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Baisser les dépenses publiques

Publié le 08 juin 2010 par Copeau @Contrepoints
Baisser les dépenses publiques

« La chétive pécore enfla si fort qu'elle creva ».

La crise des finances publiques aura eu au moins un mérite : mettre les Etats en devoir de cesser d'enfler, au risque de crever comme la grenouille de La Fontaine.

Les grenouilles viennent de se gonfler comme jamais au cours d'un siècle de croissance de l'Etat Providence. Les voici maintenant, à leur grande surprise, asphyxiées, démesurées, désemparées. Il existe bien un cartel appelé G 20, ou G 9, ou G 8 ou G quelque chose, ou ONU, ou FMI : il nourrit les colonnes des gazettes, alimente de beaux discours, invente de nouveaux mots, mais il ne connaît pas la méthode pour emplir le tonneau des Danaïdes.

Les Etats doivent réduire leur train de vie, et pour ce faire réduire leurs interventions : voici l'objectif, et le seul objectif.

Par comparaison, l'objectif de l'élimination ou de la réduction des déficits me semble trop ambigu. On peut en effet réduire – ou chercher à réduire – les déficits en augmentant les taux d'imposition et des prélèvements obligatoires. Mais cette méthode, qui a la faveur des politiciens, surtout quand elle consiste à « faire payer les riches », est de la poudre aux yeux. D'une part les quelques dernières gouttes qui peuvent sortir du citron fiscal déjà pressé à l'extrême n'ont qu'une importance marginale par rapport aux dizaines de milliards en jeu, d'autre part s'il reste encore quelques citrons dans le verger français, ils s'empresseront d'aller se planter ailleurs. Taxer les hauts revenus et le capital, c'est détruire l'épargne, l'investissement et toute chance de développement des entreprises et de l'emploi. D'ailleurs que sont les riches ? Je le dis souvent : aux yeux du fisc français tout contribuable est un riche qui s'ignore !

L'autre possibilité est de dissoudre la pilule des déficits dans la limonade inflationniste. La crise de l'euro offre l'occasion de diminuer soudainement le pouvoir d'achat de quelques millions d'Européens, de spolier aussi nos créanciers, et d'alourdir le service de la dette.

La seule logique est donc bien celle de la réduction des dépenses publiques.

Mardi soir dernier, un grand colloque était organisé conjointement par Contribuables Associés, l'IREF (dont je suis administrateur) et l'ALEPS, en partenariat avec l'Institut Economique de Montréal. Il a fait salle comble et comme il se tenait dans un des amphithéâtres de l'Assemblée Nationale (grâce à Jean Michel Fourgous, l'un des rares parlementaire professant des idées libérales), de nombreux députés ont pu entendre les communications faites par ceux qui ont été les artisans de la spectaculaire réforme budgétaire intervenue au Canada et en Suède.

Que nous ont appris ces ministres et hauts fonctionnaires étrangers ?

1° L'objectif qu'ils ont poursuivi a bien été la réduction des dépenses publiques, et non celle des déficits, même si ces derniers ont disparu pour faire place maintenant à des excédents, qui ont permis de diminuer la dette. Les excédents ont atteint jusqu'à 10% du budget, et la dette est tombée en dessous de 30% du PIB.

2° La réduction des dépenses a soutenu la croissance, de sorte que Suède et Canada ont traversé la dernière crise sans en souffrir durablement. Au dernier trimestre 2009, la croissance du Canada a été de 4%, elle a été de 6% pour le premier trimestre 2010. Ainsi l'argument suivant lequel il faut « relancer » avec des dépenses publiques pour retrouver le chemin de la croissance est-il une farce. Ce sont les pays qui ont le plus « relancé » qui ont aujourd'hui le taux de chômage le plus élevé et la croissance la plus lente.

3° Les réformes ont été voulues et soutenues par l'ensemble de la population, et ce ne sont pas des gouvernements « de droite » qui les ont réalisées. Les réformes sont électoralement payantes. Au Canada le tandem Chrétien-Martin est resté au pouvoir 14 ans. Le sentiment de la population est remonté jusqu'aux hommes politiques sous la pression de la société civile, et en Suède les syndicats puissants (90% des salariés) ont été les plus actifs pour obtenir une réforme

4° Les réformes ont été réalisées avec l'accord et la coopération des fonctionnaires eux-mêmes, qui ont considéré qu'il était de leur propre intérêt de remettre de l'ordre dans les ministères, et de supprimer tout ce qui n'avait ni utilité ni rentabilité. Ils savaient que les gaspillages allaient dresser la population contre la fonction publique, et ils avaient le sens du service de la nation.

Bien évidemment, ces dernières considérations nous écartent de la réalité française, notamment en ce qui concerne l'attitude des syndicats. Mais les résultats obtenus ailleurs devraient donner à réfléchir en France. Nombre de ceux qui travaillent, épargnent et entreprennent dans des secteurs exposés à la concurrence mondiale, commencent à en avoir ras le bol de cet Etat que l'on trouve à tous les coins de rue, dans tous les recoins des bureaux et des ateliers, et de cette armée de privilégiées du secteur public – les seuls qui choisissent le moment pour protester, manifester, et demander des augmentations payées par les contribuables.

Quelles leçons ne pourrait-on pas tirer de la vie publique chez nos voisins helvétiques ! Victoria Curzon Price, Professeur à l'Université de Genève et administrateur de l'IREF, n'a eu aucun mal à expliquer qu'en Suisse il n'y a ni déficit, ni dette, et que la croissance est soutenue malgré la crise. D'une part la structure fédérale de la Suisse fait que 26 cantons, véritables Etats dotés de la souveraineté fiscale, se font une concurrence acharnée pour dépenser et prélever le moins, de façon à attirer capitaux et entreprises. D'autre part les citoyens suisses ont la possibilité de provoquer des « votations », et ces referendums d'initiative populaire dissuadent les dirigeants politiques (au demeurant non rémunérés) de proposer des impôts supplémentaires.

La France n'est ni la Suisse, ni le Canada, ni la Suède. Cela rend en un sens plus difficile de tenir l'objectif de la réduction des dépenses publiques. Mais en contre partie nous avons un tel gonflement de la grenouille, nous connaissons tellement de gaspillages et de privilèges scandaleux dans la sphère publique que l'on a l'embarras du choix. La conclusion de ce colloque [..] est simple : les autres l'ont fait, pourquoi pas nous ?


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