur le Mystère eucharistique!
« Dans le Sacrement de l'autel, le Seigneur vient à la rencontre de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, se faisant son compagnon de route. En effet, dans ce Sacrement, le Seigneur se fait nourriture pour l'homme assoiffé de vérité et de liberté. Puisque seule la vérité peut nous rendre vraiment libres, le Christ se fait pour nous nourriture de Vérité. » (n. 1-2)
Ce n’est pas seulement de la théorie. C’est la réalité. La présence intime de Jésus qui se manifeste par excellence dans l’Eucharistie, nous donne la force pour la mission et nous permet de trouver le bonheur qu’il désire pour nous. Comme le disait la Bienheureuse Mère Teresa, l’Eucharistie "est la nourriture spirituelle qui me soutient – sans laquelle je n’arriverais pas au bout d’une seule journée ou une seule heure de ma vie."
La présence réelle de l’Eucharistie est la manière pour Jésus de rester proche de ceux qui, comme nous, croient en lui. Mais comment reste-t-il proche de ceux qui ne croient pas en lui ? Comment fait-il connaître sa présence aux gens autour de nous qui cherchent le bonheur là où il ne se trouve pas ? Il le fait par nous. Par l’Eucharistie, Jésus vient habiter en nous, et ensuite, c’est à nous de le porter aux autres, par notre exemple, nos paroles, nos actions. Voilà pourquoi les premiers chrétiens disaient souvent que chaque chrétien, chaque disciple du Christ, est un autre Christ. L’Eucharistie est cette nourriture extraordinaire qui rend cela possible. La nourriture ordinaire est absorbée par nous et est transformée en notre corps. Mais quand nous recevons l’Eucharistie, c’est Jésus qui nous absorbe et nous transforme en lui-même, pour faire de nous des membres vivants de son corps.
Nous sommes donc des collaborateurs de Dieu. Dieu nous a faits pour que nous mettions nos talents à sa disposition, pour construire son Royaume. Et c’est alors, si nous prenons cette mission au sérieux, que nous trouvons le sens, la fécondité de notre vie. Voici comment la bienheureuse Mère Teresa disait cela :
"Chacun de nous est un collaborateur du Christ. Nous devons travailler dur pour le porter dans les cœurs de ceux qui ne le connaissent pas et ne l’aiment pas encore. Mais si nous n’avons pas Jésus, nous ne pouvons pas le donner. C’est pour cela que nous avons besoin de l’Eucharistie. Passez le plus possible de temps à adorer le Très Saint Sacrement, et il vous remplira de sa force et de sa puissance."
Aujourd’hui, Jésus vient de nouveau vers nous dans la Sainte Communion. Remercions-le pour ce grand cadeau de sa Présence, et promettons-lui d’en faire un meilleur usage. Renouvelons notre engagement à être de fidèles collaborateurs de Dieu, grâce à la présence de Jésus.