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Serbie-Cameroun : analyse du match

Publié le 05 juin 2010 par Atango

1ère mi-temps

Paul Le Guen inaugure un système inédit : un 4-1-4-1, avec une défense composée de Mbia et Bassong dans la charnière, Assou Ekotto à gauche et Georges Mandjeck à droite. Nicolas Nkoulou est le seul milieu récupérateur, et il a devant lui, de la gauche vers la droite, Aboubakar Vincent, Jean II Makoun, Achille Webo et Landry Nguemo. Maxime Choupo Moting est seul en pointe. Au cours du match, il permutera souvent avec Achille Webo ou Aboubakar Vincent.

Ce système se transforme rapidement en 5-4-1 en phases défensives, et en 3-4-3 en phases offensives, Assou Ekotto jouant résolument haut sur son flanc gauche. Une fois n'est pas coutume, les Lions Indomptables marquent les pemiers, dès la 4e minute : un but d'Achille Webo sur un service de Benoît Assou Ekotto (encore). On se prend alors à rêver d'un scénario gagnant, comme nous n'en avons plus connu depuis très longtemps. Durant 10 minutes, le système forgé par Paul Le Guen semble porter ses fruits : les Camerounais saturent le milieu de terrain, et les Serbes cherchent leurs marques. Mais, très vite, nos vieux démons nous reprennent. A la 14e minute, on voit, comme dans un cauchemar mille fois vécu, un ailier serbe partir sur la droite de notre défense et battre Mandjeck de vitesse. Il parvient à centrer, petit cafouillage devant la cage camerounaise et égalisation serbe. D'accord, c'est la loi du jeu, on se fait parfois rattraper au score, ça arrive. Mais ce but ressemble trop à tous ceux que nous encaissons depuis un moment : toujours ce satané côté droit qui est poreux comme un panier. Toujours ce manque de concentration et de vigilance qui nous fait paraître comme une équipe de seconde zone qui se serait qualifiée par hasard.

Cette nouvelle égalisation serbe m'avait désillusionné à tel point que le deuxième but camerounais, encore marqué de la tête, encore par Achille Webo, ne m'a apporté aucune joie. Ne nous voilons pas la face : nous avons une équipe très peu offensive, qui ne marque pas beaucoup. Il est donc absolument nécessaire d'arrêter l'hémorragie à l'arrière. Je parlais plus haut de manque de vigilance. Le deuxième but serbe est arrivé justement à cause du manque de réactivité de Makoun, qui avait oublié de surveiller Stankovic. Serbie 2 – Cameroun 2.

Le bateau Cameroun prend l'eau. Pour confirmer ce naufrage, Stéphane Mbia, qui avait été bon jusque là, croit nécessaire de gifler Dejan Stankovic en pleine surface de réparation. Penalty justifié, malgré le sourire dubitatif de Mbia, qui devra apprendre que c'est ce genre de petits détails qui font perdre les grandes compétitions. Milijas bat tranquillement Souleymanou, qui n'est pas connu pour être un grand stoppeur de penalties. Serbie 3 - Cameroun 2.  

Le Marseillais a pris un coup au moral. Cela se ressent sur l'incroyable loupé qui amène le 4e but serbe à la 46e minute. La Première mi-temps s'achève donc sur un score inédit : les Lions Indomptables ont encaissé 4 buts en une seule mi-temps. Il s'agit sûrement d'un record.

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2e mi-temps

Paul Le Guen a décidé de fermer les vannes. Il fait donc entrer Geremi (douce revanche de l'ex madrilène) en lieu et place de Mandjeck, qui ne pourra que nous excuser : trois buts sur quatre sont venus de la droite, rien que pour ce match. Nous n'aurons même pas la cruauté de rappeler la dernière rencontre face au Portugal. Emana quant à lui a pris la place d'Aboubacar Vincent. Comme il n'y a pas de hasard en football, l'entrée de Njitap stabilise d'un seul coup le côté droit. Combattif et volontaire, donnant de la voix, replaçant constamment Landry Nguemo, le joueur d'Ankara Guçu se montre même tout de suite dangereux par ses centres toujours bien fignolés.

Désormais, l'équipe tourne. Achille Emana apporte de la percussion en attaque, même si on attend toujours sa première passe décisive. Insensiblement, les Serbes reculent, et l'on sent qu'ils vont bientôt rompre. A la 62e minute, Le Guen décide d'élever l'altitude moyenne de son équipe en faisant entrer Joël Matip à la place de Nicolas Nkoulou, et Mohammadou Idrissou à la place d'Achille Webo. On ne le dira jamais assez, Joël Matip est un excellent milieu défensif. Comment sait-on qu'il a pris le pouvoir dans l'entre-jeu ? Simplement parce qu'on n'y pense plus. Matip, contrairement à ses concurrents à ce poste, ne cherche pas à briller. Par son positionnement et ses déplacements, il rend simplement impossible le jeu de l'adversaire. Ses prises de balles sont nettes, ses passes sûres et sa disponibilité sans faille. Il couvre systématiquement les joueurs offensifs lorsque ceux-ci partent prendre des risques, ce qui est tout de même leur métier à eux.

Le groupe désormais sur le terrain est le meilleur que nous ayons eu depuis longtemps. La récompense arrive à la 66e minute, lorsqu'après une belle phase de jeu pendant laquelle 7 joueurs camerounais touchent le ballon, Geremi démarre sur la droite, déborde son adversaire, et adresse un centre qu'en mes jeunes années nous appelions "une banane". Cette passe sublime ne pouvait pas être gâchée. Maxime Choupo Motong l'a compris. Il jaillit et, d'un tête piquée contre laquelle le gardien serbe ne pouvait rien, il ouvre son compteur chez Lions Indomptables. Serbie 4 – Cameroun 3. Ce sera le score final, malgré le fait que les 20 dernières minutes sont complètement dominées par les Lions Indomptables.

Les leçons

Une seule chose à dire à une équipe qui est capable de marquer 3 buts et d'en encaisser 4 dans une seule rencontre : ce n'est pas sérieux !

On a déjà décrié le système de jeu, on a accusé le ballon, on a fustigé le choix et le positionnement des joueurs, on a pointé le manque de technique de certains d'entre eux, etc. Il faut maintenant dire clairement que cette équipe manque cruellement de concentration.

Mbia commet une faute inexcusable qui entraîne le penalty : il devrait apprendre à maîtriser sa fougue.

Nguemo loupe une quantité incroyable de ballons, par simple manque d'attention : il a toujours une demi seconde de retard. En Coupe du Monde, ça se paie cash.

Makoun "oublie" Stankovic sur le deuxième but serbe. Indigne.

Mandjeck quant à lui n'est décidément pas fait pour le poste de latéral droit. L'inverse est aussi vrai. On peut dire que Geremi Njitap a retrouvé son poste ce soir.

Le bon point, maintenant : si tout n'est pas encore parfait, on a remarqué une meilleure cohésion dans le jeu. Les joueurs se trouvent plus facilement, on sent que le groupe commence à bien vivre ensemble.

En conclusion : nous avons marqué trois buts. Excellent. Nous en avons encaissé quatre. Lamentable. La différence s'est faite sur des détails. Eh bien, le sort de toutes les compétitions se jouent justement sur des détails. A bon entendeur…

Revoir le match ici (avancer jusqu'à la 22e minute de la vidéo)


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