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Télé-génie

Publié le 09 décembre 2007 par Willy

Télé-génie
Par
Jacques Bugier

Sur l’avenir de la gauche, sur France 2, Quitterie Delmas


Madame Quitterie Delmas a deux handicaps majeurs : elle est jeune et belle. Impardonnable. Et pire : sur le plateau, je l’ai trouvé bonne - "à vous de juger", bien sûr.

Née Quitterie Galouzeau de Villepin, la donzelle aurait pu se tenir à sa place : une école alsacienne, deux rallyes, trois enfants, un quatre-quatre, cinq amants, une école de commerce et un doigt d’humanitaire, le temps de se faner aimablement en arpentant les beaux quartiers de noblesse et les plages privées d’humanité.

Ou bien, soyons modernes : quatre mariages et un enterrement, trois tailleurs Chanel et deux jeans de campagne, golden girl de start-up aux traits tirés par l’abus de décalage horaire et la lecture assidue du Wall Street Journal.

D’autres versions sont possibles –dorénavant admises par les autorités ecclésiastiques et chaudement recommandées par la commission Balladur : pas ou peu d’enfants, peu d’amants, le sourire de Jean Lecanuet ou de Ségolène Royal tiré à quatre épingles, la passion de l’action publique et du sauvetage de la planète chevillée au corps, l’ENA promotion Carla Bruni, traversée du bassin du Luxembourg à la rame à 2 ans, députée à 14 ans, ministre à 24, actrice de télé-réalité, sociologue en Sorbonne ou conseillère à l’Elysée pendant les vacances scolaires.

Ce ne sont que quelques exemples et je synthétise.

Il reste tout de même plus convenable, quoi qu’on en dise et qu’on en montre en épingle, de porter les cafés (à des tables de réunions autour desquelles hommes et femmes de pouvoir peuvent être en nombre égal, -ça change tout mais ça ne change rien), un iBook en bandoulière, l’œil mutin mais la jupe sage (ou l’inverse).

Eh bien madame Delmas a tout faux. Elle brouille les codes et les postures. Elle saute à pieds joints et sans parachute sur le plateau de madame Chabot. C’est admis par le code des usages depuis la réforme Sarkozy-Royal, m’objectez-vous, qui enterra définitivement la jurisprudence Edith Cresson, l’édit Pompadour et les arrêtés « jupettes ». J’en conviens. Mais n’oubliez-vous pas les habituelles conditions de parcours, d’origine ou de posture qui autorisent et justifient ces exceptions aux autres règles ?

Enfin, moi, ce que j’en dis : n’étant ni chercheur au CNRS, ni diplômé de la faculté de journalisme Léon Trotsky, ni transsexuel, ni marchand de Coca-Cola, je sais quel crédit on accordera à mes divagations, même à Lanthenay, heureux faubourg de Romorantin.

Qu’importe. Moi, la Quitterie débarquant dans la cour des grands sous l’œil goguenard, grand-paternel et néanmoins indulgent d’Alain Duhamel, en compagnie de l’hyperconseiller Guaino en Lino Ventura et du facteur Besancenot en James Dean, je l’ai trouvée bonne.

Oui, la directrice du petit conservatoire de la chanson de geste l’a prise en flagrant délit de langue de bois et lui a donné un coup de règle sur les doigts. Elle est souvent comme ça avec la petits nouveaux, M’am Chabot. Avec ceux des grandes classes, parfois, elle hésite.

Mais quand la jeune Quitterie a placé son couplet final derrière ce mal élevé de Besancenot qui venait de tenter le célèbre tour « je parle sous le générique en sortant un truc de ma poche », j’ai applaudi devant mon téléviseur Grundig.

Et je prends les paris : Quitterie Delmas, qui a encore agrandi le nombre de ses ennemis intimes en un passage télé, aura, chemin faisant, de plus en plus de chers amis et d’amis chers modèle B2.

- Modèle B2 : définition détaillée dans un prochain épisode. Vous lisez du gratuit et en plus vous voudriez tout savoir ! Avec la crémière, le beurre, les épinards, la mort du journalisme, cent balles, un Mars et… quoi encore ?


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