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Ce soir, j'ai voulu aller puiser mes mots au fin fond de ma cave. Il y faisait noir. Et froid. Ce qui m'a foutu la chair de poule. Puis j'ai failli m'étouffer tellement je crisais de ne rien pouvoir voir.
Je dois être claustrophobe. C'est comme la nuit, quand je me réveille dans l'obscurité totale et que je hurle en suffoquant parce que j'ai l'impression d'être enfermé dans un cercueil.
Pascal, combien de fois je t'ai dit de laisser les volets ouverts la nuit quand on dort...
Je n'ai donc trouvé aucun mot dans ma cave un peu trop sombre ce soir. Pourtant, dans cette cave, j'y ai refoulé des tas de choses en presque quarante ans : des bouts de vies laissés à l'abandon, des noms de gens oubliés un peu trop facilement, des bribes d'histoires aliénées et mises de côté... Alors y piocher quelques mots, même dans le noir, même sans rien y voir, aurait dû n'être qu'un jeu d'enfant...
Mais il y avait cette chair de poule, et cette impression insupportable d'étouffer.
J'ai vite refermé la porte du souterrain et couru vers l'étage. Là, j'ai rangé la clé et repris mon souffle. Je me suis dit que sans doute je n'étais pas encore prêt ce soir à me perdre dans le dédale de ma cave que j'ai trouvé un peu trop obscure...