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Le journal de Virginia Woolf (Arnaud Cathrine et Geneviève Brisac)

Publié le 09 décembre 2007 par Antigone

Le jeudi 6 décembre, à la Maison Gueffier (La Roche sur Yon), vous le savez, j'ai eu la chance d'assister à deux lectures : premièrement celle de fragments du "Journal de Virginia Woolf" par Geneviève Brisac et Arnaud Cathrine, et ensuite celle d'extraits de "V. W." par Geneviève Brisac (livre écrit en collaboration avec Agnes Desarthe).

                  

Journal d'un écrivain
         
V.W. ou Le mélange des genres

Il ressort de ce moment, passé en compagnie de la mémoire de Virginia Woolf, le portrait d'une femme de génie, souvent en proie au doute, humaine, dense et légère, qui passe de futiles mondanités aux interrogations littéraires les plus sérieuses. Je ne peux vous résumer ici la totalité des propos échangés. J'ai aimé l'évocation de ses doutes, son amour pour l'objet livre, sa peur de voir son journal ou ses lettres happer son flux fictionnel. J'ai aimé sa manière de décrire le style, comme une vague, comme un rythme qui prend le pas sur les mots. J'ai aimé son ironie et son recul, sa féminité, sa sincérité, sa force de travail.

Geneviève Brisac et Arnaud Cathrine ont été des médiateurs parfaits, intelligents et sobres. Un peu avant de me rendre à cette lecture, je me suis rendue compte que j'avais acheté ce journal, un été, il y a quelques temps, qu'il trônait dans ma bibliothèque, et que je ne l'avais jamais lu...

Le journal de Virginia Woolf (Arnaud Cathrine et Geneviève Brisac)
    Arnaud Cathrine                     

J'ai lu La Disparition de Richard Taylor et Les Vies de Luka      Geneviève Brisac (dont je n'ai encore rien lu, mais cela ne saurait tarder !)

Biographie : "Romancière et essayiste, Virginia Woolf est née à Londres le 25 Janvier 1882. Fille d'un des titans malheureux du victorianisme - Sir Leslie Stephen -, elle côtoie dès l'enfance la fleur de l'intelligentsia mondiale et devient l'égérie redoutée du groupe de Bloomsbury. En 1912, Virginia épouse Léonard Woolf et, en 1917, il fondent une maison d'édition, la Hogarth Press, et font découvrir Katherine Mansfield, TS Eliot, Freud, des romanciers français et russes... [...] Victime de dépression chronique, elle met fin à ses jours le 28 mars 1941. Elle laisse [outre ses oeuvres] un nombre considérable d'essais inédits, une correspondance, un Journal, qui paraît après sa mort à l'initiative de son mari."

Léonard Woolf : "J'ai lu attentivement les vingt six volumes du Journal de Virginia Woolf et j'en ai extrait, pour ce volume, tout ce qui relève de son travail d'écrivain. J'y ai incorporé en outre trois autres genres d'extraits : d'abord les passages dans lesquels elle se sert très nettement de son Journal comme d'un instrument lui permettant d'exercer ou de mettre à l'épreuve l'art d'écrire : ensuite des passages qui, sans avoir trait directement ou indirectement à son travail, m'ont paru s'imposer dans ce choix parce qu'ils donnent au lecteur une idée de l'impression immédiate qu'exerçaient sur son esprit telles scènes ou telles personnes ; enfin un certain nombre de passages dans lesquels elle commente les livres qu'elle est en train d'écrire."

Un extrait : "Rodmell, lendemain de Noël

Je trouve qu'une quinzaine de solitude  est incroyablement reposante, et que c'est un luxe presque impossible à s'offrir. Nous avons impitoyablement repoussé toutes visites. "Cette fois-ci, nous serons seuls !" avions nous décidé, et réellement, je commence à y croire. Et puis Annie est très compréhensive. Mon pain cuit bien. Tout serait plutôt enivrant, simple, coulant, efficace, n'étaient mes tâtonnements autour des Vagues. Après beaucoup d'efforts, j'écris deux pages totalement ineptes. J'écris des variantes pour chaque phrase ; je fais des compromis, je lance des balles perdues, je tâtonne, et mon manuscrit finit par ressembler à un rêve de fou. Puis je me dis qu'une seconde lecture me donnera de l'inspiration et je rends au texte un peu de son sens commun. Mais cela ne me satisfait pas. Je trouve qu'il y manque quelque chose. je ne fais aucune concession. Je me concentre sur le noyau. Cela m'est égal si tout est raturé. Et je crois qu'il y a quelque chose là. Je suis tentée maintenant par de plus grandes audaces : par Londres ; les conversations. Une voie frayée plus impitoyablement. S'il n'en sort rien, j'aurai du moins envisagé toutes les possibilités. Mais j'aurais voulu y prendre plus de plaisir. Cela ne me trotte pas dans la tête comme La promenade au phare ou Orlando."

Extraits de l'édition du "Journal d'un écrivain", chez 10/18.


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