Magazine

Carton rouge à "Rose Bakery"

Publié le 25 mai 2010 par Olivier Et Nathalie
Si l'enthousiasme (pour le talent, le savoir-faire ou, au minimum, l'envie de bien faire) est une des vertus que je cultive, en revanche, je m'interdis absolument la complaisance. Ici, pas de canapé rouge façon "Vivement dimanche", avec cirage de pompes garanti et gentillesse dégoulinante...c'est le carton rouge (voire le chiffon !) que je brandis quand on triche avec le contenu de mon assiette, et qu'on se permet, en prime, de me la jeter sur la table comme à un chien sa gamelle de Frolic.
Ou plutôt de Science Plan, en l'occurence : tous ceux qui ont chez eux un petit pensionnaire à quatre pattes me comprendront, puisqu'il s'agit, paraît-il, du must de la nourriture saine pour animaux de compagnie...Aujourd'hui, à l'heure du déjeuner, pause chez le très branché salon de thé Rose Bakery, de la rue des Martyrs dans le 9e arrondissement de Paris. Accueil inexistant, malgré dix bonnes minutes de station debout à exercer mes derniers réflexes pavloviens devant un buffet plutôt appétissant. Quand j'apprends qu'il me faut d'abord trouver une table avant de pouvoir commander, je me rue sur la première chaise vacante, située juste en face des toilettes, à la porte éternellement entr'ouverte... Un jeune homme (très anglais), rouquin au teint de lait, vêtu d'un grand tablier blanc, va et vient sans se presser, et surtout sans se soucier de mon existence. Après une dizaine de minutes de désespoir, à regarder avec angoisse le buffet se vider au gré des appétits de la rue, je me décide à héler une jeune serveuse (très anglaise) vêtue d'une combishort verte et fleurie un peu négligée sous son grand tablier blanc. Ni bonjour ni hello, et pourtant, j'en jurerai, elle n'est ni sourde, ni malentendante. Le problème, c'est qu'elle ne maîtrise pas non plus le langage des signes...Ma commande enregistrée, elle repart sans un merci ni un sourire, et c'est sur le même mode qu'elle me dépose pain, beurre et carafe Brita sur la table. Si je n'avais pas aussi faim...J'essaie de détourner mon obsession de la nourriture en me concentrant sur les étagères garnies d'une multitude de produits "organic" ou bio, vendus à prix d'or. Ce n'est pourtant pas le décor qui justifie un tel emballement : murs gris vaguement décorés de fresques pseudo artistiques, tables et chaises de cantine, lumière grise comme les états d'âmes du personnel...Finalement, mon assiette arrive, ou plutôt atterrit, sans douceur aucune. Une minuscule quiche desséchée (au micro-ondes ?) garnie de champignons, encadrée de deux salades de mon choix, en portion congrues : carottes/pois chiches et chou rouge. En deux coups de fourchette, l'assiette est nettoyée. Je m'autorise un dessert, pour la bonne cause. Une tartelette aux framboises, que j'ai arrachée à la convoitise d'autres gourmandes en la faisant mettre de côté...Les serveurs continuent leur manège, s'offrant même le luxe de vider sous les yeux des clients des cagettes de pommes de terre qu'ils transportent dans leur tablier. C'est ça, "Rose Bakery", une annexe de "La petite maison dans la prairie", un monde où tout est certes fait maison, et où il faut que ça se sache, mais où les Laura Ingalls ont été définitivement remplacées par des Nelly Oleson : des petites chipies mal élevées qui tireraient presque la langue aux clients si elles le pouvaient. Je ne m'attarderai pas pour prendre le café, ma serveuse a déjà débarrassé mon coin repas en froissant bruyamment la nappe en papier. Je dois lever le camp, sur ce Waterloo de la bouffe boboisée et du non-service à la personne ...en fait, je vais m'éclipser, aussi vite que le lapin d'Alice, au cas où une méchante reine (d'Angleterre) voudrait en plus me couper la tête. Ce n'est pas la tête qu'on va me couper, mais les jambes : l'addition est salée comme le pire des porridges !20 euros tout juste. Ca fait cher le ticket de rationnement, et encore plus le charme British ! Une blague ? Franchement, j'ai l'air de rigoler ? Perfide Albion, va !

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Olivier Et Nathalie 133 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog